lundi 18 août 2014

"Urgence du temps présent" de Monique DURAND WOOD

Pour sortir des fumées d'encens et aller sur le parvis , cet article trouvé dans mes archives.
Il est d'une femme, je ne l'ai pas choisi pour cette raison mais pour sa grande humanité..
Ce n'est pas un hasard, les femmes ont une plus grande facilité à sortir du dogmatisme pour se pencher sur les plaies des hommes de  notre temps.





Urgences du temps présent


Une Église bienveillante envers toute l'humanité

     Cette attention bienveillante aux efforts humains, accomplis dans la diversité des cheminements individuels, n'appelle pas seulement les autorités mais tout l'ensemble des baptisés : à l'intérieur même des communautés, quitter les replis identitaires permettra d'ouvrir à une pleine communion fraternelle (comme cela se pratique déjà en des lieux de pauvreté comme les hôpitaux psychiatriques et les prisons) ; communion signifiée par le partage du Pain entre tous, justes et pécheurs, ou qui se croient tels, engagés ou hésitants, convaincus ou travaillés par le doute, monde qui espère ou qui seulement aspire... Car « Dieu a fait des chemins pour tous, écrivait la poétesse Marie Noël, pour les âmes de haut vol... et pour les chères petites âmes ».
     Rien de tel que le récit de « la multiplication des pains » (Mc 6,34-44) pour illustrer cette pratique de l'accueil envers tous. Ici, l''affluence pour écouter la parole de Jésus est considérable. « De toutes les villes on accourut là-bas à pied... » Pourquoi sont-ils si nombreux à faire la route ? Quelle parole libératrice les soulève, qu'ils n'entendaient pas au Temple ou à la synagogue ?  Peut-être étaient-ils tenus à l'écart, trop différents des bien-portants, des gens « normaux » (fidèles aux normes), et se sentent-ils maintenant accueillis tels qu'ils sont, avec leurs fardeaux, leurs douleurs, et leur soif non étanchée. Les deux interventions de Jésus pointent en ce sens.
La première montre une attention et une compassion sans bornes :
« Il  vit une foule nombreuse et il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à les enseigner. »
La deuxième développe le partage des provisions sans exclusive : avec cinq pains et deux poissons, il nourrit la foule au point que  « Tous mangèrent et furent rassasiés » (6,42).
L'épisode, rapporté dans les quatre évangiles, met en évidence ce qui nourrit l'esprit humain : un enseignement qui parle au coeur et un partage communautaire sans jugement préalable sur les comportements : sans doute, dans cette foule, y a-t-il des  personnes aux actions honnêtes, et d'autres aux actions peu recommandables. « Cet homme-là mange avec les prostituées et avec les pécheurs », sera-t-il reproché ailleurs à Jésus. Oui, cet homme-là, habité par l'Esprit divin qui souffle où il veut et parle en toutes langues, honore la pluralité des attentes humaines.

Un réveil audacieux de l'ensemble des baptisés 

 La deuxième urgence découle de la première, mais aussi de la situation générale de l'Église aujourd'hui, notamment en Europe. Si le peuple chrétien, en « tous ses états », se sent accueilli dans toutes ses pauvretés, dans ses attentes et dans son espérance, même si celle-ci demeure floue, s'il revient dès lors pas à pas vers cette Eglise à tous ouverte, des laïcs pourront prendre en charge les communautés nouvellement créées. Une urgence, qui pourrait relever de leur responsabilité, serait de maintenir ouverts les nombreux lieux de culte désertés, dans les banlieues et les provinces. Des rencontres se tiendraient là régulièrement : groupes de réflexion, de paroles et de prière si possible oecuméniques, partages festifs, célébrations en absence de prêtres, et, pour des laïcs formés à cette tâche : accompagnement de personnes en difficulté. Les « correspondants » de ces églises locales, élus pour une certaine durée, pourraient être appelés diacres ou diaconesses. 
En ce domaine du diaconat, qui reprendrait tout son sens de service rendu dans la communauté, il serait de la plus élémentaire justice de reconnaître aux femmes engagées leurs divers charismes ; et d'attribuer, aux responsables de ces lieux communautaires notamment, le titre de diaconesse ou de diacre femme.  « En ces jour-là, rappelait  l'apôtre Pierre citant le prophète Joël,  je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit...  » (Ac 2,17-18, citant Joël 3,1-5).


Une parole d'Église rendue légitime en matière d'éthique

     Une troisième urgence aujourd'hui, axée sur l'écoute des problèmes du monde les plus aigus, concerne ce qui a trait à l'éthique, à l'évolution des moeurs et des pratiques, et plus généralement aux mouvements de la société.
     Il paraît indispensable en ces domaines, pour faire entendre au monde sécularisé la parole d'une Église vivante, plurielle et bienveillante, d' insister sur deux démarches :
- Introduire dans l'Eglise la parité homme-femme dans toutes les réflexions et propositions.
-  Faire en sorte que puissent s'exprimer et se faire entendre, au même titre que d'autres « experts », les hommes ou femmes laïcs touchés de près dans leur existence par les questions de société et de moeurs  : ayant traversé l'expérience d'une situation humaine difficile, pourvues d'une connaissance intime des épreuves familiales, et témoignant d'une ouverture de coeur et d'esprit suffisantes pour les aborder dans le respect de toutes les trajectoires humaines, avec la miséricorde du Christ.
     Ainsi l'Eglise du Christ, de celui que nous reconnaissons comme le Verbe incarné, restera ce lieu désiré dès l'origine comme révélateur, d'une part, de la pleine humanité de Dieu, d'autre part, de l'appel lancé vers tout être humain à devenir enfant de Dieu.


Monique Durand Wood,


Monique Durand Wood, est formatrice, théologienne, ancien aumônier  de Centre Hospitalier Spécialisé, membre du comité de rédaction de la revue Souffles, organe de l'association « Traverses  » (anciennement « Chrétiens en Santé Mentale »), auteur de l'ouvrage : Ajouter foi à la folie, petite théologie pratique de la maladie mentale en pastorale hospitalière,  Cerf (2009, réimprimé en 2011),
Lire aussi : « Le délire religieux : un défi pour la pastorale ou un éclairage pour la foi ? », La Vie Spirituelle, juillet 2010. Animatrice de sessions de méditation biblique à la Maison de Tobie, fondée par Frère  Benoît Billot,

mardi 12 août 2014

Chez les Anglicans, des femmes évêques.....droit voté un 14 Juillet , ce qui nous parle particulièrement à nous les Français......

Un 14 Juillet, le jour de la prise de la bastille, les femmes ont chez les Anglicans  enfin accès au droit à l'épiscopat.....
ça c'est une date qui compte !!!!!!!
Une Bastille d'injustice est tombée.....
Toutes les bastilles, tous les murs tombent un jour. A quand la chute du mur de discrimination chez les catholiques ?

Femmes évêques… et ce n’est pas une blague !

Jeudi 17 juillet 2014
Par Comité
Vingt ans après les premières ordinations de femmes prêtres dans l’Église d’Angleterre, les femmes viennent enfin d’obtenir le droit d’accéder à l’épiscopat. En effet, le 14 juillet, le Synode Général de l’Église d’Angleterre a voté en faveur de cette évolution mettant fin à toute discrimination sexiste dans l’institution.
Cette décision est intéressante à plusieurs niveaux :
D’abord, elle rappelle le fonctionnement démocratique de l’Église d’Angleterre. L’organe décisionnaire de l’Église, le Synode Général, est composé de trois Chambres, celle des évêques, celle du clergé et celle des laïcs. Les laïcs sont élus localement par les conseils de paroisse ; ainsi, même avant la présence de femmes au sein du clergé, les femmes anglicanes pouvaient participer aux débats et aux décisions de leur Église. Pour les votes importants, la majorité des deux-tiers est requise dans chacune des Chambres.
On peut également noter la spécificité de la Communion anglicane qui admet que ses différentes Provinces, nées de la colonisation et de l’émigration anglaise, agissent de manière relativement autonome. Ces Provinces ont obtenu, en 1968, l’autorisation d’ordonner des femmes prêtres si elles le souhaitaient, permettant aux différents pays d’évoluer à leur rythme. Ainsi, l’Église épiscopalienne des États-Unis a ordonné ses premières femmes prêtres en 1976 et consacré sa première femme évêque en 1989. A contrario, certaines Provinces africaines refusent toujours l’ordination des femmes. Il faut ici préciser que, contrairement à ce que certains catholiques aiment bien laisser croire, ce n’est pas la question de l’ordination des femmes qui met actuellement en péril l’unité de l’Église anglicane, mais la question de l’homosexualité des clercs. Les diverses situations des Provinces quant au ministère féminin sont respectées et ne remettent pas en cause la Communion.
Il faut aussi rappeler que l’Église d’Angleterre est d’abord une Église de compromis, une sorte de via media entre catholicisme et protestantisme qui concilie, en son sein, des tendances très diverses, de l’aile anglocatholique proche de Rome, à l’aile évangélique, proche des protestants fondamentalistes. On peut ainsi comprendre que, sur la question du sacerdoce comme sur celle de l’épiscopat féminin, les opposants se concentrent essentiellement dans ces deux pôles. Certains anglocatholiques sont hostiles à ces évolutions en raison de la volonté de ne pas créer d’obstacle au rapprochement avec Rome, dans un souci de préserver la succession apostolique et parce que le prêtre agit ‘in persona Christi’, ce qui impliquerait nécessairement qu’il soit un homme. En janvier 2011, Benoît XVI a créé l’Ordinariat Notre-Dame de Walsingham pour accueillir les anglocatholiques qui souhaitaient quitter l’Église d’Angleterre en raison de leur opposition à l’épiscopat féminin. À l’autre extrémité, certains évangéliques s’opposent au ministère féminin en raison d’une interprétation littérale de la Bible qui implique que l’autorité ne peut émaner d’une femme (se fondant notamment sur 1 Co 11, 3-10). Déjà opposés à la prêtrise des femmes, les évangéliques considèrent l’épiscopat féminin comme une véritable aberration théologique, puisque des femmes auraient alors autorité sur des clercs hommes et pourraient les ordonner.

Dans l’Église d’Angleterre, les opposants et les partisans du sacerdoce féminin se sont affrontés jusqu’en novembre 1992, date à laquelle les femmes ont pu accéder à la prêtrise (les premières furent ordonnées au printemps 1994). La question de la protection des opposants s’est posée dès le départ et a conduit, en novembre 1993, à l’adoption d’une mesure instituant une discrimination officielle. Ce texte prévoyait la possibilité pour les paroisses qui le souhaitaient de refuser la nomination d’une femme prêtre et instituait des évêques ‘volants’ qui n’ordonnent pas de femmes et ont donc ‘les mains propres’ pour se charger de la protection épiscopale des paroisses opposées au ministère féminin. Cette législation, aux relents de croyances misogynes en l’impureté féminine, fut vécue par les femmes prêtres comme un déni très blessant de leur identité et un frein à leur acceptation pleine et entière dans l’Église. C’est notamment parce qu’elles voulaient éviter un texte reproduisant ces erreurs et les maintenant dans un statut de ‘seconde classe’ qu’il a été si long et difficile de parvenir au vote d’une mesure ouvrant l’épiscopat aux femmes. En effet, les opposants, pourtant très minoritaires, se sont organisés pour se faire élire en masse au Synode Général et ainsi peser sur les choix de l’Église afin d’obtenir des garanties pour se ‘protéger’ contre les femmes évêques. Contrairement à l’image donnée en novembre 2012 par le rejet de la législation (à six voix près), celle d’une Église en rupture avec les attentes de la société civile, l’immense majorité des anglicans soutenaient l’ouverture de l’épiscopat aux femmes. Si la motion avait de nouveau été rejetée cette fois-ci, le parlement britannique avait menacé de lever l’exemption duSex Discrimination Act dont l’Église bénéficie et d’obliger ainsi légalement l’institution à appliquer l’égalité des sexes.

Le texte accepté ce 14 juillet permettra sans doute la consécration d’une femme évêque avant la fin de l’année 2014. Il abroge le texte de 1993 et lève toute barrière légale empêchant les femmes d’évoluer dans la hiérarchie anglicane. L’égalité des sexes pourrait donc bien s’accomplir dans une institution où 25 % des prêtres et la moitié des ordinands sont des femmes. Il demeure néanmoins des défis importants à lever pour prouver qu’il ne s’agit pas que d’un changement superficiel : les femmes sont, pour l’instant, surreprésentées dans le clergé bénévole, subissent parfois encore la culture paternaliste de l’Église et peinent à proposer la liturgie inclusive dans les paroisses conservatrices. La législation qui vient d’être votée rend toutefois possible le rêve d’un avenir de mixité et d’égalité qui transformera nécessairement l’Église, en douceur, mais en profondeur.

Églantine Jamet-Moreau, auteur de « Le curé est une femme », L’Harmattan, 2012.


dimanche 10 août 2014

un petit tour sur le site du Comité de la Jupe

Je pose cet article de Maud AMANDIER  et Agnès CHABLIS trouvé sur le site du COMITE DE LA JUPE dont je ne saurais trop recommander la saine lecture.


Comment un évêque entretient les stéréotypes de genre

Mercredi 19 mars 2014
Par Alice CHABLIS, Maud AMANDIER
hildegard-von-bingen
Hisdegard von Bingen. Miniatur aus dem Rupertsberger Codex des Liber Scivias.
Wikimedia.
Á la suite de la chronique de Monseigneur Renaud de Dinechin “Pourquoi les femmes ne peuvent être prêtres ?”, parue récemment dans le journal Paris Notre Dame, Alice Chablis et Maud Amandier, auteures du Déni, une enquête sur l’Eglise et l’égalité des sexes, (éditions Bayard), réagissent. Voici successivement la chronique, puis leur réponse.
Pourquoi les femmes ne peuvent être prêtres ?
Une question que me posent souvent des jeunes. Avec le sentiment d’une injustice. Une collégienne m’a d’ailleurs exprimé la colère qui la traverse parfois [ : « Je suis parfois en colère contre le Seigneur et je n’ai pas envie de prier. Par exemple je ne comprends pas pourquoi les femmes ont une place si minoritaire dans l’Église. Elles ne peuvent pas être prêtre au même titre que les hommes et dans ma paroisse une fille ne peut pas être enfant de chœur »].
De fait les femmes ne peuvent être prêtre. Est-ce le signe d’une inégalité ? Non. Pour autant, ce n’est pas confortable à vivre, pour la femme comme pour l’homme. De part et d’autre, le soupçon, ou l’instinct de domination sont rapides pour faire de ce mystère un conflit de pouvoir.
Jésus accepte qu’on lui donne le titre d’Époux. Car il aime l’humanité, son épouse. A l’autel, le prêtre tient la place du Christ Époux. La femme est visage de l’Église Épouse. On est dans le registre symbolique. Au cœur de la Bible, le Cantique des cantiques initie le croyant au registre symbolique : la présence du bien-aimé et la présence de la bien-aimée.
Certaines paroisses ont la bonne intuition, en proposant à des jeunes filles un véritable service liturgique ; tout comme les garçons servent à l’autel. Une lycéenne témoignait de ce qu’elle recevait dans ce service liturgique : « Dans le groupe des servantes de l’assemblée j’ai pu trouver toutes les réponses à mes questions. Non seulement j’ai mieux compris ce qu’être femme signifie mais aussi comment Dieu veut que je le serve. Lorsque j’étais plus jeune je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas être enfant de chœur comme mes frères. Peu à peu j’ai compris que nous n’étions pas là pour servir de la même manière, sans pour autant être inférieures ! – elle ajoutait – C’est dans la prière silencieuse, dans le plus profond de mon cœur que je serai pleinement satisfaite ».
L’Église est-elle misogyne ? Ses membres le sont parfois. Mais l’Église, quand elle réserve le sacerdoce aux hommes, se situe sur un autre registre. Dans ce registre symbolique, une différence est manifestée, mais l’égalité entre la femme et l’homme n’est pas ambigüe. « Il est grand le mystère de la foi ! » s’écrie St Paul qui ajoute : « je le dis en pensant au mystère du Christ et de l’Église ! »
L’évêque rapporte deux paroles de collégiennes avec les mots typiques d’un homme qui voit les femmes et les filles en fonction de stéréotypes de genre bien marqués et bien « catholiques” : la première a le « sentiment » d’une injustice et se met en « colère ». Et pour couronner le tout, elle n’a « pas envie de prier ». Mauvaise pente, c’est une petite Eve en germe qui revendique, s’énerve et s’écarte de Dieu.
 Il fait ensuite parler une autre collégienne. Le vocabulaire qu’elle utilise est un concentré des qualités magistérielles attribuées à Marie : elle est dans le groupe des « servantes », elle a compris ce qu’ »être femme signifie », et ce que « Dieu veut » pour elle. Elle est différente de ses frères, elle va servir autrement, elle n’est pas « inférieure », et comme Marie, sa prière est « silencieuse, dans le plus profond de [son] cœur ». Ainsi sera-t-elle “pleinement satisfaite”. Ce ne sont pas des paroles d’enfants, mais c’est le portrait de Marie tel que les clercs l’ont pensé : silencieuse, servante et obéissante. C’est l’attitude attendue des femmes dans l’Église, mais aussi, selon l’évêque, des petites filles qui doivent l’intérioriser rapidement. D’Eve à Marie, voilà comment l’évêque fabrique et entretient des stéréotypes de genre et formate les filles avant qu’elles ne deviennent des femmes libres (ou pour quelles ne le deviennent pas ?).
Il va plus loin : “De fait les femmes ne peuvent être prêtre. Est-ce le signe d’une inégalité ? Non”. Dire non, c’est, avant même de réfléchir à la question, poser un interdit, un principe, une loi. En effet, c’est une loi de l’Église qui s’énonce dans le Droit canon : “Seul un homme baptisé reçoit validement l’ordination sacrée” (Canon 1024). Cette loi discrimine clairement les femmes : même baptisées, elles sont exclues de “ l’ordination sacrée”. Elle institue une inégalité de fait dans la possibilité d’accéder aux différentes fonctions dans l’Église en raison du sexe. Il s’agit bien d’inégalité et d’injustice.
Renaud de Dinechin reprend l’argumentaire des papes pour mieux dévaloriser cette question de l’accès des femmes au sacerdoce : « De part et d’autre, le soupçon, ou l’instinct de domination sont rapides pour faire de ce mystère un conflit de pouvoir ». Cette question qu’il qualifie de « mystère » révélerait “le soupçon et l’instinct de domination” chez qui ? Chez les femmes ? La collégienne qui pose la question serait donc à l’origine de ces mauvais sentiments qui peuvent entraîner l’homme dans “un conflit”. Pourtant il y a bien des pouvoirs concrets liés au sacerdoce que sont la célébration des sacrements, l’interprétation de la parole et la gouvernance. Mais l’évêque les passe sous silence.
Les femmes qui constatent cette inégalité montreraient donc leur volonté de pouvoir, un piège qui fait taire nombre de femmes de bonne volonté. Ceux qui exercent le vrai pouvoir réagissent en accusant les autres de le vouloir. Belle manipulation. Ainsi Benoît XVI, à la suite de Jean-Paul II, reprend cette interprétation : “Ces dernières années, on a vu s’affirmer des tendances nouvelles pour affronter la question de la femme. Une première tendance souligne fortement la condition de subordination de la femme, dans le but de susciter une attitude de contestation. La femme, pour être elle-même, s’érige en rivale de l’homme. Aux abus de pouvoir, elle répond par une stratégie de recherche du pouvoir” (Lettre aux évêques sur la collaboration de la femme et de l’homme dans le monde, 2004). Les papes prêtent aux femmes de mauvaises intentions, en les accusant de se positionner dans la rivalité pour défendre leur pouvoir. Ils refusent de voir que la demande des femmes est une simple question d’équité.
L’évêque poursuit : “Jésus accepte qu’on lui donne le titre d’Époux. Car il aime l’humanité, son épouse. Á l’autel, le prêtre tient la place du Christ Époux. La femme est visage de l’Église Épouse. On est dans le registre symbolique.” L’utilisation de la métaphore du mariage amène de la confusion. Jésus lui-même ne s’est jamais donné le titre d’époux et n’a jamais parlé de l’Église épouse. Le Cantique des cantiques auquel se réfère l’évêque est un poème sur le désir. En réalité la comparaison du Christ époux et de l’Église (femme) épouse vient de l’épitre aux Éphésiens qui se réfère à la conception patriarcale du mariage au temps de saint Paul où la femme est soumise à son mari. “Époux, épouse”, l’évêque dit utiliser “le registre symbolique”. Le Christ est donc l’époux de l’humanité, de l’Église et l’Église a le visage de “la” femme. La femme serait le symbole de l’Église. Quel est le sens de ces images ? Jésus n’a pas laissé ce signe de l’Époux, mais celui du pain partagé et du don de sa parole et il ne rencontre pas les personnes en fonction de leur sexe.  
Que seuls les hommes puissent être ordonnés n’est pas un mystère mais une loi androcentrée qui crée de l’injustice et un appauvrissement de l’Église. Dire que c’est un mystère est un abus de langage qui masque le pouvoir que se sont octroyés les hommes d’Église. Le seul mystère, c’est celui de la foi en Jésus ressuscité, dont il a confié l’annonce aux femmes, au matin de Pâques.
Alice Chablis et Maud Amandier

Les vacances sont finies....


Finies les vacances ?
Attends. Tu es toujours en vacances. Tu ne crois pas que tu exagères ?

Peut-être, il est bien vrai que la retraite semble à beaucoup  un long temps de vacances  qui   nous positionnerait en "vacances" de la vraie vie, hors du tohu bohu du travail de son stress, de ses blessures, mais aussi de ses victoires de toutes sortes. 
En fait ce n'est qu'une "illusion" d'optique. Le stress, les blessures, les victoires nous les vivons par personnes interposées , par nos enfants par tous ceux que nous aimons par le remous du monde. Et quelques fois les blessures sont plus cruellement ressenties qu'elles ne le sont par celui ou celle à qui elles ont été infligées car vécues dans l'impuissance. 

Que dire de ce temps de vacances ?
Riche de tendresse, de rencontres.
Des petits enfants merveilleux. Des enfants.... parents....LA VIE. 
Pauvre sur le plan intellectuel, temps de "jachère" . 
Temps de l'effroi aussi  à la lecture de l'actualité.  Temps de peurs incontrôlées. 
ça bouge et craque de tous les côtés, impuissance, difficulté à comprendre.

Les chrétiens d'Orient : 

https://m.youtube.com/watch?v=xsWoPGYZpGA&feature=em-subs_digest



Que faire ? 
-Interrogé via internet, notre Evêque me dit  :

"Comme me disent mes amis d'Irak, de Syrie, du Liban, de palestine, d'Egypte... c'est "tellement important de savoir votre soutien spirituel et matériel... j'essaie d'encourager un "soutien à Bethleem, y compris via le Carmel qui reçoit tout le monde, y compris bien sûr les "musulmans."
-Un ami me conseille "L'oeuvre de l'Orient" :

Fondée en 1856 par des laïcs, professeurs en Sorbonne, l’Œuvre d’Orient est la seule association française entièrement consacrée à l’aide aux chrétiens d’Orient. Œuvre d’Église, elle est placée sous la protection de l’Archevêque de Paris.
Grâce à ses 100 000 donateurs, elle soutient l’action des évêques et des prêtres d’une douzaine d’Églises orientales catholiques et de plus de60 congrégations religieuses qui interviennent auprès de tous, sans considération d’appartenance religieuse.
L’Œuvre  se concentre sur 3 missions -- éducation, soins et aide sociale, action pastorale -- dans 23 pays, notamment au Moyen-Orient. Son action s’inscrit dans la durée mais son organisation et ses contacts sur le terrain lui permettent une très grande réactivité en cas d’événements dramatiques.
Faire mieux connaître les chrétiens d’Orient, témoigner de leurs difficultés auprès de tous est également au cœur de ses missions. Son rôle est essentiel dans ces régions du monde où les chrétiens sont souvent considérés comme des « citoyens de seconde classe ».

C'est un peu le sou de la veuve, mais c'est mieux que rien. 
Temps  de vacances, mais pas temps d'absence. 

Etre artisan de Paix. 

-Un livre qui me fait du bien,  acheté dans la petite librairie " les petits papiers" de la rue Dessoles : "Je n'ai plus peur" de Jean-Claude Guillebaud.....

Ce soir un concert dans la cathédrale , un organiste voisin.... 
"La beauté sauvera le monde". Célèbre phrase du prince Michtine dans l'Idiot de Dostoïevski , reprise par J.C. Guillebaud. 
Ce soir : une heure de beauté.

A bientôt.