samedi 20 décembre 2014

le Dominicain-théologien François BOESFLUG commente dans la revue ESPRIT "Le Déni. Enquête sur l’Église et l’égalité des sexes" ouvrage de Maud Amandier et Alice Chablis avec une Préface de Joseph Moingt, Paris, Bayard, 2014, 392 pages, 18 €.


En ce moment un peu chargé si je prends le temps de m'informer, je n'ai plus guère le temps d'écrire. C'est pourquoi, je pose des articles d'esprits éclairés, capables de nous aider à réfléchir, juger et nous informer dans le bon sens. 

Aujourd'hui,  le blog de François Vercelletto nous offre l'article du dominicain théologien François Boesflug sur le DENI  ouvrage- référence à mes yeux pour une saine et intelligente  réflexion sur la condition de la femme dans l'Eglise catholique romaine

20 décembre 2014

L'Église et l'égalité des sexe

"Cet ouvrage passe en revue de manière approfondie une armée de discours ecclésiastiques qui enferment la femme dans une prison dorée : une identité fictive, déterminée par son sexe et la « loi naturelle », et par voie de conséquence sa prétendue vocation voulue censément par Dieu autant que par ladite nature, qui serait pour toujours et à jamais d’aider, d’obéir, de se taire et de servir… les hommes (les enfants, les malades, les pauvres, les vieux, etc.).

"Cette montagne de considérations édifiantes se dévoile petit à petit dans les discours et encycliques des papes depuis plus d’un siècle et demi, de Grégoire XVI au pape François, en passant entre autres par Léon XIII, Pie IX, Pie XI, Paul VI, Jean-Paul II surtout, et Benoît XVI.

"Leurs déclarations, proférées non sans solennité depuis la cathedra Petrienferment la femme dans une sorte de piège conceptuel, dans la mesure où ils répètent les uns après les autres, en substance, que pour éviter d’être une nouvelle Ève tentatrice, il lui faudrait prendre pour modèle Marie, vierge et mère.

"L’ouvrage démontre l’impasse de cette injonction qui, pour traditionnelle qu’elle soit, n’en est pas moinscontradictoire et invivable. Il s’étonne à bon droit de son règne pluri-séculaire et invite à ouvrir les yeux.

"Comment a-t-on pu proposer à des générations de femmes, comment ont-elles pu accepter, sinon sur fondde docilité et de confiance, en l’occurrence abusées, cet idéal inaccessible ?
"Comment des générations de religieuses ont-elles pu vivre la spiritualité officielle de leurs vœux, qui fait d’elles à la fois des vierges, des mères (on les appelle ainsi…) et de chastes épouses mystiques du Christ ?
Boespflug.jpg"Comment, depuis Grégoire VII, autant de prêtres voués au célibat sacerdotal ont-ils accepté de vivre sans autres femmes que des femmes-mères et des femmes-soeurs ?

"Comment ne pas s’étonner du décalage entre le fleuve intarissable qui charrie en toute saison historique, mais surtout depuis un siècle et demi, les encycliques en série sur la femme, la féminité, la vocation de la femme divinement révélée dans l’Écriture, et le piteux ruisseau, souvent à sec, des déclarations magistérielles sur l’homme (au masculin), la masculinité du Sauveur, la vocation de l’homme, sa sexualité, la signification du célibat ecclésiastique (p. 169 et suiv.) ?
"Comment vivre une vie affective digne de ce nom, sanstrouver des ersatz plus ou moins névrotiques, y compris le dévouement suractif jusqu’à l’épuisement ou la dépression ?

Double originalité
"Si le Déni reprend un combat qui était déjà celui de femmes comme France Quéré (1936-1995) il y a bientôt quarante ans (la Femme avenir date de 1976), l’originalité de ce livre est double.
"Du point de vue  méthodologique, c’est d’avoir optépour l’analyse serrée des textes pontificaux consécutifs à la prodigieuse vague d’apparitions mariales du XIXe siècle ; un choix intelligent, dans la mesure où ces textes excellent à synthétiser la tradition des discourschrétiens sur la femme.

"Or personne encore, sauf erreur, n’avait pris le temps de scruter avec autant d’endurance tous ces discours à la file, dont on découvre combien ils sont nombreux, répétitifs et bloquants.

C’est bien parce que le sujet abordé, l’égalité des sexes, est « systémique
» par excellence et rejaillit sur tout, qu’il fait peur et que le livre continue de susciter de farouches résistances.

"Jamais encore je n’avais lu une telle remise en question de ce qui, pour un catholique, voire au-delà, pour un homme ou une femme de culture chrétienne, paraît aller tellement de soi.
Jamais, par exemple, je n’avais rencontré une lecture aussi critique de la scène de l’Annonciation (voir p. 31 puis 78-82, et passim), en tant que texte clé duconsentement sans condition ni consultation préalable, qui a tant contribué à faire du Fiat !, de l’obéissance, un idéal.

"Pour un théologien frotté d’histoire de l’art comme je lesuis, ce fut décapant.
éMais je pourrais en dire autant de leur lecture des textes évangéliques racontant l’onction à Béthanie, la rencontre avec la Samaritaine, Jésus chez Marthe et Marie, le Lavement des pieds (p. 293-296) ou l’annoncepar les femmes de la Résurrection aux disciples incrédules (p. 300-302)…

"Leur place dans les Évangiles, la considération que Jésus leur accorde, voilà qui donne à penser. Impossible de gommer leur rôle inaugural, par exemple :
Avant que Paul ne soit apôtre, les femmes avaient déjà propagé l’Évangile du Christ (p. 360).

"Les deux auteures établissent sans peine que les discours pontificaux s’appuient tous sans exception sur une lecture plus ou moins littéraliste et fossilisée d’un petit nombre de textes, en particulier ceux de laGenèse, du second récit de la création de la femme en particulier, celui qui la montre créée « en second » àpartir de l’homme (Gn 2,21-22), pour le « seconder », mais aussi de certains textes pauliniens, toujours lesmêmes (ils sont listés p. 298 : Éph 5, 1 Co 11, 1 Tm 2…), leur interprétation par les papes faisant fi desgenres littéraires et donnant une prolongation indéfinie à des catégories patriarcales et machistes.
"Or celles-ci, faut-il le dire, ne sont plus en phase ni avec la science de l’Écriture sainte au point où elle en est parvenue depuis la fin de la crise moderniste et le formidable renouveau des études bibliques, ni avec la mentalité des sociétés occidentales, dont les aspirations, souvent nées de l’Évangile, ne sauraient être réduites,comme certains papes l’ont donné à
entendre, à une fascination pour l’égalitarisme, le plaisir, le consumérisme, l’individualisme, l’égoïsme et la facilité, et encore moins à une révolte jalouse contre le pouvoir des hommes – ce qu’ont soutenu des papes comme Pie XI (voir p. 160 : un texte dont il est permis de dire qu’il est accablant), Jean-Paul II, qui fait figure de « repoussoir pour les femmes modernes » (Hans Küng, cité p. 108), et Benoît XVI à sa suite.

"À prolonger ses façons de disserter au sujet de la femme-en-soi, l’Église est condamnée non seulement à décevoir et à se couper des générations actuelles, comme en avertissent les enquêtes de sociologiereligieuse, mais aussi, et c’est beaucoup plus grave, à se rater elle-même, si je puis dire, à s’éloigner du noyau dur, fécond, précieux, libérant et inclassable de l’enseignement de Jésus, de sa façon de traiter lesfemmes en personnes, à l’égal des hommes.
"Ni suiviste ni révolutionnaire, Jésus développe un enseignement et une manière d’être qui échappent à toutes les récupérations, comme le montre si bien Hans Küng dans son Jésus 1.
"Si le livre est précieux et si stimulant, c’est moins par le constat qu’il établit, d’un monumental blocage, que par la tâche urgente, et d’avenir, qu’il désigne en creux pourle christianisme.
"Qu’il soit frustrant pour une part, et ne réponde pas àtoutes les curiosités qu’il éveille, c’était fatal. Qu’il dérange, également.

"S’il ne pratique aucunement l’ironie ni ne se rend coupable d’aucun jugement ni d’aucune diffamation, il présente un aspect de réquisitoire,
il ne faut pas le nier. À se focaliser sur les déclarations des pontifes récents, il prive aussi le lecteur d’une vision plus globale et équilibrée
du problème abordé.
"Ainsi, entre le Nouveau Testament et les papes de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle, dans ce livre, la galeriedes témoins est clairsemée. Augustin fait bien quelques apparitions (peu valorisantes, à propos de son « invention » du péché originel), puis Grégoire VII et saint Thomas d’Aquin (ce dernier en mauvaise part, p. 152-154 : en tant que commentateur des textes pauliniens, en 1 Co 11 et 1 Tm 2, exigeant que la femme reste soumise à son mari, et se voile !), et c’est à peu près tout.

"On eût rêvé que soit mis en relief, non pour noyer le poisson, et encore moins pour submerger le lecteur, mais comme une des données du statut de la femme enchristianisme, le nombre non négligeable de chrétiennes sortant du lot.

"Mais le mieux est parfois l’ennemi du bien. Le livre est déjà touffu et le risque était grand de le rendre indigeste. Le déséquilibre structurel entre les sexes, de toute façon, est indéniable.
"Les nuances ne changeront rien au diagnostic. Que l’Église, par exemple, ait déclaré quatre femmes « docteures de l’Église » est un fait dûment mentionné (p. 297), mais les auteures soulignent à bon droit qu’elles ne sont que quatre, contre trente docteurs (p. 297).

"Toutes les femmes n’ont pas été « au service », certaines ont été « au pouvoir », c’est entendu, c’est peut-être même une particularité de l’histoire concrète du christianisme que de permettre des exceptions à la règle ressassée, et de comporter une étonnante galerie de femmes capables d’en remontrer aux hommes et faisant la démonstration de leur talent (voir à ce sujet les travaux d’Élisabeth Dufourcq).
"Mais cela ne saurait servir de faux-fuyant : ces personnalités qui, à certains égards, font songer aux femmes à trempe de la Bible restent hors norme.
"Et toutes les autres ?
Dans le livre, c’est l’Église, la catholique surtout, qui est sinon la cible du moins le point de mire, et les textes des hiérarques catholiques qui sont examinés. Et de fait, c’est d’elle (et d’eux) que proviennent la plupart des discours qui bloquent l’évolution des mentalités des fidèles à ce sujet.
"Les Églises orthodoxes, assurément, ne sont pas moins patriarcales, mais notoirement moins bavardes, si je puis me permettre. Et le mariage des prêtres ne leur est pas un problème.
"Chez les protestants, l’existence des femmes pasteuresest maintenant un acquis définitif. Idem chez les anglicans, qui, après dix années de débat houleux,commencent à nommer des femmes évêques.

"Et ailleurs, se demandera-t-on ?
"Et au-delà ? L’horizon de la question mérite d’être élargi. Qu’en est-il de l’égalité des sexes, de l’accès de la femme à des fonctions de commandement et de gestion du sacré, en Afrique traditionnelle, ou dans lesnations où domine l’islam ?
"Qu’en est-il réellement en Inde, en Chine et au Japon ? La question soulevée par le Déni concerne l’ensemble des religions, et même le monde tout court en voie de mondialisation.
"Quand on songe à la situation des femmes ici et là dans le monde, on se convainc facilement qu’elle est le plus souvent pire ailleurs qu’en Europe ou en Amérique du Nord, pour faire simple.7
"Naturellement, le progrès sur ce plan n’est pas l’affaire du seul christianisme. Mais l’on ne voit pas comment « les hommes et les femmes de bonne volonté » pourraient parvenir à instaurer ou du moins contribuer àinstaurer une radicale égalité des sexes tant que le christianisme se refusera à balayer devant sa porte,c’est-à-dire à bouger, et à bouger significativement, autrement qu’en accordant à quelques femmes despostes de prestige, autrement qu’en leur permettant à dose homéopathique de lire l’Évangile et de prêcher lors des obsèques, autrement, même, qu’en se demandant gravement si la prieure des monastères peut présider une ADAP (assemblée dominicale sans prêtre), autrement encore qu’en acceptant de discutertimidement de l’ordination des femmes, éventualité contre laquelle jamais aucun argument rationnel, il faut que cela se sache, n’a pu être fourni (voir p. 308-311).

"De la même façon, affirmer haut et fort, avant même que se tienne le synode tant attendu sur la famille,comme vient de le faire le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi2, malgré les propositions courageuses d’ouverture du cardinal Kasper, que l’indissolubilité du mariage est « absolue » (sic) et que l’Église ne peut donc rien faire en faveur des divorcés remariés parce que la Loi de Dieu (sic) exclut formellement de les admettre aux sacrements de l’eucharistie et de la réconciliation, c’est faire fi du fait qu l’offre de la grâce du Christ a quelque chose d’inconditionnel et donc d’incompatible avec de telles déclarations.
"Naturellement, le progrès sur ce plan n’est pas l’affaire du seul christianisme. Mais l’on ne voit pas comment « les hommes et les femmes de bonne volonté » pourraient parvenir à instaurer ou du moins contribuer àinstaurer une radicale égalité des sexes tant que le christianisme se refusera à balayer devant sa porte,c’est-à-dire à bouger, et à bouger significativement, autrement qu’en accordant à quelques femmes despostes de prestige, autrement qu’en leur permettant à dose homéopathique de lire l’Évangile et de prêcher lors des obsèques, autrement, même, qu’en se demandant gravement si la prieure des monastères peut présider une ADAP (assemblée dominicale sans prêtre), autrement encore qu’en acceptant de discutertimidement de l’ordination des femmes, éventualité contre laquelle jamais aucun argument rationnel, il faut que cela se sache, n’a pu être fourni (voir p. 308-311).
François Boespflug


1. Hans Küng, Jésus, Paris, Le Seuil, 2014, réédition remaniée d’Être chrétien [1974], trad. de l’allemand par Henri Rochais et André Metzger,
Paris, Le Seuil, 1978.
2. La Croix, 31 juillet 2014, p. 13.

Voir également un précédent billet sur ce même sujet :cliquer ici.
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mardi 25 novembre 2014

Lettre ouverte à un ami grand défenseur de la cause féminine dans l'Eglise Catholique


Cher Ami,
Votre lettre m'a fait du bien.
Le soutien d'un esprit éclairé  dans ce combat des femmes pour exister en totale  responsabilté  dans une Eglise qui d'ailleurs ne pourrait survivre sans leur inlassable et fidèle engagement,  me conforte dans ma critique de la hiérarchie catholique romaine.
Vous notez que notre oscillomètre montre des écarts de positionnement difficile à suivre.
C'est vrai, critique et recherche d'écoute de qui ne veut surtout pas entendre entraîne bien sûr des "affolements" de la petite aiguille, il est difficile de se situer devant une telle discrimination sauf à renoncer et partir.
Mais, voilà,  je ne suis pas aussi radicale que vous.  Je ne sais pas l'être  sauf dans les cas extrêmes où véritablement les bornes ont été dépassées. Et dans ce cas  la rupture devient bien sûr  tout à fait possible .


Je ne crois, je n'ai jamais cru, à la corruption totale des individus, des groupes humains.
Je ne l'ai jamais pensé de mes adversaires, ni même de ceux qui se sont considérés comme mes ennemis.
Je ne saurais donc penser  mon Eglise irréductiblement misogyne et ennemie de mon genre.
Je ne saurais donc penser qu'elle s'entête à   planter en dehors de toute raison théologique    des palissades d'interdictions pour endiguer le juste désir des femmes d'accéder au presbyterat.
Peut-être est elle seulement terriblement limitée par le fait que depuis des siècles, elle ne s'est pensée et représentée que dans les normes de  la suprématie masculine.


Mon Saint préféré ( et Dieu sait que je ne fréquente guère les saints) est Saint François d'Assise.
Il  m'a accompagnée durant toute ma vie,  par hasard et aussi  par  choix,  homme à  la fois radical mais aussi tellement confiant  dans l'homme et dans la miséricorde du Père.

Avec lui, il  y a toujours une brèche qui laisse passer la lumière de l'amour.

Tout rejeter, tout et tous,  serait  se rejeter soi même .
Qui peut dire n'être pas  corrompu dans quelque endroit secret, peut-être le lieu qui sent le plus mauvais, de son être ?


Je ne rejette pas mon Eglise même si je fulmine, même si je me fais violence ( eh oui !!! ) je ne la rejette pas, vers qui irais je ?
Je parle, j'écris....
Je reviens à Saint François, et son extraordinaire rencontre avec le Sultan...Bien sûr, il voulait certainement le convertir , mais il l'a fait avec tant d'amour, de respect, de cette tendresse qu'il portait à la création et aux créatures, que la rencontre a eu certainement des effets,  en profondeur dans la rencontre de la différence, dans ce qu'elle apporte de richesses.

C'est ce que je cherche Paul, la rencontre dans la différence.je ne jette pas aux orties nos jeunes prêtres. Ils m'irritent bien sûr, souvent me blessent, mais je les assume comme j'assume les différences de mes propres enfants. Ils sont d'Eglise, ils sont donc "MIENS"
 Et je tiens bon dans le dialogue, dans la rencontre. Tant qu'il y aura une voix rien ne sera perdu et j' entends de plus en plus de voix masculines  qui s'ajoutent aux nôtres.
C'est la reddition  qui serait  mortelle ! Il nous faut préparer le chemin de "DEMAIN" par la prise de parole.
Je suis persuadée que ce mouvement de balancier se fera court....Et si  ce n'était pas le cas, continuons, continuons avec constance mais aussi avec "tendresse", car l'Eglise courrait alors  un vrai risque mortel.

La  TENDRESSE-!!!!J'emploie souvent ce mot  car notre époque  m'en semble dramatiquement dépourvue. Même les enfants en sont quelques fois privés, non par manque d'amour mais par manque de temps, de disponibilité.
Il y a de l'amour, de la passion mais de cette simple et si fertile "tendresse"?  Nous sommes devenus trop compliqués, trop raides, trop dogmatiques, trop idéologiques  pour la tendresse. Il y faut une âme simple

.La modération  est dans mes gênes,
Je suis une fille des vignes, d'un pays pas tout à fait plat et seulement un peu vallonné qui s'ouvre à l'ouest sur l'immensité de  l'océan et au sud sur la sombre profondeur des forêts landaises. Ce n'est pas un pays de contraste mais de diversités.
Chaque colline ensoleillée de Saint Emilion, ou des 1eres côtes   porte un cru réputé, la plaine des graves offre les fleurons des Bordeaux et les bords de la Gironde les Médocs . Chaque vin a son caractère, on peut préférer l'un à l'autre, on ne peut en rejeter aucun.
C'est affaire de goût, de sensibilité, de culture., et même de moment.

Ce pays, ni plat, ni accidenté,   débouche pourtant  sur l'Océan à la fois  limite et  ouverture sur l'infini. Les pas s'arrêtent, il n'y a que deux solutions : se jeter dans la fureur des  vagues ou élever son âme vers le firmament.

A trop regarder l'incandescence des couchers de soleil je n'ai plus la  vigueur et l'audace du nageur, mais j'ai la constance de l'adoration qui me conforte dans la constance de la demande à plus de "justice " et de "charité" pour la condition des Femmes dans notre Eglise.
 Bonsoir Paul amitiés à  partager avec votre épouse.



dimanche 23 novembre 2014

Conférence donnée par Bernard UGEUX sur la Compassion le 13/11/2014


En décembre 2012, nous écrivions sur notre blog "canard sauvage" http://jlachandreae.blogspot.fr/…/laissez-nous-vivre-le-cri… tout ce que nous inspirait le terrible sort des femmes livrées à la soldatesque, violées, jetées à la rue sans secours familial. En effet, Bernard Ugeux s'en était fait le témoin au fil de ses pages dans le blog de la vie, de ses conférences. 

Hélas deux ans après il y a encore beaucoup à faire, ce serait-ce que se remettre en question devant de telles horreurs. 
Dernièrement à Blagnac, Bernard a fait une conférence, dont je vous livre le résumé. Il est très succinct mais très "parlant". 
Son  livre va bientôt sortir, je vous en informerai, le sort de ces populations doit être une base de réflexions pour toute approche de la terreur et de l'ignominie. L'actualité ne nous jette-t-elle pas sans cesse le récit de terribles exactions, de meurtres, de tortures, de marché aux esclaves ?


Comment vivre la compassion ? Quelques notes de Bruno.V  sur la 

Conférence donnée par  Bernard  UGEUX 
sur la Compassion le 13/11/2014

A Boukavou,(  RDC ) il a été saisi par la souffrance, le traumatisme social.

LA COMPASSION.
N’est pas :
Une contagion émotionnelle
Une empathie
Une entrée en résonance.

Mais :
Une tendresse bienveillante avec l’autre
Se sentir concerné, agir.

Difficulté : je ne sais ce qui est bon pour l’autre.

Les victimes subissent une double peine.
Le viol et la difficulté après de trouver un fiancé.
Silence des magistrats, de la police, refus de regarder le mal, menace pour la tranquillité

Pour y arriver, il faut :
Se connaitre : mes forces et mes faiblesses. Faire un travail sur le corps
Ne pas essayer de tout comprendre.
Ne pas être sauveur.
Il faut avoir été aimé.
Faire appel à l’Esprit Saint
Le soir se remettre à celui qui sauve.
Il est nécessaire de ne pas être seul pour en parler, sa communauté est indispensable, lecture des psaumes.
Tenter de réparer les dégâts mais aussi chercher à les éviter.
Devant tous ces viols, colère, honte d’être homme, honte d’être heureux, d’être  privilégié

Tentation spirituelle.
Révolte, que fait Dieu ?
La réponse du Christ au mal est la compassion, la grâce, la joie du don.
Aimer et être habité par le Christ.
Il vit la contagion de la compassion en voyant l’entraide, la force de ces femmes,  des grandes sœurs qui prennent en charge leurs frères et sœurs.
La ferveur de la population aux chemins de croix bien plus que pour la résurrection.
Un groupe d’homme VIEMEN qui se constitue pour lutter contre les origines de ce mal.






samedi 22 novembre 2014

les femmes et l'avenir de l'Eglise - Joseph Moingt ( Etudes Janvier 2011)

 Je n'écris guère en ce moment, trop occupée à d'autres tâches pour me confier à mon clavier. Mais au fil de mes lectures, je trouve sur le site de la CCBF ( conférence catholique des baptisés francophones) ce texte de Joseph Moingt.
Cher Joseph Moingt qui nous rassure de n'être pas trop stupides
 de rester catholique alors que le Magistère de cette  Eglise fait de la condition féminine un sexe à part, destiné par nature  à des missions particulières  qui surtout ne l'encombreraient pas dans leur gouvernance.
Il est fort heureusement un grand nombres d'hommes du sexe "dit fort" pour réclamer à corps et à cris une révision de cette théologie particulière et la discrimination  qui touche la condition de la femme.
Joseph Moingt  est de ceux là .

Bonne lecture :

« Les femmes et l’avenir de l’Eglise »
Joseph Moingt (Etudes Janvier 2011)

Est-ce que le déclin de l’Eglise au cours de la deuxième partie du XXème siècle serait lié à
l’émancipation de la femme et son accession à des responsabilités professionnelles, familiales, sociales ou politique ?

L’Eglise honore des femmes, en reconnait docteurs de l’Eglise, plusieurs sont autour de Jésus, mais elle reste encore profondément marquée par la condition des sociétés patriarcales et traditionnelles qui prévalaient à l’époque bibliques. Les positions sur la sexualité ou la contraception heurtent aujourd’hui une partie des femmes qui ne retrouvent plus dans l’Eglise un lieu d’épanouissement et de confiance et pour certaines s’écartent de l’Eglise.
Or les femmes ont joué un rôle important dans la transmission de la foi via l’éducation des
enfants de même que dans la vie de l’Eglise, en assurant le catéchisme, le service auprès des plus faibles et des pauvres. Elles étaient, il y a encore peu de temps de loin les plus
nombreuses parmi les fidèles et les auxiliaires du clergé. Vatican II avait reconnu ce rôle
important des femmes religieuses ou laïques dans la vie de l’Eglise et avait ouvert à plus de
reconnaissance et de responsabilités, mais les années 80 ont marqué un pas puis revirement.
Les femmes, dont on réclame de plus en plus la participation et la disponibilité ne peuvent
être qu’à l’ombre sous l’autorité sacerdotale. Malgré le besoin croissant d’implication des
laïcs face à la tragique diminution des vocations, les femmes sont méthodiquement et
volontairement éloignées de l’autel et des sacrements. Cette attitude s’explique en grande
partie par la crainte de la hiérarchie ecclésiale de faire naitre ou d’encourager chez elles le
désir du sacerdoce. Or ce débat qui agite régulièrement l’Eglise n’est pas clos et la peur de le voir renaître peut conduire les responsables religieux à une certaines discrimination. Mais les femmes n’ambitionnent pas toutes le presbytérat ou le pouvoir, elles ambitionnent
légitimement une reconnaissance dans le cercle religieux qui soit en phase avec celle qu’elles ont dans la société.
Ne pas répondre à cette attente, est un peu « suicidaire » pour l’Eglise qui se prive d’un
moteur dans l’évangélisation du monde. Mais l’Eglise se réfugie derrière les lois naturelles et divines pour expliquer ses positions qui lient la sexualité au mariage et la procréation ou qui l’empêche de laisser une place aux femmes dans les instances dirigeantes. Mais ces sujets sont plus liés à la société et aux moeurs qu’au sacré. L’Eglise ne doit pas se réfugier derrière le paravent de l’histoire et du dogme pour justifier son immobilisme. Elle doit faire preuve de plus de modestie et mieux distinguer ce qui relève du sacré fondamental, de ce qui relève de l’évolution des moeurs. D’ailleurs, elle montre parfois, en certains lieux qu’elle a la capacité de comprendre une réalité sociale qui évolue et de s’y ouvrir avec bonté. L’Eglise doit donc s’ouvrir à l’esprit du monde qu’elle ne plus enseigner de loin en donneuse de leçon.
Reconnaitre le rôle des femmes en son sein sera aussi une manière de renouer avec une réalité séculière dont elle s’éloigne chaque jour un peu plus perdant toute prise pour ce qui est sa mission première d’évangélisation.
Des paroles et du chemin du Christ, il est difficile de tirer de manière définitive quel est le
rôle qu’il voyait, souhaitait ou envisageait pour les femmes. Mais il est certain qu’il était
entouré de femmes, qu’il croyait en elles et leur a confié comme à ses apôtres un peu de luimême.
Et Paul de nous dire qu’il n’y a plus « ni masculin et féminin, car à vous tous vous êtes
un seul en Christ Jésus ». Un principe à ne pas oublier, qui ne peut que conduire dans l’Eglise comme dans la société à une libération de la femme par rapport aux modèles traditionnels et une plus grande reconnaissance de sa contribution. C’est pour l’Eglise le seul chemin pour rester tolérante et ouverte au monde.
La femme est et sera l’avenir de l’Eglise.


vendredi 26 septembre 2014

trouvé dans FHEDLES juin 2014 : Égalité entre les femmes et les hommes, droits et libertés dans les Églises et la société.

  J'ai déjà eu l'occasion de rédiger une page sur "le DENI enquête sur l'église et l'égalité des sexes" de Maud AMANDIER et Alice CHABLIS .
Je reviens dessus par le biais de cet atelier organisé par  FHEDLES en Juin 2014.
On ne parlera jamais assez de ce livre. 
On ne soutiendra jamais assez les auteures de documents qui expliquent le fonds de nos demandes concernant la condition féminine dans l'Eglise catholique romaine. 
Le combat est long et demande une certaine retenue car les passions explosent vite. Mais ce combat est JUSTE et tout ce qui permet de COMPENDRE doit être relayé avec constance. Jacqueline 

Nos ateliers "Genre en christianisme"
Nous vous avions annoncé les ateliers Genre en Christianisme, dans les locaux de la bibliothèque du Saulchoir (Paris) les deuxièmes jeudi de chaque mois

----Celui de mai, décalé au mercredi 7 dans nos locaux en raison du jeudi 8 férié, s’est tenu autour du livre LE DENI, Enquête sur l'église et l'égalité des sexes (Bayard) en présence des deux auteures : Maud AMANDIER et Alice CHABLIS. Rappelons qu’il s’agit là d’une enquête implacable, étayée par une étude minutieuse des textes bibliques et des ordonnances du magistère sur  l'organisation, pendant 20 siècles,  de la répartition des statuts, rôles et pouvoirs entre les sexes  dans l’Église catholique. Une vingtaine de participants pour la plupart très accrochés par la lecture du livre sont venus en discuter avec les auteures, deux femmes, encore jeunes, pertinentes, engagées comme chrétiennes sur le terrain pastoral et dans les médias catholiques. Elles ont mis en commun leurs expériences pour se lancer sans vraiment d’idées préconçues dans l'étude de ce qui pouvait justifier ce constat accablant que beaucoup, croyants ou non, font aujourd’hui : dans l’Église, les hommes ont le pouvoir, les femmes assurent le service.
"Au début, on voulait laisser la parole aux femmes, nous ont dit les auteures. On a rencontré des femmes engagées, formidables mais avec toujours les mêmes thèmes ... Parcours bloqués, parcours brisés... Rapidement nous nous sommes dit : il faut analyser la structure"
Elles se sont montrées aussi passionnantes que simples, ouvertes et intéressées à la discussion. Nous nous sommes bien sûr mutuellement reconnu/e/s dans nos objectifs et nos convictions et des courriers d’échange et de soutien  sont déjà venus prolonger cette première rencontre, d’autant que, comme  vous l’aurez lu notamment dans Témoignage Chrétien qui s’est fait un devoir et un honneur de défendre  l’ouvrage, celui-ci  fait l’objet d’une véritable censure dans la presse catholique.
En tout cas, nous comptons bien y revenir et inviter à une étude plus spécifique sur certains points de blocage que nous n’avons pas cessé nous-mêmes de dénoncer. Comme le faisait remarquer Maud Dillard, documentaliste de Genre en Christianisme : « Je salue cet  ouvrage, synthèse de 40 années de publications ». 
Si vous ne l’avez pas encore fait, attachez-vous à le lire et partager. Il est alerte dans son style bien que ce qu’il décrit soit pesant, et ses analyses étaieront utilement les  projets du travail collectif pour un renouveau désormais urgent dans l’Eglise.


  ---Le jeudi 12 juin nous avons eu la joie d’accueillir Pierrette Daviau professeure de théologie pratique et pastorale à l’université Saint Paul de Montréal sur le thème : «  quelle ouverture pour la parité femmes/hommes avec le pape François ? »
Dans un premier temps, Pierrette Daviau a expliqué comment les théologiennes catholiques nord-américaines réagissent au pontificat du Pape François. Assurément, des raisons de se réjouir sont pointées : un courant plus pastoral que dogmatique, la simplicité et l’humilité du personnage, le nouveau Secrétaire d’État et les mesures sur les finances du Vatican. Néanmoins, elle concède que, vu depuis l’Amérique du Nord, ce qui domine c’est l’idée qu’il n’y a rien de véritablement neuf… La dénonciation du « machisme en jupe » a peu convaincu. L’ordination des femmes reste encore soumise au verrou théologique mis par Jean-Paul II et elle note qu’au Québec le débat s’amenuise faute d’espoir rapide de changement… Dans l’encyclique Evangelii Gaudium, sont toujours louées les qualités féminines naturalisées. Le rôle irremplaçable des femmes dans la famille reste idéalisé sans forcément rejoindre le vécu des femmes. Il parle de justice mais pas d’égalité femme/homme.
Dans un deuxième temps, Pierrette Daviau a surtout réfléchi sur la place de la théologie féminine ou féministe dans la théologie catholique romaine en général. Peu d’évolution également : les images de Dieu restent masculines, le langage liturgique peu inclusif…
D’un point de vue sociologique, les filières de théologie féministe restent marginales, peu connues, peu fréquentées, et peu estimées par les hommes. C’est peut-être cela qui a fait beaucoup réagir lorsque François a appelé à développer une « théologie de la Femme ». Pierrette Daviau se demande pourquoi le pape, cultivé, sud américain, n’a-t-il pas lu l’abondante littérature produite par la théologie féministe depuis 40 ans, en particulier  Yvonne Gebarra ?
Le débat a porté sur ce qu’on pouvait raisonnablement attendre du pape François. Deux lignes : les « optimistes » pointent tous les lignes d’ouverture : la nécessité de réformer la Curie ; sa volonté de remettre à un juste degré l’articulation entre évêques et prêtres ; la priorité au message évangélique ; le prochain Synode des familles. Les « pessimistes » pointent : les risques d’attendre trop longtemps ; l’annonce d’une encyclique utilisant le thème de l’ « écologie » pour figer des rapports de genre ; l’impossibilité dans le futur proche, de voir changer les choses ; dire qu’il convient de donner plus de place aux femmes là où se prennent les décisions  et tout de suite revenir à l’exemple de Marie...


 



Qui est FHEDLES  ? L’association Femmes et Hommes Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société (FHEDLES) est née le 6 février 2011. Elle succède aux deux associations sœurs Femmes et Hommes en Église (FHE) et Droits et Libertés dans les Églises (DLE), créées en 1969 et 1987.
Notre objectif est d’ « œuvrer au sein des Églises et de la société, avec la liberté de l’Évangile, à de nouvelles pratiques de justice, de solidarité et de démocratie pour :
  • l’égalité et le partenariat entre femmes et hommes, en refusant toute forme de discrimination liée au sexe.
  • la transformation profonde des mentalités, des comportements, des institutions pour donner réalité aux droits et liberté de toutes et tous.
  • l’émergence de langages et de symboles renouvelés.
  • la promotion de recherches, notamment historique et théologiques, appelées par les trois objectifs énoncés ci-dessus »
dans le respect de la diversité des cultures et des spiritualités. »

trouvé dans NARTHEX cet excellent article :


Entre mélancolie et dépression : l’acédie médiévale dans le Livre des Fondations de Thérèse d’Avila (chapitre VII)

Publié le : 13 Août 2014
Le titre du Chapitre VII du Livre des Fondations de Thérèse d’Avila indique « Comment se comporter avec les mélancoliques. A lire impérativement par les supérieures. 

Le terme de mélancolie vient du grec : melan, noir et kholé, la bile, c’est la bile noire, selon la théorie des quatre humeurs de l’Antiquité (sang, lymphe, bile et atrabile), ces liquides organiques censés réguler notre tempérament. On ne connaît pas encore la circulation sanguine. La mélancolie est, dans la médecine et la philosophie grecques, une maladie de l’œil d’où naissent des illusions (Galien).
Platon, dans le Timée, localise la mélancolie dans le foie, qui sécrète la bile noire : « Le foie est un miroir qui présente des visions redoutables à l’esprit. » De même, Hippocrate, dans Maladies II, décelait dans le regard mélancolique « des visions effrayantes, des songes si affreux que parfois il voit des morts. » Le symptôme est à la fois une tristesse mortifère et un génie créateur, d’où la tendance au suicide que souligne déjà Aristote.


Au Moyen Age, entre le VIIe et le XIIe siècle, la mélancolie est considérée comme une œuvre du diable, comme elle l’est encore pour Thérèse d’Avila : « Cette malheureuse est incapable de se défendre contre les incitations du démon » (FVII, 3). C’est un des sept péchés capitaux, « acedia », l’acédie qui signifie en grec la négligence, l’indifférence. Elle concerne le moine, père du désert, qui prend en aversion le lieu où il est, son état de vie, les fatigues de l’ascèse et la charité, selon Evagre de Pontique, dès la fin du IVe siècle. L’acédie est ainsi une perte graduelle de l’ardeur spirituelle, « une anesthésie progressive et angoissante de l’âme qui se dessèche », d’après Adam Scot, au XIIe siècle. C’est un « taedium vitae », un dégoût de la vie.
Selon Thomas d’Aquin, l’acédie est un « ennui spirituel », il l’oppose à « la joie, note caractéristique de la vie contemplative. » Thérèse d’Avila partage avec Thomas d’Aquin l’idée que la mélancolie est une passion, à laquelle cède la volonté : « Quand on y réfléchit, on voit que ce qui les intéresse le plus est d’agir à leur guise, de dire ce qui leur passe par la tête, de dénoncer les fautes des autres pour dissimuler les leurs et de faire tout ce qui leur plaît, en somme, de se conduire comme des gens qui ne se maîtrisent plus. Des passions qu’on ne dompte pas par la mortification, qui vous poussent à faire ce qui vous plaît, où aboutiront-elles, si personne ne s’y oppose ? » (FVII, 3).

La spiritualité thomasienne veille à ne pas brusquer la sensibilité : « La supérieure peut éviter de leur donner des ordres quand elle sent qu’elle ne sera pas obéie, car elles n’ont pas la force de se forcer à obéir. Elle peut les traiter par la douceur et l’amour de façon à les amener, si c’est possible, à obéir par amour » (FVII, 9). Il faut éviter avec elles de trop longues prières et des jeûnes stricts. Par contre, Thérèse pense qu’il faut se montrer sévère, dès que la malade commence à « jeter le trouble dans le monastère » (FVII, 3).
La mélancolie est l’indice d’un certain manque d’amour, d’une pathologie narcissique, qui peuvent être très néfastes à la vie communautaire, car ils sont communicatifs : « Notre tempérament est si misérable que chacune croira souffrir de mélancolie pour bénéficier elle aussi de l’indulgence de la communauté » (FVII, 6).

A la fin du XIIIe siècle, l’acédie cesse d’être un péché réservé aux moines, elle concerne toutes les formes de paresse (négligence, manque de persévérance et d’efficacité, perte de temps), puis elle va s’étendre à tous les domaines de la vie sociale et économique (travail, famille, vie publique) dans une sécularisation des péchés capitaux. Le remède est une saine occupation. C’est ce que préconise Thérèse d’Avila : « Il faut bien voir que le meilleur remède consiste à les tenir occupées à des tâches pour empêcher leur imagination de vagabonder, car c’est la cause de tout leur mal » (FVII, 9).
Au XVIe siècle, la mélancolie baroque se joue des apparences, du monde à l’envers, de l’illusion théâtrale dans La Vie est un songe de Calderon, ou dans Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. C’est au XVIIIe siècle que le terme de « spleen » est employé pour la première fois en France par les philosophes Voltaire et Diderot. « Spleen » est un mot anglais qui signifie la rate sécrétant la bile noire. C’est un trouble lié au climat, surtout en Angleterre, et qui est ressenti par les adolescents et les femmes, il peut conduire au suicide. Le « mal du siècle » du XIXe siècle devient pour les écrivains romantiques une façon d’être au monde, une réponse digne à leur exil social, à leur douleur d’être et d’aimer. L’inspiration symboliste naît avec Les Fleurs du Mal de Baudelaire, dont la première section s’intitule « Spleen et Idéal ».
Thérèse d’Avila considère la mélancolie comme « une maladie grave », particulièrement « chez les femmes que leur faiblesse y expose » et qui « refusent d’admettre qu’elles sont malades » (FVII, 10). Vers 1900, on parlait de neurasthénie, aujourd’hui de dépression, d’états maniaco-dépressifs ou de troubles bipolaires. On découvre une autre face de l’individu performant : un être fragile et vulnérable.

jeudi 4 septembre 2014

Les femmes !!!! toujours les femmes, en BIEN et en MAL....GRANDEUR ET DESOLATION......



La semaine dernière, un bien triste lundi,  mon amie M. est décédée.



On pourrait presque parler de "libération " tant sa maladie l'a  physiquement consumée durant des mois et des mois.. Mais  aussi  insondable  "perte" tant cette "femme" a oeuvré dans le sens  du  "bien commun", pour l'élévation de l'esprit et la connaissance des cultures asiatiques.   Perte , ai je écrit ?  Non un  effondrement ! Qui saura mener à bien son oeuvre ? Nous le savons tous, rien ne sera plus comme avant, il faudra "contourner" le vide de son absence, de la perte de cette énergie que rien ne pouvait entamer.
Son dernier geste est donc un appel à transformation, à création à partir de ce qu'elle a fait.
C'est un geste " CLASSE" qui appelle à grandir .
M... est une grande DAME.

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Guillaume Apollinaire










 Sidérant, le coup mortel  porté par Valérie TRIERWEILER au Président des Français et donc à la France par son livre "Merci pour ce moment".

Car, bien que je ne l'ai pas choisi et quelque soit la désolation de  mes sentiments pour la capacité de  cet homme  à nous gouverner, IL  est le Président de mon Peuple, celui de la NATION.
A ce titre il mérite le respect.

Faut il que le sens de l'honneur ait disparu de la scène française pour qu'une ex compagne, certes bien mal répudiée, porte un tel coup à la fonction présidentielle.
Faut il que l'éducation de tout un peuple ait été balayée en quelques générations.  Il y a encore peu  les Français  portaient au coeur le noble  respect de l'honneur  de la France et de ceux qui ont été appelés démocratiquement à la gouverner.

Certes la France s'est trompée en élisant cet homme, nous le voyons tous les jours... Mais ce n'est pas en le roulant dans la boue qu'on résoudra les problèmes des français.

Je suis fatiguée par ces déballages et ces attaques qui ne sont qu'une manière de faire de l'argent, encore et toujours plus d'argent .
Des déballages d'une Dame qui aurait dû se taire et attendre pour "parler"que la situation mondiale soit moins explosive. Que sont ces petites phrases assassines à côté des gens massacrés en Irak, des morts en Ukraine, des personnes en recherche d'emploi, de la toute la souffrance du monde.  Des déballages de couples  qui n'intéressent personne et que les media devraient relayer à la place qui leur revient, la dernière. 

Dur contraste, des émissions télévisées  s'attardent sur les "Premières Dames" de la Cinquième République, et apportent la preuve que   nous n'eûmes jamais l'occasion d'en avoir  honte !

Couple pathétique.
Je le redoute : "couple fatidique", fossoyeur de l'idée même de démocratie qui sous la plume de l'ex compagne  prend des allures de cloaque puant.`
O ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Et des dédains et du soupçon  
Guillaume Apollinaire 






lundi 18 août 2014

"Urgence du temps présent" de Monique DURAND WOOD

Pour sortir des fumées d'encens et aller sur le parvis , cet article trouvé dans mes archives.
Il est d'une femme, je ne l'ai pas choisi pour cette raison mais pour sa grande humanité..
Ce n'est pas un hasard, les femmes ont une plus grande facilité à sortir du dogmatisme pour se pencher sur les plaies des hommes de  notre temps.





Urgences du temps présent


Une Église bienveillante envers toute l'humanité

     Cette attention bienveillante aux efforts humains, accomplis dans la diversité des cheminements individuels, n'appelle pas seulement les autorités mais tout l'ensemble des baptisés : à l'intérieur même des communautés, quitter les replis identitaires permettra d'ouvrir à une pleine communion fraternelle (comme cela se pratique déjà en des lieux de pauvreté comme les hôpitaux psychiatriques et les prisons) ; communion signifiée par le partage du Pain entre tous, justes et pécheurs, ou qui se croient tels, engagés ou hésitants, convaincus ou travaillés par le doute, monde qui espère ou qui seulement aspire... Car « Dieu a fait des chemins pour tous, écrivait la poétesse Marie Noël, pour les âmes de haut vol... et pour les chères petites âmes ».
     Rien de tel que le récit de « la multiplication des pains » (Mc 6,34-44) pour illustrer cette pratique de l'accueil envers tous. Ici, l''affluence pour écouter la parole de Jésus est considérable. « De toutes les villes on accourut là-bas à pied... » Pourquoi sont-ils si nombreux à faire la route ? Quelle parole libératrice les soulève, qu'ils n'entendaient pas au Temple ou à la synagogue ?  Peut-être étaient-ils tenus à l'écart, trop différents des bien-portants, des gens « normaux » (fidèles aux normes), et se sentent-ils maintenant accueillis tels qu'ils sont, avec leurs fardeaux, leurs douleurs, et leur soif non étanchée. Les deux interventions de Jésus pointent en ce sens.
La première montre une attention et une compassion sans bornes :
« Il  vit une foule nombreuse et il en eut pitié, parce qu'ils étaient comme des brebis qui n'ont pas de berger, et il se mit à les enseigner. »
La deuxième développe le partage des provisions sans exclusive : avec cinq pains et deux poissons, il nourrit la foule au point que  « Tous mangèrent et furent rassasiés » (6,42).
L'épisode, rapporté dans les quatre évangiles, met en évidence ce qui nourrit l'esprit humain : un enseignement qui parle au coeur et un partage communautaire sans jugement préalable sur les comportements : sans doute, dans cette foule, y a-t-il des  personnes aux actions honnêtes, et d'autres aux actions peu recommandables. « Cet homme-là mange avec les prostituées et avec les pécheurs », sera-t-il reproché ailleurs à Jésus. Oui, cet homme-là, habité par l'Esprit divin qui souffle où il veut et parle en toutes langues, honore la pluralité des attentes humaines.

Un réveil audacieux de l'ensemble des baptisés 

 La deuxième urgence découle de la première, mais aussi de la situation générale de l'Église aujourd'hui, notamment en Europe. Si le peuple chrétien, en « tous ses états », se sent accueilli dans toutes ses pauvretés, dans ses attentes et dans son espérance, même si celle-ci demeure floue, s'il revient dès lors pas à pas vers cette Eglise à tous ouverte, des laïcs pourront prendre en charge les communautés nouvellement créées. Une urgence, qui pourrait relever de leur responsabilité, serait de maintenir ouverts les nombreux lieux de culte désertés, dans les banlieues et les provinces. Des rencontres se tiendraient là régulièrement : groupes de réflexion, de paroles et de prière si possible oecuméniques, partages festifs, célébrations en absence de prêtres, et, pour des laïcs formés à cette tâche : accompagnement de personnes en difficulté. Les « correspondants » de ces églises locales, élus pour une certaine durée, pourraient être appelés diacres ou diaconesses. 
En ce domaine du diaconat, qui reprendrait tout son sens de service rendu dans la communauté, il serait de la plus élémentaire justice de reconnaître aux femmes engagées leurs divers charismes ; et d'attribuer, aux responsables de ces lieux communautaires notamment, le titre de diaconesse ou de diacre femme.  « En ces jour-là, rappelait  l'apôtre Pierre citant le prophète Joël,  je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit...  » (Ac 2,17-18, citant Joël 3,1-5).


Une parole d'Église rendue légitime en matière d'éthique

     Une troisième urgence aujourd'hui, axée sur l'écoute des problèmes du monde les plus aigus, concerne ce qui a trait à l'éthique, à l'évolution des moeurs et des pratiques, et plus généralement aux mouvements de la société.
     Il paraît indispensable en ces domaines, pour faire entendre au monde sécularisé la parole d'une Église vivante, plurielle et bienveillante, d' insister sur deux démarches :
- Introduire dans l'Eglise la parité homme-femme dans toutes les réflexions et propositions.
-  Faire en sorte que puissent s'exprimer et se faire entendre, au même titre que d'autres « experts », les hommes ou femmes laïcs touchés de près dans leur existence par les questions de société et de moeurs  : ayant traversé l'expérience d'une situation humaine difficile, pourvues d'une connaissance intime des épreuves familiales, et témoignant d'une ouverture de coeur et d'esprit suffisantes pour les aborder dans le respect de toutes les trajectoires humaines, avec la miséricorde du Christ.
     Ainsi l'Eglise du Christ, de celui que nous reconnaissons comme le Verbe incarné, restera ce lieu désiré dès l'origine comme révélateur, d'une part, de la pleine humanité de Dieu, d'autre part, de l'appel lancé vers tout être humain à devenir enfant de Dieu.


Monique Durand Wood,


Monique Durand Wood, est formatrice, théologienne, ancien aumônier  de Centre Hospitalier Spécialisé, membre du comité de rédaction de la revue Souffles, organe de l'association « Traverses  » (anciennement « Chrétiens en Santé Mentale »), auteur de l'ouvrage : Ajouter foi à la folie, petite théologie pratique de la maladie mentale en pastorale hospitalière,  Cerf (2009, réimprimé en 2011),
Lire aussi : « Le délire religieux : un défi pour la pastorale ou un éclairage pour la foi ? », La Vie Spirituelle, juillet 2010. Animatrice de sessions de méditation biblique à la Maison de Tobie, fondée par Frère  Benoît Billot,