mardi 25 novembre 2014

Lettre ouverte à un ami grand défenseur de la cause féminine dans l'Eglise Catholique


Cher Ami,
Votre lettre m'a fait du bien.
Le soutien d'un esprit éclairé  dans ce combat des femmes pour exister en totale  responsabilté  dans une Eglise qui d'ailleurs ne pourrait survivre sans leur inlassable et fidèle engagement,  me conforte dans ma critique de la hiérarchie catholique romaine.
Vous notez que notre oscillomètre montre des écarts de positionnement difficile à suivre.
C'est vrai, critique et recherche d'écoute de qui ne veut surtout pas entendre entraîne bien sûr des "affolements" de la petite aiguille, il est difficile de se situer devant une telle discrimination sauf à renoncer et partir.
Mais, voilà,  je ne suis pas aussi radicale que vous.  Je ne sais pas l'être  sauf dans les cas extrêmes où véritablement les bornes ont été dépassées. Et dans ce cas  la rupture devient bien sûr  tout à fait possible .


Je ne crois, je n'ai jamais cru, à la corruption totale des individus, des groupes humains.
Je ne l'ai jamais pensé de mes adversaires, ni même de ceux qui se sont considérés comme mes ennemis.
Je ne saurais donc penser  mon Eglise irréductiblement misogyne et ennemie de mon genre.
Je ne saurais donc penser qu'elle s'entête à   planter en dehors de toute raison théologique    des palissades d'interdictions pour endiguer le juste désir des femmes d'accéder au presbyterat.
Peut-être est elle seulement terriblement limitée par le fait que depuis des siècles, elle ne s'est pensée et représentée que dans les normes de  la suprématie masculine.


Mon Saint préféré ( et Dieu sait que je ne fréquente guère les saints) est Saint François d'Assise.
Il  m'a accompagnée durant toute ma vie,  par hasard et aussi  par  choix,  homme à  la fois radical mais aussi tellement confiant  dans l'homme et dans la miséricorde du Père.

Avec lui, il  y a toujours une brèche qui laisse passer la lumière de l'amour.

Tout rejeter, tout et tous,  serait  se rejeter soi même .
Qui peut dire n'être pas  corrompu dans quelque endroit secret, peut-être le lieu qui sent le plus mauvais, de son être ?


Je ne rejette pas mon Eglise même si je fulmine, même si je me fais violence ( eh oui !!! ) je ne la rejette pas, vers qui irais je ?
Je parle, j'écris....
Je reviens à Saint François, et son extraordinaire rencontre avec le Sultan...Bien sûr, il voulait certainement le convertir , mais il l'a fait avec tant d'amour, de respect, de cette tendresse qu'il portait à la création et aux créatures, que la rencontre a eu certainement des effets,  en profondeur dans la rencontre de la différence, dans ce qu'elle apporte de richesses.

C'est ce que je cherche Paul, la rencontre dans la différence.je ne jette pas aux orties nos jeunes prêtres. Ils m'irritent bien sûr, souvent me blessent, mais je les assume comme j'assume les différences de mes propres enfants. Ils sont d'Eglise, ils sont donc "MIENS"
 Et je tiens bon dans le dialogue, dans la rencontre. Tant qu'il y aura une voix rien ne sera perdu et j' entends de plus en plus de voix masculines  qui s'ajoutent aux nôtres.
C'est la reddition  qui serait  mortelle ! Il nous faut préparer le chemin de "DEMAIN" par la prise de parole.
Je suis persuadée que ce mouvement de balancier se fera court....Et si  ce n'était pas le cas, continuons, continuons avec constance mais aussi avec "tendresse", car l'Eglise courrait alors  un vrai risque mortel.

La  TENDRESSE-!!!!J'emploie souvent ce mot  car notre époque  m'en semble dramatiquement dépourvue. Même les enfants en sont quelques fois privés, non par manque d'amour mais par manque de temps, de disponibilité.
Il y a de l'amour, de la passion mais de cette simple et si fertile "tendresse"?  Nous sommes devenus trop compliqués, trop raides, trop dogmatiques, trop idéologiques  pour la tendresse. Il y faut une âme simple

.La modération  est dans mes gênes,
Je suis une fille des vignes, d'un pays pas tout à fait plat et seulement un peu vallonné qui s'ouvre à l'ouest sur l'immensité de  l'océan et au sud sur la sombre profondeur des forêts landaises. Ce n'est pas un pays de contraste mais de diversités.
Chaque colline ensoleillée de Saint Emilion, ou des 1eres côtes   porte un cru réputé, la plaine des graves offre les fleurons des Bordeaux et les bords de la Gironde les Médocs . Chaque vin a son caractère, on peut préférer l'un à l'autre, on ne peut en rejeter aucun.
C'est affaire de goût, de sensibilité, de culture., et même de moment.

Ce pays, ni plat, ni accidenté,   débouche pourtant  sur l'Océan à la fois  limite et  ouverture sur l'infini. Les pas s'arrêtent, il n'y a que deux solutions : se jeter dans la fureur des  vagues ou élever son âme vers le firmament.

A trop regarder l'incandescence des couchers de soleil je n'ai plus la  vigueur et l'audace du nageur, mais j'ai la constance de l'adoration qui me conforte dans la constance de la demande à plus de "justice " et de "charité" pour la condition des Femmes dans notre Eglise.
 Bonsoir Paul amitiés à  partager avec votre épouse.



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