jeudi 18 avril 2013

Allons, Jacqueline, il faut être réaliste.....






La lutte contre les discriminations dans l’Eglise,   quelles soient sexistes ou concernent les pratiques sexuelles,  est un de mes combats. Nous sommes nombreux et nombreuses sur le front.                                                                                                                                                                                                                   Mais je vais plus loin que beaucoup et demande l’annulation de l’empêchement au sacrement de l’ordination pour les femmes.

« Allons, Jacqueline, il faut être réaliste »-  me répond une amie -  « demander la prêtrise est donner des verges pour se faire battre » !

Peut-être ! Certes,  le sujet n’est pas facile et sujet à controverses pour ne pas dire appel à  sanctions.
Mais je suis une femme réaliste, très ancrée dans le monde  et  je maintiens mon appel.
La vie m’a conduite avec une verge de fer .


Lorsque je croyais tout acquis, je perdais tout et recommençais.

Mais, j’avais affaire à la « fatalité ». On ne peut rien contre la maladie,  on se bat jusqu’au point du jour.  Et soudain  comme un coup de poignard   au cœur, on sait  que la bataille est définitivement perdue.
J’avais affaire à des hommes de chair et d’os, des hommes de pouvoir, qui portaient beau et tapaient fort, mais savaient bien que leurs chevilles étaient d’argile.
J’avais affaire à des femmes qui en  voulaient et le montraient. Cruelles parfois, mais terriblement humaines et courageuses.
J’avais affaire à un monde vivant  pétri d’illusions de  puissance,  de grandeurs, de générosités, de faiblesses et de mensonges.  J’avais affaire à quelque chose de connu, quelque chose qui me ressemble.

Dans le combat pour la suppression de la discrimination sexiste dans l’Eglise, nous ne sommes pas dans le même registre, nous ne sommes pas dans le même monde.

En effet, nous sommes ici placés devant un  vol, un rapt du sacré et une appropriation de La Parole par un seul sexe au détriment de l’Autre.

Et même si dans le fonds de leur cœur nos Ministres sacrés,  comme ils aiment à s’appeler, savent qu’il faut « faire quelque chose » parce que cette injustice à l’égard des femmes est devenue trop intolérable  à nos mentalités modernes, changer serait avouer.
Avouer  le montage savant  élaboré et  colporté de siècles en siècles sur la nature bien particulière et complémentaire de la femme aux fins de la contenir dans des rôles subalternes.  Un monde à niveaux, un monde où chacun selon son sexe prend la place désignée à l’avance.

Et cela,  comment pourraient ils  publiquement l’avouer aux consciences frileuses de notre catholicisme d’aujourd’hui    ?

Je comprends leur problème.

Le rapt du sacré, s’est fait tout simplement.  Le sacré  était une part du pouvoir transmis par l’imposition des mains.

La femme appartenait au mari, au père,  au clan. Sa mission était de donner des fils.  Noble mission dans un monde où  les morts en couches et la mortalité infantile  étaient si fortes  qu’on aurait pu croire à une guerre.

Comment aurait on pu  transmettre un pouvoir par l’imposition des mains à une personne appelée  à toujours être sujet d’une autre,  sans liberté du corps et de conscience  de la naissance à la tombe ? Pourtant que de martyrs féminins. Que de saintes. Que d’amour chez ces femmes.

Comment revenir sur tout cela et dire «  Cette époque est terminée, maintenant, nous sommes appelés à vivre autre chose à égalité de droit et de devoir » ?

Seul l’Esprit Saint peut donner  à nos Ministres, le courage de Pierre et de Paul, pour abattre les vieilles lois gravées dans la pierre de la Tradition et écrire dans la chair une nouvelle loi.
Vitrail d'Arnaud de Molles
Sainte Marie d'Auch
Adam et Eve
La loi éternelle de  la « Génèse », « homme et femme Il les fit à égalité de responsabilité et de droit. »

Ils accepteront plus facilement la reconnaissance de l’homosexualité que l’entrée  du  féminin dans  la sphère sacrée. Le sexe féminin, cet inconnu, cette fascination et ce dégoût !
Des femmes ? Oui, mais contrôlées, limitées, soumises.

Alors que faire pour se faire entendre ?
Je crois qu’il faut être « droit dans ses bottes », parler vrai et  sans crainte. Dire à temps et contre temps ce que l’on veut. Même si cela nous condamne à être rejetées.
 Autrefois on mettait les insoumises  dans les geôles  ou sur le bûcher comme Marguerite Porette brûlée le 1er Juin 1310 avec son livre « Le Miroir des âmes simples et anéanties ».(1)
Aujourd’hui on les pousse doucement dans le placard de la « non-existence ».

Je sais, nos demandes ne seront vraiment entendues que lorsqu’on aura un impérieux besoin de nous. Ce sera long, très long, et ce d’autant plus long que les femmes n’auront pas le courage d’apporter à l’Eglise une vraie parole de femme.

Dans ce temps de patience,  il nous faut des femmes qui brûlent,  écrivent, font des films, peignent, composent. Il nous faut  des artistes, des cœurs qui inventent de nouveaux gestes de l’amour de l’Autre et s’imposent dans l’Eglise. Il nous faut des amoureuses du Christ qui n’ont pas  peur  de sortir du cadre des conventions et de le faire savoir  comme nos valeureuses religieuses américaines.

Oublions le service de la servante, pour enfin entrer dans le service de la créatrice, la seule vraie servante, celle qui par un geste de transgression, que nulle mémoire ne peut oublier,  oint les pieds du Seigneur et se sert pour les essuyer  du plus parlant des symboles de la féminité, sa chevelure. (2)

La création est prophétique, elle oublie prudence, calculs et petits arrangements Ne soyons pas les éternelles « aides » à une institution  à bout de souffle. Soyons  les réceptacles obéissants  de l’Esprit créateur.
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jacqueline LACH-ANDREAE

AVitrail d'Arnaud de Molles - Cathédrale Sainte Marie d'Auch
Jésus ressuscité Thomas : l'incrudilité
Marie de Magdala : l'amour inconditionnel.

Notes :
 Cette béguine mystique et très savante, avait pour tout hérésie de prétendre vivre son amour du Christ dans la liberté, sans se référer à une règle ecclésiastique .

2 –Mc 14,3-9 ; Mt 26,6-13 ; Jn 12,1-8 ;  Lc 7,36-38
3731 caractères.

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