lundi 22 avril 2013

Comme un Tsunami de la mémoire le récit des avortements clandestins du Burkina Fasso fait émerger de l’oubli notre propre histoire.








« Nous devons  toujours garder à l’esprit qu ’aucune  femme  n’opte  pour l’avortement avec joie et que l’interruption d’une grossesse ne sera jamais  une partie de plaisir,  un acte anodin. » 
La chute de la dissertation d’Alizata  KOUDA  ,  après le récit du calvaire enduré par ces jeunes femmes  dresse bien la question.
Comme l’a si bien résumé Christine PEDOTTI «  Soyons sérieux, on n’est pas pour l’avortement, pas plus qu’on est pour la guerre. Mais parfois, il faut faire la guerre. »


L’interruption de grossesse   pratiquée clandestinement  est une pratique à haut risque  dont les plus anciennes d’entre nous ont bien connu par le ouïe dire ou l’expérience  les effets.

En effet, le libre choix de la maternité par les méthodes contraceptives et le droit  à l’avortement  dans de bonnes  conditions médicales   est un acquis très récent,
Les françaises  le doivent aux luttes du  Mouvement français pour le planning familial, commencées dès 1960.   Par un effet d’effacement  de la mémoire collective, il nous arrive  d’oublier tout le chemin parcouru par le législateur sous la pression  de ce mouvement. Nous oublions aussi   l’évolution des mentalités  des familles.
 Longtemps considéré  comme  un crime  et passible de prison en France,  l’avortement  se faisait dans le déni  des familles.   Pour les catholiques, il était  jusqu’à ce que Benoît XVI en Août 2011 autorise officiellement  les prêtres à absoudre les femmes l’ayant subi, cause d’excommunication ; 
C’était la fosse aux serpents du déshonneur, de  l’abandon, du lâchage, le noir de la solitude morale.

Le texte  d’Alizata KOUDA, par sa délicatesse, son extrême humanité nous replonge dans ces histoires  de femmes encore soumises à un ordre patriarcal sans tendresse  ni concession pour la faiblesse amoureuse  des femmes. Un ordre d’autant plus rigoureux et inhumain qu’il cherche à  dédouaner de toute responsabilité  les partenaires  avoués ou clandestins.

« Mais un beau matin vous faites un test suite  à un retard dans votre cycle menstruel, quand vous voyez les deux traits roses, c’est toute une vie qui semble s’effondrer devant vous.  (…) Dans un coin de votre chambre d’université vous gémissez seule sans une oreille pour vous écouter.  Finalement vous vous souvenez qu’au détour d’une conversation, une amie avait parlé d’un monsieur qui faisait des miracles moyennant une somme de vingt cinq mille francs CFA. »

La jeune femme va chez le faiseur de miracle, « sans réelle préparation mentale, en pensant qu’en cinq minutes ce sera fini. »
Et c’est le moment le plus tendu du récit.
 « …il vous dit de vous allonger sur la natte. Vous êtes comme dans un rêve. Vous en êtes vite tirée par la douleur vive qui traversera vos entrailles. Muni de deux rayons métalliques pour vélos, aiguisés, le faiseur de miracles vous transperce le col de l’utérus pour l’ouvrir, tout en vous intimant l’ordre de na pas crier sous peine d’être renvoyée d’ou venez. Vous vous mordez la main jusqu’au sang pour étrangler ce cris qui ne cesse de monter. Il continue de piquer inlassablement. Votre calvaire semblera durer une éternité durant laquelle votre vie défile : Ma vie… Vous maudissez vos parents, votre petit ami et surtout vous-même… »
Enfin quand le faiseur de miracles dit, « lève-toi,  c’est fini «  vous ne sentez plus vos jambes. Il vous faudra quelques minutes pour retrouver votre motricité. Il vous remet un gros morceau de coton pour retenir le sang et vous laisse partir sans aucun antibiotique ni ordonnance…»

Comment ne pas voir émerger  bien vivantes de nos mémoires ces « Faiseuses d’anges » qui travaillaient en dehors de tout respect d’hygiène et l’hôpital où les  jeunes femmes sorties de leurs mains   échouaient pour être  « curetées »  quelques fois avec mépris et violence.

La narratrice  s’en tire, mais elle ne veut pas nous laisser sur ce « happy end ».

Une amie qui lui est si chère doit se marier dans les deux mois  quand  elle découvre qu’elle est enceinte de son futur mari qui  voulant un « mariage religieux en bonne et due forme »    refuse cette grossesse. 
Elle,  ne veut pas déshonorer sa famille : « Sa mère bien aimée mourrait de chagrin si elle venait à l’apprendre. » Les amies alertées  la dissuadent d’avorter. «  Mais quand une femme décide vraiment d’avorter rien ni personne ne peut l’en dissuader ».
Elle le fait dans un petit village. « Durant des jours elle l’a caché à tous. Souffrant seule et buvant des décoctions censées éviter l’hémorragie et les infections. Quand elle s’est décidée à aller à l’hôpital,  elle a reçu une leçon de morale en lieu et place de soins avant de se faire injurier et traiter de criminelle »  Elle n’était pas dans les priorités.

Conduite dans une clinique privée, « en quelques heures elle est passée de vie à trépas »
(…) « Lorsque la famille apprit la cause de son décès, j’ai pris - écrit elle – toute la mesure de l’égoïsme, de l’hypocrisie et de la cruauté humaine. Son fiancé a feint de ne pas savoir qu’elle était enceinte et demandait pourquoi elle en est arrivée là. »
(…) « Son père fut celui qui m’a la plus choquée, le regard vide mais déterminé, il jurait que le corps de cette fille impie ne franchirait pas le seuil de sa concession . Cette fille en qui il avait placé ses espoirs l’avait déshonoré. Cette fille mécréante avait osé penser  à ôter une vie. La vie humaine, œuvre de Dieu, cette vie sacrée parmi les choses les plus sacrées. 
Un seule envie me taraudait l’esprit : étouffer ses paroles sans humanité indigne d’un père. Comment osait-il parler du caractère sacré de la vie, lui qui est un fervent militant de la peine de mort ? Lui qui s’extasie lorsqu’un voleur est battu à mort par une foule ou qui contribue à sa mise à mort ? Une vie n’équivalait-elle pas à une autre ? Et la vie de sa fille ? N’était-elle pas sacrée ? « .

Par la suite Alizata apprit qu’elle fut enterrée le lendemain de son décès dans la discrétion la plus totale. «  Cette honte devait rester en famille et servir de leçon à ses autres filles. Il les renierait si elles avaient le malheur de tomber enceinte avant le mariage. Jamais il ne leur pardonnerait ce sacrilège même dans la mort ».

Les familles, l'honneur du clan  se situent dans les entrailles de la fille. Là est le coeur du sujet.
Une femme doit procréer , mais dans les limites de la loi du clan. Faire un enfant n'est plus un choix, une jubilation, un partage, c'est le lot d'une bonne ouvrière encadrée, c'est le lot d'une bonne "reproductrice. Le Père est le gardien du troupeau. Qui déroge est condamné.
Sommes nous encore si loin de ces condamnations familiales ? 


Ce texte douloureux d’Alizata KOUDA  a été récompensé par le 1er prix de la dissertation,   organisé par la Fédération Internationale pour la Planification Familiale ( IPPF)  du Burkina Fasso à l’occasion de la célébration de ses  60 ans. 
Alizata jette un regard critique, et humain, elle  interpelle  et nous remet en mémoire nos propres parcours.

Le droit à l’avortement, un sujet tabou ?


Jacqueline LACH-ANDREAE sur le texte magnifique Alizata , cliquer sur le lien ci-dessous.






jeudi 18 avril 2013

Allons, Jacqueline, il faut être réaliste.....






La lutte contre les discriminations dans l’Eglise,   quelles soient sexistes ou concernent les pratiques sexuelles,  est un de mes combats. Nous sommes nombreux et nombreuses sur le front.                                                                                                                                                                                                                   Mais je vais plus loin que beaucoup et demande l’annulation de l’empêchement au sacrement de l’ordination pour les femmes.

« Allons, Jacqueline, il faut être réaliste »-  me répond une amie -  « demander la prêtrise est donner des verges pour se faire battre » !

Peut-être ! Certes,  le sujet n’est pas facile et sujet à controverses pour ne pas dire appel à  sanctions.
Mais je suis une femme réaliste, très ancrée dans le monde  et  je maintiens mon appel.
La vie m’a conduite avec une verge de fer .


Lorsque je croyais tout acquis, je perdais tout et recommençais.

Mais, j’avais affaire à la « fatalité ». On ne peut rien contre la maladie,  on se bat jusqu’au point du jour.  Et soudain  comme un coup de poignard   au cœur, on sait  que la bataille est définitivement perdue.
J’avais affaire à des hommes de chair et d’os, des hommes de pouvoir, qui portaient beau et tapaient fort, mais savaient bien que leurs chevilles étaient d’argile.
J’avais affaire à des femmes qui en  voulaient et le montraient. Cruelles parfois, mais terriblement humaines et courageuses.
J’avais affaire à un monde vivant  pétri d’illusions de  puissance,  de grandeurs, de générosités, de faiblesses et de mensonges.  J’avais affaire à quelque chose de connu, quelque chose qui me ressemble.

Dans le combat pour la suppression de la discrimination sexiste dans l’Eglise, nous ne sommes pas dans le même registre, nous ne sommes pas dans le même monde.

En effet, nous sommes ici placés devant un  vol, un rapt du sacré et une appropriation de La Parole par un seul sexe au détriment de l’Autre.

Et même si dans le fonds de leur cœur nos Ministres sacrés,  comme ils aiment à s’appeler, savent qu’il faut « faire quelque chose » parce que cette injustice à l’égard des femmes est devenue trop intolérable  à nos mentalités modernes, changer serait avouer.
Avouer  le montage savant  élaboré et  colporté de siècles en siècles sur la nature bien particulière et complémentaire de la femme aux fins de la contenir dans des rôles subalternes.  Un monde à niveaux, un monde où chacun selon son sexe prend la place désignée à l’avance.

Et cela,  comment pourraient ils  publiquement l’avouer aux consciences frileuses de notre catholicisme d’aujourd’hui    ?

Je comprends leur problème.

Le rapt du sacré, s’est fait tout simplement.  Le sacré  était une part du pouvoir transmis par l’imposition des mains.

La femme appartenait au mari, au père,  au clan. Sa mission était de donner des fils.  Noble mission dans un monde où  les morts en couches et la mortalité infantile  étaient si fortes  qu’on aurait pu croire à une guerre.

Comment aurait on pu  transmettre un pouvoir par l’imposition des mains à une personne appelée  à toujours être sujet d’une autre,  sans liberté du corps et de conscience  de la naissance à la tombe ? Pourtant que de martyrs féminins. Que de saintes. Que d’amour chez ces femmes.

Comment revenir sur tout cela et dire «  Cette époque est terminée, maintenant, nous sommes appelés à vivre autre chose à égalité de droit et de devoir » ?

Seul l’Esprit Saint peut donner  à nos Ministres, le courage de Pierre et de Paul, pour abattre les vieilles lois gravées dans la pierre de la Tradition et écrire dans la chair une nouvelle loi.
Vitrail d'Arnaud de Molles
Sainte Marie d'Auch
Adam et Eve
La loi éternelle de  la « Génèse », « homme et femme Il les fit à égalité de responsabilité et de droit. »

Ils accepteront plus facilement la reconnaissance de l’homosexualité que l’entrée  du  féminin dans  la sphère sacrée. Le sexe féminin, cet inconnu, cette fascination et ce dégoût !
Des femmes ? Oui, mais contrôlées, limitées, soumises.

Alors que faire pour se faire entendre ?
Je crois qu’il faut être « droit dans ses bottes », parler vrai et  sans crainte. Dire à temps et contre temps ce que l’on veut. Même si cela nous condamne à être rejetées.
 Autrefois on mettait les insoumises  dans les geôles  ou sur le bûcher comme Marguerite Porette brûlée le 1er Juin 1310 avec son livre « Le Miroir des âmes simples et anéanties ».(1)
Aujourd’hui on les pousse doucement dans le placard de la « non-existence ».

Je sais, nos demandes ne seront vraiment entendues que lorsqu’on aura un impérieux besoin de nous. Ce sera long, très long, et ce d’autant plus long que les femmes n’auront pas le courage d’apporter à l’Eglise une vraie parole de femme.

Dans ce temps de patience,  il nous faut des femmes qui brûlent,  écrivent, font des films, peignent, composent. Il nous faut  des artistes, des cœurs qui inventent de nouveaux gestes de l’amour de l’Autre et s’imposent dans l’Eglise. Il nous faut des amoureuses du Christ qui n’ont pas  peur  de sortir du cadre des conventions et de le faire savoir  comme nos valeureuses religieuses américaines.

Oublions le service de la servante, pour enfin entrer dans le service de la créatrice, la seule vraie servante, celle qui par un geste de transgression, que nulle mémoire ne peut oublier,  oint les pieds du Seigneur et se sert pour les essuyer  du plus parlant des symboles de la féminité, sa chevelure. (2)

La création est prophétique, elle oublie prudence, calculs et petits arrangements Ne soyons pas les éternelles « aides » à une institution  à bout de souffle. Soyons  les réceptacles obéissants  de l’Esprit créateur.
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jacqueline LACH-ANDREAE

AVitrail d'Arnaud de Molles - Cathédrale Sainte Marie d'Auch
Jésus ressuscité Thomas : l'incrudilité
Marie de Magdala : l'amour inconditionnel.

Notes :
 Cette béguine mystique et très savante, avait pour tout hérésie de prétendre vivre son amour du Christ dans la liberté, sans se référer à une règle ecclésiastique .

2 –Mc 14,3-9 ; Mt 26,6-13 ; Jn 12,1-8 ;  Lc 7,36-38
3731 caractères.

samedi 6 avril 2013

Lettre à ma petite fille,



Mon petit bouton de rose. Si jolie, si fragile et si forte.
Petit cheval courageux comme le fut ta mère et peut-être comme  je le fus à ton âge  ainsi que semble l'avouer une photo prise dans la rue comme cela se faisait à mon époque avare de clichés familiaux spontanés.
Pas décidé des petites filles à qui le monde appartient.

Il n'est pas si simple à tenir ce pas, ma chérie. Oh non...Mais il te faut garder ce pas de conquérante. Toujours ! Jusqu'au jour de ta mort, car vois tu , ils seront nombreux à vouloir t'engager dans d'improbables impasses....
Mets ton GPS en action et ne le quitte pas d'un instant.

Je pourrais t'écrire sur les études, les choix à faire, ceux qu'il faut éviter. Les amours, les mensonges, les trahisons et les îles de bonheur si belles qu'on croit les avoir au Ciel volées.
Je pourrais t'écrire tout cela.

Mais ce soir, penchée sur mon clavier, je voudrais te parler de Dieu et de ceux qui en parlent.

De Dieu, je n'ai rien à te dire, je vois son amitié dans tes yeux. Je vois que tu comprends de l'intérieur. Je sens en Toi sa présence. Et j'ai la plus grande des confiances. C'est une amitié qui ne nous quitte jamais. Oh des infidélités, il y en aura, mais, vois tu,  elles seront de ton fait. Lui ne te quittera jamais, même lorsque tu l'accuseras d'être muet.
Lorsque dans l'enfance cette amitié naît d'un rien, sans raisonnement, comme naît le printemps, il ne faut pas avoir peur, c'est pour toujours, c'est qu'il a versé dans ton coeur l'élixir du bonheur.

Non, je voudrais te parler des autres, ceux qui le servent et font tout pour qu'on arrive à croire qu'ils le possèdent.
Tu ris ! On ne peut posséder Dieu!
Bien sûr que NON!  Pourtant certains font semblant de le croire, il faut faire ceci, il ne faut pas  faire cela, les filles ne doivent pas être servants d'autel, les femmes  doivent se taire comme la Vierge Marie qui garde tout en son coeur. Les femmes ne peuvent être ordonnées.
Oui da, et dans le même temps qu'ils disent doctement qu'être ordonné  c'est "SERVICE" (et c'est vrai!) , ils tiennent toutes les manettes et en excluent d'office les filles !

OUI, Ils te diront souvent  : Tais toi.
 Il faut seulement laisser parler ceux qui sans vergogne se posaient  déjà la question " lequel d'entre eux pouvait être le plus grand ? Luc 9,46- Mt 18,1-5 Mc 9,33-37.
Imagine : marcher aux côtés de Jésus et se poser la question " Qui est le plus grand "!!! .....
Le monde des hommes! Le monde du pouvoir! Jusque dans les choses les plus simples et les plus intimes,  ils mettent une petite dose de pouvoir.

Une fille se poserait la question, qui est la plus belle....Et on peut être belle de mille façons, avec son corps, son âme, son intelligence.
Il y eut de grandes beautés aux côtés de Jésus. Ouvre ton Evangile et  suis les. Elles ne font pas de grands discours, on ne laissait pas parler les femmes.
Seul Jésus, au grand dam de ses amis, parlait aux femmes, même à celles qu'il ne connaissait pas, même à l'étrangère-ennemie, la Samaritaine.
Mais lorsqu'elles ont compris qui leur parle ,  elles laissent tout en plan, la cruche, les parfums, pour annoncer la Bonne Nouvelle : Il est le Messie. Il est vivant !!!!!

Je vais te raconter une histoire
Un autre jour, dans un  banquet où elle ne devait pas être, Marie "s'incruste"? Scandale parmi les invités . Elle "prend  alors une livre d'un parfum de nard pur de grand prix,  et oing  les pieds de Jésus, les essuie avec ses cheveux et la maison en est toute parfumée ". Oh la bonne odeur de l'amour !!!

Elle met au service de son amour la beauté de sa chevelure pour essuyer les pieds fatigués de Jésus  qu'elle a  enduits d'un parfum de grand prix !!!!!!

Ce ne sont pas les gars du pouvoir qui auraient pensé à une chose pareille. D'ailleurs ils ont critiqué :
"Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers pour les donner aux pauvres ?"
Eh oui, ces gens là sont quelques fois limités. La gratuité de l'amour fou, ils ne connaissent pas.

Alors ma petite fille, sois libre, vraiment libre. Ecoute ton coeur.
Ils ne voudront pas de toi pour le service de l'autel, tant pis. Qu'ils se le gardent.
Ils ne voudront pas de toi pour le sacerdoce, une femme, vous pensez  !!!! tant pis qu'ils se le gardent.

Jésus est ailleurs, il est tout au coeur de nos vies. Et il répète aux bornés " En vérité, je vous le déclare, partout où sera proclamé l'Evangile dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d'elle, ce qu'elle a fait". ( Marc 14,9)

Juste un petit mot pour la route .
 Le matin , alors que les hommes se terraient, apeurés - à juste titre, il faut bien le dire - les femmes sont allées au tombeau. Elles voulaient rendre les derniers soins au corps de Jésus , ceux de l'embaumement.
OUCH !  La pierre était roulée, le tombeau était vide .... Seul une sorte de jardinier  qui l'a appelée "Marie". A son nom elle l'a reconnu :  Rabbouni" !!!!!

Laisse toi appeler par ton nom et librement cours vers les autres pour leur dire"
Il est vivant, je l'ai rencontré.
Sois libre et sans peur ma fille.
Le Seigneur n'a rien à faire de petites poulettes de basse-cour, il aime les grands oiseaux migrateurs qui sillonnent le ciel.
Ecoute ton coeur. Garde ton pas conquérant.
Mamy.


Printemps....quand tu nous tiens.




Au printemps, au printemps
et mon coeur et ton coeur sont repeints au vin blanc. ( Brel )


Le printemps, c'est connu, n'est pas une saison anodine. Brutale montée de la sève,  fougue des feuilles qui se déploient, couleur qui reprend ses droits, l'air qui  se fait plus sonore et même la pluie qui n'est pas morose.
C'est l'instant du renouveau, l'instant des surprises,  l'instant qui me fait dire,    pince moi que j' y crois  : je suis vivante !

Oui, j'aime le printemps. 
Tous les printemps !  Celui de la nature, le printemps de la politique, le printemps de l'Eglise tout cela rassemblé en un tableau culte , le magnifique"printemps" de Botticelli.

Je m'en souviens , c'était au temps de mon mariage, à Florence au Musée des Offices, le choc.
Mille fois je l'avais contemplé dans les livres d'art. J'en connaissais croyais-je chaque millimètre carré. Non, je ne savais rien de lui, tout juste une évocation  ! A peine sorti des mains des restaurateurs, il explosait, alors,  de couleurs,  de fraîcheur,  de vie et de joie.

Oui, j'aime le printemps.
 Sandro Botticelli Musée des Officies. Florence.

Le printemps en politique ? Un peu pluvieux comme dit le Président.  Un vrai temps d'Avril semé de rafales de vent glacial, de poussées de fièvres dans la rue, du monotone tac tac tac de la pluie dans la gouttière de la crise.
Quand cela s'arrêtera-t-il se lamente-t-on au  coin des cheminées. Une petite flambée ne fait pas de mal à l'heure qui est.
Un printemps de crainte et  d'angoisse du lendemain.
Mais non, mais non c'est quand même le printemps 

Un printemps à mettre des bottes ? Seigneur, un fou dans la lointaine Asie, s'essaie à jouer les terreurs galactiques  et lance  imprécations et  menaces....
Souvenir des années 50, Buck Danny et son bel avion de chasse US Air Force, Miss Susan, Spirou, la tendre  jeunesse.
Enfants, nous y jouions. Assise sur le porte bagage de mon frère, j'étais Miss Susan, la bonne   infirmière. Mon frère me larguais...Parachutée , je partais soigner les blessés dans la jungle.
Un temps de printemps à mettre des bottes de sept lieues pour botter le cul  de cet enfoiré.

Mais si, mais si, je vous le dis c'est le printemps !


Un printemps dans l'Eglise ?  Oui, un tout petit printemps, mais à l'oeil coquin et libéré de componction.  Fraternel et tendre regard  de notre nouvel Evêque de Rome, notre François.
Ah, comme j'aime qu'il abandonne,  un temps, ce titre de pape élevé par certains  au rang d'une formule  d'adoration  à l'idole. " Touche pas à mon Pape "... ETC.
Evêque ! Que dit le Robert ? du latin episcopus du grec  episcopos " surveillant". Je préfère y voir un responsable...
C'est un printemps précoce, attendons un peu...A l'horizon de l'Eglise latine, il arrive un peu tard. Veillons mes soeurs et mes frères. Chez nous tout va lentement. La patience est une vertu catholique.  Mais  réjouissons nous, il y a dans l'air le léger froissement  d'une feuille de fougère qui se déploie.
Oui, j'aime le printemps..

Il y a encore la bise, la pluie lancinante, mais, je vous le dis, je vous l'assure, il y promesse de l'été.
Et pourquoi pas, demain,  la "Naissance de Vénus" dans sa si libre et confiante  nudité.
Ah Sandro que mon âme est ravie !

Au printemps, au printemps,
Et mon coeur et ton coeur sont repeints au vin blanc,
Au printemps, au printemps
 Les amants vont prier notre Dame du Bon Temps.



Sandro Botticelli - musée des Offices à Florence