dimanche 19 mars 2017

Chevaux de feu, chevaux de glace


Au fil des jours.....

En rangeant mes livres, un  ouvrage d'Alain Peyrefitte tombe . Je le ramasse. Il n'est pas jeune 1981, excusez du peu. Je m'en souviens à peine, ma bibliothèque-amie de toujours  est comme sa propriétaire,  pas jeune non plus...
Naseaux dilatés,  on sent l'effort impuissant à se libérer, un énorme troupeau de chevaux est pris dans les glaces.....au loin un incendie fait rage,.
Telle est l'illustration hallucinante  d'un récit que vous avez peut-être croisé ou rencontré au détour du Kaputt de Malaparte.
C'est une image qui hante, mais pas autant que l'histoire par elle-même.


"A l'entrée du terrible hiver de 1942, par un froid de loup, des soldats finlandais, dans l'isthme de Carélie, mirent le feu à la forêt de Raikkola, où s'était concentrée l'artillerie soviétique - hommes, bêtes et canons.
Réveillés en sursaut, entourés de clameurs, pris de panique, un millier de chevaux, derrière leurs chefs de file, coururent se jeter dans le lac Ladoga pour échapper à la fournaise. Ils essayèrent de nager vers l'autre rive, la tête tendue hors de l'eau, farouchement cabrés, grelottant de froid et de peur. Soudain, avec le bruit sec d"une vitre qu'on brise, l'eau qui les protégeait gela, les saisit, les emprisonna.

A l'aube, à travers la forêt calcinée, les Finlandais découvrirent, émergeant d'une plaque d'albâtre qui s'étendait à perte de vue, des centaines et des centaines de têtes de chevaux. Le givre les avait recouvertes d'un manteau de blanc bleuté. Dans les yeux dilatés, la terreur brillait encore comme une flamme.
Tout le long de l'hiver, elle demeurèrent ainsi, "ces têtes mortes à la crinières glaciale, dures comme du bois, les lèvres contractées par un hennissement désespéré".
la voie de l'épée " les chevaux du lac Ladoga". crédit Google images.


Cette vision digne de Jérôme Bosch, chacun peut, comme à tout tableau, lui donner une signification personnelle. Pour Malaparte, ces chevaux sont le symbole de la vieille Europe chrétienne et paysanne-désemparée et suicidaire.
Peut-être verrez vous en eux le symbole d'un mal plus permanent, qui guette tout homme et toute société : le saut d'une excès dans un autre, le manichéisme, le renversement dialectique, le vertige du tout ou rien, du blanc et du noir.

Ces chevaux qui, par crainte du mur de flammes, s'enferment à jamais dans un mur de glace, ils auraient pu, entre l'enfer du brasier ou l'enfer de la banquise, se frayer une troisième voie, s'élancer à la file le long de la rive, en galopant sur la grève là où l'incendie ne menaçait pas, en trempant les sabots dans le lac si les flammes s'avançaient. Ils auraient évité à la fois d'être brûlés vifs et d'être pétrifiés. Mais le réflexe d'un être apeuré ou fougueux, surtout en groupe, le pousse à bondir d'un extrême à l'autre.
C'est en voulant se soustraire à la mort par le feu que les chevaux russes ont trouvé la mort par le gel."(A.Peyrefitte - les chevaux du lac Ladoga)


"Le feu ou la glace : nous dit Peyrefitte, comme nous aimons, nous autres Français, ce jeu dangereux ! Comme nous aimons aller aux extrêmes et, devant un obstacle ou sur un coup de tête, prendre la direction exactement opposée à celle qui nous suivions !
Rien de plus difficile pour nous que de trouver une issue raisonnable entre d'inacceptables dangers ; une solution qui compose des tendances contraires, et à laquelle puissent se rallier deux blocs antagonistes."

Peyrefitte avait fait de cette histoire son introduction à un essai sur la justice en France. Dans cette période pré-électorale, j'y ai aussitôt vu une métaphore de ce qui pourrait arriver si les français se laissaient, dans un mouvement de colère ou de désespoir, à voter pour les extrêmes.

Nous avons encore quelques semaines pour choisir notre champion, quelques toutes petites semaines.
Que les images de ces animaux affolés emprisonnés à jamais dans les glaces servent de métaphore à l'appel à la  vigilance .
Toutes les solutions et propositions  ne sont pas d'égale pertinence.N'oublions jamais qu'il y a dans les extrêmes une radicalité qui engage à très long terme et beaucoup plus que nous ne pouvons l'imaginer.
Il y a des allers qui semblent sans retour...
Comme sur chaque produit  fort pouvant conduire à l'addiction, nous devrions sur les idées populistes annoncer "peut nuire à la santé". A la santé de chacun, du Bien Commun , de la Nation et l'Europe toute entière.

On ne fuit pas l'incendie en sautant dans le lac.
"A première vue , un millier de chevaux brûlants qui se précipitent dans un lac sur le point de geler devraient réchauffer l'eau, donc retarder le moment où  elle se changera en glace. 
La thermodynamique enseigne qu'une eau très pure, comme celle des lacs glaciaires, ne gèle pas à 0°C : elle se maintient à l'état liquide jusqu'à dix ou vingt degrés au-dessous de zéro. Mais l'immersion soudaine des corps étrangers déclenche la cristallisation de l'ensemble. 
L'équilibre thermique bascule en quelques secondes.  De proche en proche, toutes les molécules d'eau se transforment en cristaux de glace. "
Ce sont les chevaux eux-mêmes qui provoquèrent le gel du lac....

Cet équilibre précaire d'une eau en surfusion n'évoque-t-elle pas la fragilité de notre société qu'un mouvement de masse , une décision inconsidérée, une panique, une grosse colère peuvent pour longtemps "geler" dans une situation mortifère ?

Avant de sauter le pas, faisons un brin de conduite sur les rives de la raison placées entre feu et eau  et si la colère est trop forte, rafraichissons nos sabots de révolte dans les eaux de la modération.








crédit "Google images".

Notes : Les Chevaux du lac Ladoga - la justice entre feu et glace- Alain Peyrefitte de l'Académie française - édité en 1981 par Librairie Plon ISBN 2-259-00782-1

mardi 7 mars 2017

Au fil des jours....

Réflexions de campagne.....

De folles semaines en folles journées, la pré-campagne des présidentielles nous déboussole, mais aussi met en lumière que les choix a faire seront déterminants pour l'avenir de la France et sa position dans le monde. On le dit à chaque consultation  pour l'élection du Chef de l'Etat  mais  c'est encore plus VRAI aujourd'hui.


Ce n'est pas facile, car apparait avec évidence  que notre société a  changé  et que  la classe politique   n'est plus en mesure de répondre à ses  aspirations de renouvellement,  de jeunesse  et nouveaux besoins correspondant à quelque chose de "vital" dans le sens utilisé en médecine.  Nous avons fini un chapitre politique de notre vie nationale. Nous avons à en écrire un nouveau.
Les moments de fractures sont ceux de tous les dangers,  nous en avons tous conscience. C'est aussi celui de l'aspiration à "autre chose", au renouvellement , à l'espoir.


J'ai regardé dimanche , les images du rassemblement au Trocadéro, les fiers drapeaux bleu-blanc-rouge, sous un ciel lourd d'averses.
Nous étions presque dans un tableau d'Albert  Marquet, le peintre bordelais. Mais le ciel n'y était pas,  les tableaux de Marquet frémissent de joie et de vie de l'azur d'été  alors que là, sous ce ciel changeant et les averses généreuses ,  c'était l'enterrement, la nostalgie, le sursaut  de la fin.

J'aime les images, elles me parlent plus qu'un long discours.
Et j'ai pensé à un symbole.

Oui, nous avons toujours au coeur, et nous l'aurons toujours cette chaude  fierté de la France, et des trois couleurs de la Nation mais si nous voulons la garder, si nous voulons éviter un définitif "effacement de la France" tel que l'a décrit de Villepin dans son interview d'hier  sur BFM Tv , il faut placer sans réticences nos "glorieuses"  couleurs sous l'azur semé d'étoiles du drapeau européen.
Non,  amis souverainistes, ce n'est pas une perte d'identité, c'est une identité renforcée, nourrie d'altérité et de solidarité avec nos voisins et amis.
Avançons résolument dans ce sens et avec confiance, construisons l'Europe que nous attendons tous.

Quelques pistes données par de Villepin, cela peut être fait rapidement et ce seront des signes forts qui parlent au peuples :
- une Europe de la Défense  .
Oui  trois fois oui, une armée commune car désormais les US ne veulent "plus payer" pour notre sécurité et notre liberté. l'OTAN, si protectrice autrefois,  fait partie du cortège qui part.....
Désormais il faut que tous prennent en charge  la défense de nos valeurs communes face aux coups de boutoirs des attentats et de toutes les tentations qui naissent dans les états hégémoniques face à la faiblesse et cela  exige de réunir nos efforts dans ce sens.
L'armée est appelée, "la défense", les mots sont porteurs de sens.  La défense n'est elle pas au coeur du maintien de la Paix et de la sécurité auxquels aspirent tous les européens? Cela parle aux Peuples.  La France  en a pris la charge dans l'honneur et  avec fidélité , désormais, celle-ci doit être partagée. Cela s'appelle une prise de responsabilité partagée. Ce matin François Bayrou  plaidait dans ce sens.

- une Europe énergétique.
- Une Europe des Universités et de l'Education

et une politique culturelle qui fasse lien entre tous les éléments qui ont fondé nos civilisations.

Autrefois aucun des grands intellectuels qui ont illustré la culture de notre Europe, ne pouvait imaginer faire l'impasse sur le " voyage en Italie" sur le retour aux sources ...
Aujourd'hui, il faut refaire ce voyage " en Italie", un voyage en Italie virtuel et symbolique, non par nostalgie, non pour faire du copié collé, mais pour créer une base solide à la réception de tous les apports enrichissant.
l'Europe est un creuset où peut se jouer une saine altérité culturelle....

Ne jouons pas les trois couleurs contre le bleu semé d'étoiles, mais jouons au mariage harmonieux qui cimente la solidarité dans la sécurité, la créativité dans  le respect de nos valeurs humanistes.

Aujourd'hui se joue un choix crucial,  l'enfermement  contre l'ouverture et la coopération , le populisme contre le jeu démocratique , sa richesse et son respect de l'Autre.

Aujourd'hui je joue LA PAIX et l'ALTERITE, par humanisme et pour la sécurité.

vendredi 3 février 2017

Nos données personnelles, amassées par les géants américains du numérique, doivent-elles aussi avoir peur de Donald Trump ?


L'arrivée de Donald TRUMP au pouvoir des Etats Unis change beaucoup de choses.....et nous secoue.
L'Europe , bien calée  sur ses oreillers, n'a pas pensé aux hypothèses les plus folles, dignes de la littérature de S.F. Cet article paru dans le journal  Libération et signé Amaelle Guiton @Liberation ... alerte. 
"Un nouveau danger, 
Autre domaine ou l'Europe n'a pas su garantir notre indépendance, notre sécurité de vie privée en jeu ?
Donald Trump : et maintenant, les données personnelles
"Le président a adopté un décret qui fragilise l’accord conclu entre les Etats-Unis et l’UE et censé garantir la protection des données des citoyens européens hébergées en territoire américain.
Nos données personnelles, amassées par les géants américains du numérique, doivent-elles aussi avoir peur de Donald Trump ? La question n’aura pas tardé à se poser. Nichées dans l’un des deux décrets anti-immigration - celui consacré à la sécurité «à l’intérieur des Etats-Unis» - signés la semaine dernière par le nouveau président américain, quelques lignes ont mis en alerte les défenseurs de la vie privée en Europe. Elles excluent en effet les non-Américains et les non-résidents permanents du périmètre de la loi qui encadre l’utilisation des données personnelles par les agences fédérales.
De quoi s’interroger sur le devenir du Privacy Shield, l’accord-cadre entre l’Europe et les Etats-Unis sur le transfert de données personnelles depuis le Vieux Continent, entré en vigueur cet été. Négocié après les révélations d’Edward Snowden sur la surveillance pratiquée par la NSA, cet accord est censé garantir aux citoyens de l’UE un niveau de protection équivalent à celui de la législation européenne… A Bruxelles, la Commission se veut rassurante. Du moins à court terme. Car si le décret Trump ne remet pas directement en cause le cadre légal existant, le signal politique ne fait que renforcer les inquiétudes, surtout du côté de ceux qui dénonçaient déjà les insuffisances du Privacy Shield.
Comment nos données transférées aux Etats-Unis sont-elles encadrées ?
Depuis une directive de 1995, l’Union européenne interdit le transfert de données personnelles vers les pays où leur niveau de protection est inférieur à ses propres standards, ce qui est le cas des Etats-Unis. En 2000, la Commission européenne et le département américain du Commerce ont donc mis sur pied un accord-cadre, le Safe Harbor (appelé en Europe «sphère de sécurité»). C’est cet accord qui permettait à quelque 5 000 entreprises américaines - dont Apple, Google ou Facebook - de stocker aux Etats-Unis les données de leurs utilisateurs européens : il leur suffisait de s’engager à respecter les normes européennes en la matière, via une certification… qu’elles pouvaient s’autodécerner.
Cette «garantie» toute relative a été dynamitée à l’été 2013 par les premières révélations d’Edward Snowden, en particulier celles sur le programme Prism, qui permet à la NSA d’accéder aux données stockées par les géants du Net. Une renégociation du Safe Harbor a été engagée. Parallèlement, un recours contre Facebook déposé après le scandale Prism par un étudiant en droit, l’Autrichien Max Schrems, est remonté jusqu’à la Cour de justice de l’Union européenne. Le 6 octobre 2015, cette dernière a purement et simplement invalidé le Safe Harbor. Les flux numériques ne se sont pas pour autant taris, les entreprises américaines pouvant s’appuyer sur des clauses contractuelles ou des règles de «bonne conduite» internes. Elles n’en dénonçaient pas moins une situation d’insécurité juridique. L’an dernier, l’Europe et les Etats-Unis ont fini par s’entendre sur un nouvel accord-cadre, le Privacy Shield («bouclier de confidentialité»). Entré en vigueur le 1er août, il est censé garantir aux citoyens de l’UE un «niveau de protection adéquat» de leurs données sur le sol américain.
A quoi s’étaient engagés les Etats-Unis sous Obama ?
Aux Etats-Unis, l’utilisation des données personnelles par les agences fédérales - y compris les agences de renseignement et services de sécurité comme la NSA et le FBI - est encadrée par le Privacy Act de 1974. Ce texte prévoit notamment, pour les citoyens américains et les résidents permanents légaux, des droits d’accès, de rectification et de recours en cas d’utilisation illicite de leurs données - avec des exceptions, en matière de sécurité nationale notamment.
Après les révélations de Snowden et la remise en cause du Safe Harbor, les Etats-Unis ont adopté en février 2016 une nouvelle loi, le Judicial Redress Act, qui étend ces droits aux citoyens de certains pays : pour l’heure, l’Union européenne dans son ensemble. En 2014, Barack Obama avait également signé une directive présidentielle reconnaissant à toute personne, quelle que soit sa nationalité, un «droit légitime à la vie privée», et qui est censée encadrer de manière plus stricte la collecte de données par le renseignement américain. C’est sur la base de ces évolutions que la Commission européenne a jugé «adéquat» le niveau de protection des données personnelles sur le sol américain, et que le Privacy Shield a été adopté.
Mais les défenseurs de la vie privée ne l’ont pas entendu de cette oreille. Plusieurs d’entre eux, dont Max Schrems ou l’eurodéputé vert allemand Jan Philipp Albrecht, ont dénoncé les insuffisances du Privacy Shield. Et le G29, qui regroupe les autorités européennes de protection des données personnelles - dont la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) en France - a regretté le «manque de garanties concrètes» au chapitre de la surveillance de masse. Les Etats-Unis se sont en effet engagés à mettre fin à la collecte indiscriminée de données… sauf motifs de sécurité nationale, et quand des «considérations techniques ou opérationnelles» l’imposent.
Que change le décret Trump ?
Aux termes du décret signé la semaine dernière, «les dispositions du Privacy Act sur la protection des données personnelles» ne doivent plus s’appliquer à ceux «qui ne sont ni des citoyens des Etats-Unis ni des résidents permanents légaux» et ce, «dans les limites de la loi applicable». Sur le papier, la loi de 1974 ne s’appliquait déjà pas à eux. Mais dans les faits, comme le note l’avocat Cobun Keegan sur le site de l’Association internationale des professionnels de la protection de la vie privée, plusieurs agences fédérales ont appliqué au fil des ans certaines des obligations du Privacy Act à des fichiers «mixtes», rassemblant Américains et non-Américains (des fichiers de voyageurs par exemple). Dès lors, ceux que le décret Trump exclut du périmètre de la loi n’auront plus aucun droit sur leurs données, qui seront plus facilement partagées au sein de l’administration. Pour Keegan, il y a là «un changement significatif dans la manière dont le gouvernement fédéral promet de traiter les informations personnelles sur les étrangers collectées via les programmes qui ne relèvent pas de la communauté du renseignement, comme les visas, les bases de données de réfugiés et les fichiers d’immigration».
Taillé pour la croisade anti-immigrés du milliardaire, le texte peut-il aussi remettre en cause le Privacy Shield ? De l’avis de nombreux juristes, ce n’est pas le cas, du moins pour l’instant : «un décret […] ne peut pas supplanter une loi», en l’occurrence le Judicial Redress Act, qui concerne les citoyens européens, rappellent deux contributeurs du site Lawfare, dédié aux questions de sécurité nationale. Même écho chez Joe McNamee, directeur exécutif de l’association European Digital Rights : «Si l’on interprète le décret au sens strict, on peut considérer que le Privacy Shield n’est pas directement et immédiatement détruit», explique-t-il à Libération. Citée par le site d’information Contexte, une porte-parole de la Commission européenne a assuré que le décret ne changeait rien pour l’accord transatlantique sur les données personnelles. Pour autant, à Bruxelles, le ton a changé. Ainsi la commissaire à la Justice, Vera Jourová, a-t-elle indiqué au site EUObserver qu’elle avait désormais «besoin d’être certaine que le Privacy Shield subsistera».
Quel avenir pour le Privacy Shield ?
Si le décret ne remet pas immédiatement en cause l’accord, les interrogations sur son devenir sont nombreuses. Au vu de la propension du nouveau locataire de la Maison Blanche à détricoter l’action de son prédécesseur, on peut notamment se demander ce qu’il adviendra de la directive Obama de 2014 sur laquelle s’appuie le Privacy Shield. Et d’autres signaux ont de quoi faire frémir. D’après CNN, l’administration Trump envisage désormais de demander à toute personne voulant entrer aux Etats-Unis de partager son historique de navigation web et ses contacts téléphoniques…
Interrogée par Libération, la présidente de la Cnil et du G29, Isabelle Falque-Pierrotin, juge que «les déclarations de Donald Trump donnent un éclairage sur les intentions du gouvernement américain, qui ne vont pas exactement dans le sens d’un renforcement de la protection des données personnelles des non-Américains». Alors que le Privacy Shield doit faire l’objet, avant l’été, d’une évaluation par les gendarmes européens des données personnelles, la vigilance est maximale. Sans compter que des recours contre le «bouclier de confidentialité» ont été lancés, notamment par trois associations françaises, dont la Quadrature du Net, qui le jugent non conforme aux exigences européennes. «Le Privacy Shield repose largement sur des assurances écrites dont la crédibilité était déjà faible sous Obama, souligne Joe McNamee. La question n’est pas tant de savoir s’il va s’effondrer, mais quand ça va arriver.» Avec Trump aux manettes, notre exposition aux «grandes oreilles» américaines se pose encore plus crûment que sous son prédécesseur. Ce qui n’est pas peu dire."



lundi 30 janvier 2017

affaires de photo.

"
Facebook en nous présentant à chacune des ouvertures de notre page, un article de nos archives nous fait du bien. On oublie vite que ce que nous avons écrit s'envole dans un "cloud" .
Cela devrait nous inciter à être prudent dans nos prises de position, mais cela me donne aussi la possibilité de suivre la progression de ma pensée sur quelques sujets qui me tiennent à coeur. Il en est ainsi de l'ordination pour les femmes dans l'Eglise catholique.
Merci donc pour cette piqûre de rappel.
Dans son blog Madame Gaulmyn nous faisait part le 28/01/2015 du sentiment que lui donna la photo prise à la suite de la nomination de Libby Lane, première femme evêque de l'Eglise d'Angleterre. Ils posaient tous rassemblés sur le parvis de la cathédrale d'York et "elle" rayonnante" au milieu d'eux "apportait un vent frais dans la cathédrale".
Je me souviens de l'émotion et l'intense regret pour notre Eglise catholique romaine que cette photo a aussi suscité en moi.
Au fil de son article, l'auteure , pour se consoler d'être catholique et de devoir accepter l'interdit écrivait :"Certes, la possibilité d’ordonner des femmes prêtres, et maintenant évêques, n’est, tout obstacle théologique mis à part, sans doute pas la seule solution. On peut même avancer que la plus grande chance des femmes, dans l’Église catholique, c’est justement de ne pas pouvoir l’être. Elles évitent ainsi de tomber dans le cléricalisme qui reste sans aucun doute, comme Péguy le disait, le plus gros défaut de notre Église. Et cela permet aux femmes de pouvoir incarner des figures autrement plus humaines que celle de prélats un peu trop amidonnés…"

Oui, on peut effectivement se féliciter personnellement de n'avoir pas la corde au cou et de pouvoir librement gambader dans le jardin de la Résurrection où le Seigneur nous appelle par notre nom.

Cette liberté, la plus grande et la plus belle qui soit, nul ne pourra jamais nous l'ôter.....mais c'est celle de tout baptisé,n'est-ce pas ? il n'y a rien qui soit particulier aux femmes. Le particulier pour les femmes ne touche-t-il pas toujours à l'interdiction ?
Quand au plus gros défaut de l'Eglise , le cléricalisme, on voit combien celle-ci y est attachée malgré , ou peut-être à cause, le peu de vocations.
Vous avez peut-être raison sur un point chère Madame GAULMYN , heureuses sommes nous d'être libres, de cette LIBERTE qui n'appartient qu'à ceux qui n'ont pas de pouvoir. Peut-être ....
Mais peut-être avez vous tors car nous avons un DEVOIR PROPHETIQUE.... ce n'est qu'en criant sur les marchés, les parvis des églises, en écrivant, créant des évènements, en réclamant à temps et contre temps l'abolition de la discrimination sexiste que nous rendrons service à l'Eglise. Ce n'est pas en acceptant ce qui est devenu inacceptable par l'évolution de la société occidentale que nous ferons bouger les choses. 
Seul celui qui a l'épée dans les reins trouve une solution.... Pourquoi se fatigueraient ils à dépasser des préventions qui viennent de si loin, si nous les incitons pas....
Un peu de theologie -ECOUTONS LUMEN GENTIUM : Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le SIGNE et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle."
 Pourquoi oublions nous si souvent les lumières de Vatican II ? relisons :" l'Eglise étant, dans le Christ , en quelque sorte le sacrement , c'est à dire le SIGNE & LE MOYEN DE L'UNION INTIME AVEC DIEU ET DE L'UNITE DE TOUT LE GENRE HUMAIN........
 Croyez vous que nous soyons signe en affichant à la fois, pour la hierarchie, cette discrimination et pour les femmes catholiques ce terrible renoncement ?.

La vie est coquine, elle aime à se moquer.....Et les leçons sont souvent dures.
Dernièrement sur le site du Comite de la Jupe, cet article de Claudine BENARD paru le 22/01/2017.
"Dans la dernière campagne du diocèse de Paris pour le denier du culte, les femmes sont invisibles. Si elles forment la plus grande partie des catholiques pratiquants dans les paroisses, elles sont quasiment invisibles sur les affiches, des photos composées et travaillées. Le cléricalisme s’affirme massivement, et seuls des hommes sont les interlocuteurs des prêtres. Sur l’une des affiches, on voit bien des femmes à l’arrière-plan, mais dans de nombreuses paroisses, l’affiche est plus petite sur les panneaux, recadrée et tronquée sur la gauche." pour lire  la suite ...
http://alpha.comitedelajupe.fr/?q=content/diocèse-de-paris%C2%A0-où-sont-les-femmes%C2%A0
Deux années, deux années seulement , séparent ces deux articles.....
Deux années qui voient insensiblement au départ  et,  depuis peu,  de plus en plus fortes les avancées à la fois du cléricalisme triomphant  et du retour décomplexé et adoubé par l'Eglise du mâle dominateur.. 
Ainsi va la vie de l'Eglise catholique Romaine. Quels  sont les codes de sa responsabilité ( le signe ) dans la bonne marche du  monde ? On peut légitimement se poser la question et un sentiment confus qui me vient de je ne sais où, me dit qu'il n'est jamais bon signe pour une société de magnifier l'humain- mâle au détriment de l'humain-femelle....
C'est souvent ll'humain-mâle qui en aura à souffrir car  il est magnifié pour être mieux instrumentalisé.

vendredi 13 janvier 2017

Apportez tout ce qui vit sur leur tombe .......

Apportez tout ce qui vit sur leur tombe
Non seulement des fleurs mais votre espoir
Tout ce qui vit à la lumière de l'espoir
Vos mains et votre chair et votre vue du monde
Immense sans remords sans regrets innocents
Votre coeur qui bat près d'un autre coeur
Apportez tout cela sur cette dérision
Qu'est une tombe ô souvenir filles de la vie.

Paul Eluard  " Poèmes politiques "

La tombe des espoirs féminins d'être un jour ordonnées a été fleurie, un peu rapidement certes, par Pape François, mais ces couronnes portaient le triste ruban d'un NON sans appel.
On peut le regretter. On peut se révolter. On peut pleurer . on peut tout simplement s'en moquer comme de ses premières  coquettes soquettes  à  rayure bleue de pensionnaires. 
On peut tout cela . 
Pour moi je persiste et je signe. 
Ce texte avait été écrit l'année dernière..... il y avait encore de l'espoir. Aujourd'hui autour de la tombe, il y a de la résistance. Tant mieux, celle ci est créatrice de belles amitiés épistolières, de partages et de fidélités .... 
Un blog protestant féministe s'est intitulé " qui nous roulera la pierre".... Nous, les femmes catholiques,  sommes dans ce moment  particulier et fondateur de fidélité inconditionnelle  à Jésus le Christ et à sa Parole . 
Nous SAVONS qu'il est ressuscité, alors .... qu'importe les  dires de la hiérarchie catholique. 
Cette tombe, n'est pas une tombe de MORT, c'est un creuset  de  VIE. Nulle ne pourra pudiquement  voiler l'iniquité de la pierre tombale  car la VIE qui la condamne en jaillit par toutes ses félures.   La dalle  est d'un calcaire si  fragile ,  les gemmes de la Jérusalem céleste lui sont encore tout à fait étrangères. 


Je  reste résolument attachée à l'idée qu'il est nécessaire de militer pour que les femmes puissent vivre l'appel au sacerdoce à l'égal des hommes. Non par un souci d'égalité, d'indifférentiation,( je sais bien qu'une femme n'est pas un homme), mais bien parce que cet interdit au sacerdoce du fait du genre est une discrimination arbitraire que rien dans le message de Jésus et même dans tous les actes de sa vie n'explique ni ne permet d'affirmer. Nous le savons cette discrimination n'est apparue comme telle aux yeux du monde que depuis l'émergence du fait féminin dans la société. Autrefois, il y avait une belle harmonie entre la position accordée par la société aux femmes et celle de l'Eglise , avec même un petit mieux... pour l'Eglise. Aujourd'hui la position de la femme dans l'Eglise est devenue à nos yeux inacceptable, et ce n'est pas en accordant des services de pouvoir aux laïcs et donc bien sûr aux femmes qu'on effacera cette discrimination. En effet, même s'il est louable et tout à fait profitable à l'ensemble de la communauté catholique de conférer aux laïcs des charges décisionnaires, il n'en demeure pas moins qu'est rappelée l'interdiction faite aux femmes de répondre à l'appel du sacerdoce ordonné. ( presbytéral ) . Or, le job est en crise , terriblement en crise et une écoute humble et sereine de cette crise serait de se poser la question, pourquoi ? Que nous enseigne cette crise ? Je me permets de répondre , du fait de cette discrimination. La discrimination n'est-elle pas une offense à la Bible et à la libération de l'Homme ( Mâle et femelle ) par la Croix et la Résurrection ? La complémentarité veut-elle dire qu'un sexe soit au service de l'autre, ou bien que les talents puissent se développer pour le bien de tous ? 
Il n'est pas sûr que les femmes souhaitent devenir prêtres. Et lorsqu'on voit les souffrances des prêtres catholiques , le stress et le manque de considération sociale qu'ils vivent on peut se dire que ce n'est pas là qu'on peut faire "carrière". Mais voilà, il n'est pas, ici, question de carrière mais de don de soi, et cela est-ce que les femmes ne connaissent pas ?
Pour moi l'Eglise attend cette mutation , bien sûr elle engendrerait des évolutions.... Mais n'est-ce pas le sens même de la marche des disciples du Christ vers un accroissement de conscience ? Or, libérer l'homme et la femme de leurs contingence sexuelle pour les faire évoluer dans une égalité de choix n'est ce pas le sens même d'un accroissement de conscience ? J.Lach-Andreae