Cette lettre a été adressée à mon Evêque pour qui j'ai un profond respect teinté d'amitié fraternelle. Son accueil bienveillant n'a jamais été démenti, mais bien sûr cette lettre n'a reçu aucune réponse. Je le savais d'avance.
Donc dans cette partie d'un jeu à balles perdues avec mon Eglise, jeu que je juge nécessaire au regard de ma conscience mais difficile car il n'y a que deux alternatives "rester et parler" , (encore et encore), ou partir, j'ouvre ce courrier en "lettre ouverte" à tous les évêques de France .
Ouvrez la porte aux femmes……
Alors, en cette période de Noël, de l’Incarnation, je vous
demande d’ouvrir dans votre âme ou dans votre cœur une porte aux femmes.
De réfléchir et de peindre sous le regard du Christ, comme on peint une icône dans le prière
et le jeûne, la réalité de
la violence que représente
l’interdiction pour celles qui se sentent appelées d’être ordonnées prêtres
ou même ( encore plus
incompréhensible ) diacres.
De réfléchir et de noter tous les points où cette
interdiction qui relève de l’archaïsme pourrait conforter une certaine violence
à l’encontre des femmes dans la famille et dans le monde . Violence que l’Eglise à juste titre condamne.
Je vous demande fraternellement cet effort
intellectuel.
je vous demande cet acte de véritable générosité sous le regard de Dieu.
Je vous demande cet effort courageux qui va peut-être contre les
inclinations de votre cœur….
En effet, depuis tant d'années que j’étudie le dossier de
l’ordination pour les femmes et en débats au Comité de la Jupe, je sais la question verrouillée à « double
tours » en ce qui concerne la prêtrise et connais bien le mutisme qui
accompagne toute demande dans ce sens.
Je me souviens d’une rencontre avec Bernard Sesboué, à
Paris, rencontre extrêmement enrichissante avec cet esprit savant et profond .
Pourtant, l’assourdissant silence qui a suivi ma question ( que j’avais écrite
et soumise avant la rencontre ) m’en a plus appris qu’un long
paragraphe doctrinal. C’est de l’ordre du tabou. Un blocage viscéral. On ne
peut en parler.
Lorsque le 6
Octobre, Monseigneur André Durocher – évêque de Gatineau – a demandé durant les
travaux du Synode de la Famille de considérer l’ordination des femmes au
diaconat, j’ai retrouvé « couleurs ». Ainsi un évêque, et pas n’importe lequel, ose dans cette importante assemblée
aborder la question ? Aura-t-on le courage de reconnaître que l’histoire
du christianisme et la théologie (qui ne présente aucun empêchement) poussent malgré lui le magistère à cette
ouverture ?
Ouverture déjà présente depuis Vatican 2, et aussi dans les modifications apportées par benoît XVI, en 2009, à l’article 2019 du Droit canonique
permettant de dissocier la
définition du diaconat de celle concernant les prêtres et les évêques.
J’ai suivi attentivement le synode sur la famille partagée
entre espoir et déception , hélas j’ai
vite reconnu le « flop
stérilisant » qui a suivi la demande.
Pourtant Mrg Durocher « a fait des liens importants
entre la violence faite aux femmes dans le monde et une vision religieuse qui
soutient leur assujettissement. Son appel à
une prise de position claire de l’Église contre la domination des femmes a
tout d’un appel à un changement de culture, pour l’Église et au-delà. » (
voir la déclaration en notes )
Ce lien est très pertinent à tous points de vue, social ,
conjugal et familial ( la position de la fille )
Et sous nos latitudes, du fait de l’actualité, on voit bien
que la femme serait la principale
victime du choc culturel qui découlerait de la crise migratoire sur notre territoire
européen. L’industrie, l’économie s’en trouveraient bénéficiaires disent les économistes, mais il n’est pas sûr que la condition
féminine au travail n’en ressente
pas les contrecoups culturels.
Tout dépendra des résultats économiques en termes d’emplois. Certains
commentaires sur le net ne sont guères rassurants.
D’autre part, je pense inutile de rappeler que pour l’Islam,
avec lequel il va falloir compter,
la femme n’a pas de personnalité juridique distincte de celle de la
famille, elle appartient au père, à l’époux, au frère .Peu de gens, en parlent,
c’est pourtant fondamental et ce n’est pas être raciste que de le dire.
Est il bon de laisser dépendre toute l'évolution de la condition féminine au seul domaine du social du profane ? Comment faire pour ne pas reconnaître que les femmes doivent tout à ce dernier et que depuis longtemps l'Eglise joue "l'interdit" envers et contre toute raison ?
Est il bon de laisser dépendre toute l'évolution de la condition féminine au seul domaine du social du profane ? Comment faire pour ne pas reconnaître que les femmes doivent tout à ce dernier et que depuis longtemps l'Eglise joue "l'interdit" envers et contre toute raison ?
L’Eglise a un rôle à jouer dans ce domaine. J’en appelle à
votre discernement pour accomplir l’Evangile dans tous les domaines de la vie
et en "témoigner" dans celui de la condition
féminine.
Hélas, je sais par expérience que les femmes sont les pires ennemies des femmes et que
peut-être certaines de celles que vous interrogez sur le sujet sont réticentes et nous condamnent . Vieux réflexe de
soumission : trancher
lorsqu’on est entravée, le "mollet" de qui veut se libérer et courir.
"Ces femmes ont
peur de la transgression et restent dans un rôle très flatteur entretenu par la
hiérarchie. Ainsi Jean-Paul 2 disait aux femmes « Ne vous plaignez pas,
vous avez la meilleure part, vous êtes dans le cœur de Dieu. Laissez-nous la
petite intendance de gouverner. » Ce discours marche très bien …" (Anne Soupa") Et puis
c’est si facile de ne pas provoquer le débat et de ronronner !
J’aime particulièrement le « laissez nous la petite
intendance de gouverner « car je me demande ce que ferait la
hiérarchie sans les petites mains qui sont dans le cœur de Dieu.
Cela me fait penser à Françoise Héritier – anthropologue
élève de Lévis Strauss – et sa théorie de la « valence différentielle des
sexes ».
Rien n’est anodin. Tout a un sens, surtout l’injustice proclamée comme raison et
comme préférence divine. Alors
quel sens ?
Serez vous en mesure d'apporter une réponse à cette demande, en toute liberté, loin des interdits qui stérilisent la pensée et les élans du coeur, sous le seul regard de votre conscience et des Ecritures ?
Nous attendons des signes, une parole....
![]() |
Marie et Elisabeth par le peintre ARCABAS |
L’Evangile du jour nous a présenté Marie partie en hâte pour
se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison
de Zacharie et salua Elisabeth Or,
lorsqu’Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant bondit dans son sein
et Elisabeth fut remplie du Saint Esprit.
Il y a là tant à méditer.
Ce qui lui a été dit de la part du Seigneur
s’accomplira !!!!!

Et c’est enfin le splendide Magnificat, où se retrouvent toute
la tradition de l’Ancien Testament et la projection de l’avènement à venir
« il a élevé les humbles, les affamés, il les a comblés de bien et les
riches, il les a renvoyés les mains vides. « …
Fécondes pour le monde et l'Eglise, ces affamées sont comblées de bien et l es riches, il les a renvoyés les mains vides.
En guise de conclusion, je ne peux résister au plaisir de
copier le commentaire de Prunelle et Tatoue sur le texte du blog publié par Mgr DUROCHER
« Votre commentaire si juste ouvre l'Église au monde
présent où les femmes occupent des postes clefs dans divers champs d'action!
Souhaitons qu'il ait de l'écho et des suites favorables... Sans quoi, l'on
passe à côté de la réalité et l'Eglise va rester un "boys club" de
plus! Le Christ ne l'avait pourtant pas vue ainsi...
Un boys club de plus !!! Dans les premiers temps de l’Eglise, il
semble que ce n’était pas le cas…Mais actuellement ?
Soyez rassurés j’aime les « boys », mais pas
ainsi…. Je les aime comme je les côtoie dans le monde comme je les vois chez vos prêtres où ils se
révèlent souvent beaucoup plus ouverts et coopératifs que certaines femmes et surtout que le Magistère catholique.
Paix sur la terre aux Hommes de bonne volonté.
Jacqueline Lach-Andreae
Les statistiques les plus
récentes de l'Organisation mondiale de la santé révèlent ce fait troublant:
encore aujourd'hui, près d'un tiers des femmes dans le monde sont victimes de
violence conjugales. Pourtant, dans Familiaris Consortio, le Saint Pape
Jean-Paul II avait lancé un vigoureux appel : « Je demande à tous de s'engager
dans une action pastorale spécifique plus vigoureuse et plus incisive afin que
les offences à la dignité de la femme soient définitivement éliminées. »
Malheureusement, plus de trente ans plus tard, les femmes continuent de subir
discrimination et violence au mains des hommes, y inclus de leurs époux.
Devant cette triste et
dramatique réalité, je propose que ce Synode affirme clairement qu'une
interprétation correcte de l'Écriture sainte ne permet jamais de justifier la
domination de l'homme sur la femme. En particulier, ce Synode devrait affirmer
que les passages où Saint Paul parle de la soumission de la femme à son mari ne
peuvent pas justifier la domination de l'homme sur la femme, encore moins la
violence à son égard.
Mais il faut aller plus
loin. Pour manifester clairement au monde l'égale dignité des femmes et des
hommes dans l'Église, nous devrions reprendre la réflexion du Pape Benoît XVI
dans son discours au clergé romain en mars 2006 lorsqu'il a dit : « Il est
juste de se demander si, dans le service ministériel... on ne peut pas offrir
plus de postes, plus de positions de responsabilité aux femmes. »
Je propose donc trois
autres pistes d'action à ce Synode.
1. Que ce Synode considère
la possibilité d'octroyer à des hommes et des femmes mariés, bien formés et
accompagnés, la permission de prendre la parole lors des homélies à la Messe
afin de témoigner du lien entre la Parole proclamée et leur vie d'époux et de
parents.
2. Qu'afin de reumer des
postes décisionnels dans l'Église, ce Synode recommande de nommer des femmes
aux postes qu'elles pourraient occuper dans la Curie romaine et dans nos curies
diocésaines.
3. Enfin, concernant le
diaconat permanent, que ce Synode recommande l'établissement d'un processus qui
pourrait éventuellement ouvrir aux femmes l'accès à cet ordre qui, comme le dit
la tradition, est orienté non ad
sacerdotium, sed ad ministerium.
JE SUIS TRÈS HEUREUX DE DÉCOUVRIR CE "CANARD SAUVAGE". J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et un assentiment total. Une notation m'a particulièrement frappé : "... l’assourdissant silence qui a suivi ma question ( que j’avais écrite et soumise avant la rencontre ) m’en a plus appris qu’un long paragraphe doctrinal. C’est de l’ordre du tabou. Un blocage viscéral. On ne peut en parler". Le jour où se tabou sera levé, où ce barrage sautera (car ce jour viendra),l'Esprit bondira d’allégresse dans le sein de chacune et de chacun de nous ; c'est l'Eglise vivante qui sera bien heureuse, celle qui découvre que D.ieu est Père et Mère, et qui verra autour d'elle, dans la reconnaissance de l'égale dignité du féminin et du masculin, dans le recul du mal et de toutes les discriminations qui en découlera que "ce qui lui a été dit de la part du Seigneur" s’accomplit. Oui, une lecture qui a enrichi ma réflexion. Merci.
RépondreSupprimerMerci à vous cher "penser la subversion."....aidez les femmes à s'affranchir de l'interdiction à l'ordination, c'est aider l'Eglise toute entière. C'est retrouver la Parole et le projet de Dieu dans son intégralité . Nous sommes nombreux à demander, soyons toujours plus pour faire craquer "les vieilles outres" incapables de contenir ce "vin nouveau" et qui se défendent par la violence de l'interdit encore une fois répété devant la presse par Pape François pourtant si ouvert et peut-être méchamment contraint . le 30/01/2016
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