lundi 4 février 2013

A ceux qu'on foule aux pieds.......


J’ACCUSE…
« Aujourd’hui, Mesdames, Messieurs, c’est le monde que j’accuse d’avoir ignoré ce drame.
J’accuse mon pays d’origine de bafouer ainsi ses filles et  j’accuse la société de faire encore des différences entre hommes et femmes. »


La défense des droits de la femme a trouvé une avocate.
Une jeune lycéenne  Majda EL ALAOUI a convaincu l'auditoire de la  16 ° édition du concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme .
Elle a seize ans,
« Sans la moindre note, écrit le quotidien LA CROIX,  seule sur scène, dans le grand hall du Mémorial de Caen, cette élève de 1re littéraire a vaincu son trac pour dénoncer une législation en vigueur en  Afrique du Nord et dans certaines contrées du Moyen-Orient qui permet à tout violeur de « racheter » « son crime et l’honneur de sa victime en l’épousant ».
Elle a reçu le premier prix du jury que présidait l’humoriste Patrick Timsit et dans lequel la rédaction de « La Croix » était représentée. " 


Ecoutons la :

« Aujourd’hui, une jeune fille de 15 ans s’est donné la mort.
Encore une qui n’a pas survécu à l’adolescence me direz-vous. Seulement voilà, cette adolescente avait des préoccupations qui n’étaient vraiment pas de son âge. Toute la journée, elle attendait le retour à la maison de cet homme qu’elle devait désormais appeler 
« mon mari ». Non, elle n’a pas fait cette folie que d’épouser son amoureux du moment. 
Non, elle n’a pas choisi qu’elle appellerait cet homme ainsi. C’était là, posé devant elle et elle n’a pas eu le choix.

C’était là, posé devant elle, et elle n’a pas eu le choix.

« Cette adolescente, c’est Amina EL FILALI. Amina a été mariée  à son violeur alors qu’elle n’était qu’une enfant. Et comme si cela ne suffisait pas, elle a été battue pendant un an par son mari »
Violée et mariée à son violeur.

En effet,  depuis toujours, il existe une loi en Afrique du Nord et dans certains pays du Moyen-Orient. La loi 475 du Code Pénal qui autorise un violeur « à épouser sa victime sous prétexte de lui rendre son honneur et d’échapper lui-même à la prison. »

La jeune femme n’a pas eu le choix, dans son désespoir, elle s’est suicidée.
Le mari a témoigné, mais n’a pas été accusé…

« Après avoir déclaré que la belle-famille était responsable de la mort de la jeune-femme et que leur mariage était un accord des deux parties, il a été relâché et vit aujourd’hui paisiblement au nord du Maroc, dans la campagne de Larache. »

Dérangeant cette légalisation du viol, n’est-ce pas ? « Pourquoi ? »

La jeune femme est elle seulement victime d’une société qui fait des différences entre les hommes et les femmes ? Ou y –a-t-il autre chose ?

La nouvelle Constitution du Royaume du Maroc, votée en 2011 énonce par son article 19 que l’homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés à caractères civil, politique, économique, social, culturel et environnemental.

Le Code Civil du Maroc pour tout ce qui concerne la famille applique les lois dictées par la religion. Or, lorsque Majda EL ALAOUI lit le Coran, elle constate qu’il est « préconisé » d’avoir son avis avant de marier une femme vierge, et qu’on n’a pas le droit de marier de force une veuve ou une femme divorcée.

Alors de quoi et de qui est victime la jeune Amina ?
Victime de la loi 475 du Code Pénal répond elle,  en contradiction avec  l’article 19 de la nouvelle constitution de 2011. Mais aussi d’une société malsaine dans laquelle sans pots-de-vin on ne peut pas obtenir une véritable justice.

« Il n’existe aucune statistique qui prenne en compte le nombre de vies brisées par ces pratiques ancestrales. Qui peut dire combien de timides mariées sur la photo ont d’abord été violentées par leur époux et négociées pour l’honneur de leur famille ? »


Aujourd’hui les pays arabes sont à un tournant.

Les femmes ont pris conscience de leur égale dignité de droit.
Les féministes marocaines se sont battues pour révéler au grand jour cette loi ancestrale qui bafoue les droits des femmes.
Que les femmes puissent s’émanciper demande Amina, que l’éducation leur permette  une insertion dans tous les domaines de la société, qu’elles atteignent la parité, car «  il n’est plus possible d’attendre encore d’autres crimes d’honneur comme celui d’Amina EL FILALI pour faire changer les choses. »



Il n’y a pas de traditions familiales chez nous qui appellent à laver un crime d’honneur par le mariage, mais il y a  m’indique une de nos correspondantes :

 75 000 femmes violées en France chaque année.
10% de plaintes déposées
2250 victimes, soit 3% ont droit à un procès pénal.
1% de condamnations des agresseurs,
= 72750 violeurs potentiels dans la nature.


-Il y a un problème avec l’attitude de l’ensemble des acteurs sociaux et de la justice, des responsables religieux.


Nous sommes toutes des Amina FILALI, des femmes du Congo, … mais le pudique détournement des regards de ces violences qui accablent un si  grand nombre de femmes, ne recèle-t-il pas aussi  un problème chez les femmes françaises ?
N’y a-t-il pas dans cette pudeur, un renoncement un peu égoïste à témoigner contre le machisme violenteur et tous les patriarcats solidements ancrés dans les religions ?

N’y a-t-il pas un devoir de solidarité pour toutes les femmes ? Comment s’estimer "extérieure au problème" parce qu’on est protégée ?

« J’accuse » dit Amina.


Je retombe en ce deuil qui jadis m’étouffait
Personne n’est méchant  et que de mal on fait.
Victor Hugo
"A ceux qu’on foule aux pieds".



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