vendredi 15 février 2013

Lettre ouverte au Cardinal Archevêque Philippe BARBARIN




Monseigneur, Eminence,

Permettez à une grand-mère de retrouver l'espièglerie de sa jeunesse  et de s'adjoindre l'aide de celui qui en 1954 n'était  qu'un jeune espoir belge de la chanson.
Son grand Jacques nous  avait alors  "bien remués". 
Ne faisait il pas éclater dans un monde étriqué, bridé par les conventions et les usages , que sans "vécu"  tout  n'était  que  "faux semblant"  ?

Il parlait alors  des gestes convenus du croyant de circonstance, des amours sans consistance , de la vie qui aurait pu être plus vraie si l'on avait  le courage de dépasser les "semblants" pour aller à l'essentiel, à l'esprit des choses.

Dans le fil de mes revues de presse, j'ai lu le compte rendu fait par Ouest -France  de votre "interlocution" ( sic) au Club de la presse à Lyon, 

" Des évolutions sont à venir au sein de l'Eglise Catholique "  y disiez vous,  évoquant l'avènement d'un nouveau pape et les évolutions à venir dans l'Eglise Catholique, votre Eglise, mon Eglise aussi ! Une Eglise que j'aime et défends.

" Autoriser les prêtres à se marier ? ça a déjà existé. Et la situation actuelle peut changer ".

Dieu, que j'ai été heureuse de cette ouverture.
Las, joie de courte durée .

En effet , le couperet tombe.
"Ce qui ne changera jamais en revanche, c’est l’impossibilité pour les femmes de devenir prêtre.»


Ce qui ne changera jamais ? .....

Non Monseigneur ce qui ne changera jamais c'est vous, seulement vous.
D'autres peuvent penser autrement "la chose".

Aucun fondement théologique pour étayer  une telle affirmation, seulement la tradition et trois " REFUS" de trois Papes aux demandes réitérées de nombreux prêtres et évêques soucieux de donner  aux femmes la possibilité de répondre à l'appel à l'ordination.
Véritable discrimination sexiste passible des tribunaux dans la vie civile, de telles affirmations appuyées d'un JAMAIS péremptoire étonne de la part d'un des "Princes" de notre Eglise.
Quelle source argumentaire  alimente donc une telle ségrégation ?
 -Le faux problème de l'impureté? Il a été mis à mal par Jésus lui-même.
-L'idée d'un sexe mal fini, véritable  demi-humanité   seulement apte à la fameuse faction des PBT, 
( petits boulots techniques )? Véritable "aide" au sens trivial du terme ?
Je pourrais être alarmée, j'ai préféré en rire, c'est donc aidée de Jacques BREL  et de son Grand Jacques que je vous livre ce petit "poulet" en vous priant d'avoir l'obligeance de regarder avec attention les deux dernières phrases. Je me suis permis de les mettre en couleur, car elles sont la seule vraie question que nous pouvons poser devant des refus que rien n'étaie :  ni l'Evangile, ni les faits et gestes de Jésus, ni même la Tradition si on la juge à l'aune du respect d'une organisation sociale faisant jusqu'à ces dernières décennies de la femme une éternelle mineure juridique.

Réponse à Mgr BARBARIN .
A la question "ordination des femmes ? JAMAIS !!!" sur l'air de Tais toi donc Grand Jacques.....

C'est trop facile de parler pour l'Eglise 
De déverser toute sa saleté 
Dire au public dans la lumière grise 
Ordonner les femmes ? JAMAIS ! 

Tais toi donc, Philippe,
Que connais-tu des femmes 
Un cantique, une image
Tu n’en connais rien de mieux ?

C’est trop facile quand les guerres sont finies
D’aller gueuler que c’était la dernière
Hommes mariés pourriez être ordonnés :
Révolution ! Mais ce serait la dernière !

Tais toi donc Philippe, 
Laisse-nous donc pleurer
Laisse-les crier de joie
Toi qui ne fut même pas soldat.

C’est trop facile quand une Eglise se meurt
Qu’elle craque en deux parce qu’on l’a trop pliée
D’aller pleurer comme pleurent les curés
Comme si régner pouvait toujours durer .

Tais toi donc, Philippe
Que connais tu des femmes
Des yeux bleus, des cheveux fous
Tu n’en connais rien du tout.

Et dis-toi donc Philippe
Dis-le-toi souvent
C’est trop facile
C’est trop facile,
De faire semblant.

Il faudra bien un jour, un soir, 
Qu’ à notre Dieu tu rendes  comptes,
Et qu’aux Hommes tu expliques
Des Femmes l’immonde indignité 

Aurais tu donc mon frère, oublié d’où tu es sorti ?
As tu oublié, mon frère, d’où bébé-Jésus est né ?
Aurais tu oublié ta mère ?
Aurais tu oublié sa Mère ?


Je m'appelle Jacqueline LACH-ANDREAE, suis née en 1941, fruit d'une éducation qui tenait alors de l'esprit d'avant-guerre,  les garçons d'un côté, les filles de l'autre, une morale sexuelle d'autant plus rigoureuse que toute transgression était à haut risque.
Ma Foi plutôt falote et convenue  dans l'avant Concile,  s'est épanouie avec vigueur et en vérité dans la période post conciliaire, m'amenant au fil des années à toujours m'investir plus dans le service d'Eglise et même, le temps de la retraite venu, à m'inscrire en Cycle C de Théologie  à l'ICT où j'ai reçu le meilleur et le plus éclairé des enseignements.
Toute ces expériences me permettent donc d'avoir un jugement, à la fois sur l'Eglise, sur la position des femmes dans l'Eglise et surtout sur les jugements que les prélats portent sur elles.



Je vous prie de croire, Monseigneur,  Eminence, à ma bien respectueuse considération. la légèreté de mon propos n'étant que le miroir du peu de considération  que les ministres ordonnés daignent nous accorder.
Tout Seigneur avait son Fou. Je le serai donc l'espace d'une soirée.

Jacqueline LACH-ANDREAE
le15 Février 2013.

http://youtu.be/7V1yBtmj5xI   



  • ues Brel. He made his debut with this song in 1954. C'est trop facile d'entrer aux églises De déverser toute sa saleté Face a...

mardi 12 février 2013

Renonciation du Pape....



Les esprits sont « tout retournés », le Pape a présenté sa renonciation , elle sera effective le 28 Février .
Comment? Pourquoi?  Quelles sont les raisons ?
Les jeux sont donc ouverts, mais quels enjeux ?
 Une  démission, c’est quelque chose qui a un rapport à un travail, une charge, une fonction, mais une renonciation du Pape ?

Ce n’est pas du registre des "façons d’être" de l’Eglise catholique romaine !


On se souvient avec émotion des images des foules en prière sur la Place Saint Pierre, les larmes pour Jean-paul  II en proie aux affres et déchéances de la maladie et pourtant fidèlement arrimé au gouvernail de la barque.
On se souvient de la fidélité du martyr « jusqu’à la mort ».
On s’en souvient, beaucoup s’en sont émus ont appelé à la Sainteté,  « santo subito, santo subito" clamait la foule le jour de sa mort...Une pétition de 173  évêques à poussé Benoît XVI à ouvrir un procès en canonisation.
Si vite … Si vite…Peut-être trop vite.
La figure du pape, le "Très Saint Père", en devenait idéale, merveilleuse ,  de l’ordre du divin,  presqu’inhumaine.
Les genoux fléchissaient, on attendait d’elle qu’elle parle, enseigne, dise ce qu’il faut faire…
Une icône.


Mais une icône, est-ce le langage de la Croix ?

Aujourd’hui, Joseph Ratzinger, se dépouillant des ors et de la pourpre, du poids écrasant d’une Eglise dans les tourments de l’enfantement,  en se défendant d’être l’image médiatique de l’Eglise, donne une grande leçon :

  • Il ramène avec beaucoup de courage les esprits égarés dans l’adoration à la fonction papale à la réalité de celle-ci.
  • Il enseigne le monde profane et médiatique : son image n’est pas l’image de la puissance de l’Eglise. L’image de l’Eglise c’est la Croix du Christ. C’est l’abaissement.
  • Serviteur,  clef de voûte de l’édifice de l’Eglise catholique romaine, certes, mais seulement serviteur.
  • Un serviteur appelé à  remplir « autrement » sa tâche de baptisé, dans l’abaissement, le silence  de la prière, pour retrouver le cœur de l’Homme dans le cœur de Dieu.

Il faut savoir sortir du Monde pour l’entendre…
Il faut tenir conversation avec Dieu pour pouvoir tenir conversation avec les Hommes.

  • Serviteur qui rappelle à tous les adorateurs de la fonction, que nul n’est propriétaire de l’Esprit –Saint, il reconnaît, par cet acte officiel,  que l’Esprit souffle où il veut et  lui donne sa confiance en s’abandonnant à la divine providence pour choisir un successeur ?
  •  En ramenant la charge papale à une fonction qui peut être transférée du vivant de celui qui l’a reçue, il lui donne sa juste mesure , celle de l’évêque de Rome, celle de "premier évêque".
  • Dépouillé de cette notion de puissance et d’infaillibilité pontificale que lui avait conféré le Concile Vatican I,*  il ouvre une porte à tous les frères séparés .[1]


-D’une manière moderne, il clame au monde ce que Paul à écrit 1 Co 1,10

« Je m’explique ; chacun de vous parle ainsi :  » moi j’appartiens à Paul.- Moi à Apolos . – « Moi à Céphas. -Moi à Christ.
« Le Christ est il divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul de « que vous avez été baptisé ? ( …)
« Car Christ n’a pas envoyé baptiser, mais annoncer l’Evangile, et sans recourir à la sagesse « du discours, pour ne pas réduire à néant la croix du Christ.
« Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui sont « en train d’être sauvés, pour nous, il est puissance de Dieu.

Oui, aujourd’hui, je remercie Jospeh Ratzinger de nous rappeler l’ultime vérité de l’Eglise : le mystère de Dieu est de réunir toutes choses en Christ
Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent mais pour ceux qui sont en train d’être sauvés, pour nous, il est puissance de Dieu.

Pour moi, en ce jour exceptionnel qui ouvre tous les possibles pour une Eglise depuis longtemps  en attente, et  à tous  les baptisés conscients des grâces de leur baptême qui les fait Prêtres, Rois et Prophètes, 
je rappellerai l'avant-propos de la "constitution pastorale sur l'Eglise dans le monde de ce temps"  Gaudium et spes......

"Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et "de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs , les tristesses et les angoisses des disciples "du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur."

Il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur coeur......


Jacqueline LACH-ANDREAE
12 Février 2013





[1] (note 1) convoqué par Pie IX . Concile avorté, car interrompu par l’entrée des troupes italiennes dans Rome et jamais repris…. Peut-être esprit mal tourné, j'y vois  un démenti … » on juge l’arbre à ses fruits » a dit jésus.
[1]

samedi 9 février 2013

le V-DAY. Vous avez dit le jour du Vagin ?



Et si nous  nous engagions à fonds dans la protestation contre les violences faites aux femmes ?

 Lorsqu’en  1994, Eve Ensler adapte son livre « Les Monologues du Vagin » pour en faire
une pièce de théâtre, elle ne savait pas encore que  quatre années plus tard, un soir de Saint Valentin elle pourrait fonder un mouvement féministe  de lutte contre les violences, le V-DAY.
 
Elle a pu  « mettre au monde «  ce projet grâce au succès mondial  de la pièce où seule sur la scène d’un petit Théâtre new-yorkais elle donne chair aux confidences des femmes ».

Le vagin : c’est uniquement féminin, c’est en creux, c’est un trou. ( Sartre et les autres )
Le vagin, c’est  tabou, on  n’en parle qu’à son gynéco,
Inter faeces et urinas nascimur, écrira Saint Augustin
Dans toutes les langue , le nom des organes génitaux de la femme est une injure…
Le vagin ce n’est qu’un organe comme un autre m’écrivit un jour un homme…balayant d’un revers de main  mes revendications..


Et pourtant que d’histoires intimes dans ce vagin, que de souffrances, que de violences et que je joies aussi.  En fait l’histoire de l’humanité.
Les femmes s’y sont reconnues, et bien des hommes à l’intelligence sensible aussi.

Hélas, l’actualité se fait plus souvent l’écho des souffrances que des joies, on le sait bien  le bonheur n’a pas d’histoire.
C’est pourquoi nous nous attardons plus, aujourd’hui,  sur les incroyables sévices que les femmes peuvent endurer. Nous avons parlé du cri des femmes du KIVU violées depuis 17 ans dans le silence très officiel des responsables politiques mondiaux et des Eglises. Nous avons évoqué les souffrances des femmes  que je qualifierais de « tous les jours » des anonymes de nos villes et de nos cités.  Il est bon, aujourd’hui,  de déboucher sur quelque chose de concret.

Alors que faire ?   Il y a des réponses. Pourquoi pas le V-DAY ?

Dans son manifeste Eve écrit   :
« Nous voulons reconnaître  ces femmes (…) Dans chaque communauté, il y a d’humbles activistes qui oeuvrent chaque jour, au coup par coup, pour détruire la souffrance. Elles sont assises auprès des lits dans les hôpitaux, elles font voter des nouvelles lois, elles scandent des mots tabous, elles rédigent des pétitions ennuyeuses, elles récoltent  des fonds, elle manifestent ou défilent dans  les rues . Elles sont nos mères, nos filles, nos sœurs, nos tantes, nos grands-mères, nos meilleures amies.



« Chaque année autour du 14 Février, Eve Ensler cède les droits des Monologues à toutes les femmes qui souhaitent jouer la pièce  à condition de s’engager auprès du mouvement V-Day ,  à   lui reverser 10 % des recettes de la pièce  et de répartir les 90 % restants entre différentes associations locales. » - le blog de Bernard Ugeux –La vie du

 Depuis 2003, 85 millions de dollars ( 66 millions d’euros ) ont été levés pour financer différents projets, parmi lesquels, en 2011,  la Cité de la Joie à BUKAVU,  - le lieu même de toutes les  exactions montrées du doigt par Bernard UGEUX et le Cri des Femmes du Congo.
Les femmes y sont logées et formées par petits groupes durant six mois.  La Cité a été en partie construite par les femmes grâce à un financement de l’UNICEF.

« C’est l’endroit le plus joyeux  qui m’a été donné de connaître »  raconte Eve dans une interview accordée au très  britannique  « The Guardian » .
«  Je me suis rendue dans beaucoup d’endroits où les femmes souffrent mais celui-ci est bouleversant, penser qu ‘au 21 ème siècle on peut être traité avec autant de violence au vu et au su du monde entier est intolérable. » Blog B. Uguex- 8 février 2013- LA VIE-.

A l’entrée de la Cité : « Dix voies pour changer la douleur en pouvoir ».
1-Dites la vérité.
2- Arrêter d’attendre qu’on vous prenne en charge - Prenez l’initiative.
3- Connaissez vos droits
4- Brisez le silence
5- Partagez ce que vous avez appris.

La violence a de multiples niveaux d’actions, depuis le plus insidieux, jusqu’au délire de toute puissance qui appelle à la négation et l’anéantissement de l’Autre.
Pour la déceler, y résister, la combattre,  c’est toute une éducation qu’il faut « entamer ».
Ne soyons pas naïves, ce n’est pas facile. A chaque prise de position répond une décharge de réponses à caractère accusatoire et culpabilisant, quelques fois franchement méprisant., souvent émanant   des plus hautes sphères.
Pour entrer dans ces voies et donner de la voix
-       il faut être plusieurs, se reconnaître liées par un lien fraternel  de solidarité qui soutient les plus faibles.
-       Il faut engager une action à long terme, procéder lentement mais avec régularité et y penser très longtemps à l’avance.

Nous vous invitons à « penser » dès maintenant   le V- DAY – 14 Février 2014- ou à concocter très rapidement quelque trésor de créativité.
Femmes à vos plumes, vos camera, vos pinceaux, vos harpes et claviers. et vos blogs.

« Toute femme a en elle  une guerrière qui attend de naître. Pour permettre à un monde sans violence d’exister, dans cette époque de danger et de folie grandissante, nous leur demandons de se montrer au grand jour » dit Eve Ensler.

En attendant, si vous ne l’avez déjà fait, allez écouter les « Monologues du Vagin », vous ne le regretterez pas. On y rit beaucoup.

 Jacqueline LACH-ANDREAE
Le 9 Février 2013









lundi 4 février 2013

A ceux qu'on foule aux pieds.......


J’ACCUSE…
« Aujourd’hui, Mesdames, Messieurs, c’est le monde que j’accuse d’avoir ignoré ce drame.
J’accuse mon pays d’origine de bafouer ainsi ses filles et  j’accuse la société de faire encore des différences entre hommes et femmes. »


La défense des droits de la femme a trouvé une avocate.
Une jeune lycéenne  Majda EL ALAOUI a convaincu l'auditoire de la  16 ° édition du concours lycéen de plaidoiries pour les droits de l’Homme .
Elle a seize ans,
« Sans la moindre note, écrit le quotidien LA CROIX,  seule sur scène, dans le grand hall du Mémorial de Caen, cette élève de 1re littéraire a vaincu son trac pour dénoncer une législation en vigueur en  Afrique du Nord et dans certaines contrées du Moyen-Orient qui permet à tout violeur de « racheter » « son crime et l’honneur de sa victime en l’épousant ».
Elle a reçu le premier prix du jury que présidait l’humoriste Patrick Timsit et dans lequel la rédaction de « La Croix » était représentée. " 


Ecoutons la :

« Aujourd’hui, une jeune fille de 15 ans s’est donné la mort.
Encore une qui n’a pas survécu à l’adolescence me direz-vous. Seulement voilà, cette adolescente avait des préoccupations qui n’étaient vraiment pas de son âge. Toute la journée, elle attendait le retour à la maison de cet homme qu’elle devait désormais appeler 
« mon mari ». Non, elle n’a pas fait cette folie que d’épouser son amoureux du moment. 
Non, elle n’a pas choisi qu’elle appellerait cet homme ainsi. C’était là, posé devant elle et elle n’a pas eu le choix.

C’était là, posé devant elle, et elle n’a pas eu le choix.

« Cette adolescente, c’est Amina EL FILALI. Amina a été mariée  à son violeur alors qu’elle n’était qu’une enfant. Et comme si cela ne suffisait pas, elle a été battue pendant un an par son mari »
Violée et mariée à son violeur.

En effet,  depuis toujours, il existe une loi en Afrique du Nord et dans certains pays du Moyen-Orient. La loi 475 du Code Pénal qui autorise un violeur « à épouser sa victime sous prétexte de lui rendre son honneur et d’échapper lui-même à la prison. »

La jeune femme n’a pas eu le choix, dans son désespoir, elle s’est suicidée.
Le mari a témoigné, mais n’a pas été accusé…

« Après avoir déclaré que la belle-famille était responsable de la mort de la jeune-femme et que leur mariage était un accord des deux parties, il a été relâché et vit aujourd’hui paisiblement au nord du Maroc, dans la campagne de Larache. »

Dérangeant cette légalisation du viol, n’est-ce pas ? « Pourquoi ? »

La jeune femme est elle seulement victime d’une société qui fait des différences entre les hommes et les femmes ? Ou y –a-t-il autre chose ?

La nouvelle Constitution du Royaume du Maroc, votée en 2011 énonce par son article 19 que l’homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés à caractères civil, politique, économique, social, culturel et environnemental.

Le Code Civil du Maroc pour tout ce qui concerne la famille applique les lois dictées par la religion. Or, lorsque Majda EL ALAOUI lit le Coran, elle constate qu’il est « préconisé » d’avoir son avis avant de marier une femme vierge, et qu’on n’a pas le droit de marier de force une veuve ou une femme divorcée.

Alors de quoi et de qui est victime la jeune Amina ?
Victime de la loi 475 du Code Pénal répond elle,  en contradiction avec  l’article 19 de la nouvelle constitution de 2011. Mais aussi d’une société malsaine dans laquelle sans pots-de-vin on ne peut pas obtenir une véritable justice.

« Il n’existe aucune statistique qui prenne en compte le nombre de vies brisées par ces pratiques ancestrales. Qui peut dire combien de timides mariées sur la photo ont d’abord été violentées par leur époux et négociées pour l’honneur de leur famille ? »


Aujourd’hui les pays arabes sont à un tournant.

Les femmes ont pris conscience de leur égale dignité de droit.
Les féministes marocaines se sont battues pour révéler au grand jour cette loi ancestrale qui bafoue les droits des femmes.
Que les femmes puissent s’émanciper demande Amina, que l’éducation leur permette  une insertion dans tous les domaines de la société, qu’elles atteignent la parité, car «  il n’est plus possible d’attendre encore d’autres crimes d’honneur comme celui d’Amina EL FILALI pour faire changer les choses. »



Il n’y a pas de traditions familiales chez nous qui appellent à laver un crime d’honneur par le mariage, mais il y a  m’indique une de nos correspondantes :

 75 000 femmes violées en France chaque année.
10% de plaintes déposées
2250 victimes, soit 3% ont droit à un procès pénal.
1% de condamnations des agresseurs,
= 72750 violeurs potentiels dans la nature.


-Il y a un problème avec l’attitude de l’ensemble des acteurs sociaux et de la justice, des responsables religieux.


Nous sommes toutes des Amina FILALI, des femmes du Congo, … mais le pudique détournement des regards de ces violences qui accablent un si  grand nombre de femmes, ne recèle-t-il pas aussi  un problème chez les femmes françaises ?
N’y a-t-il pas dans cette pudeur, un renoncement un peu égoïste à témoigner contre le machisme violenteur et tous les patriarcats solidements ancrés dans les religions ?

N’y a-t-il pas un devoir de solidarité pour toutes les femmes ? Comment s’estimer "extérieure au problème" parce qu’on est protégée ?

« J’accuse » dit Amina.


Je retombe en ce deuil qui jadis m’étouffait
Personne n’est méchant  et que de mal on fait.
Victor Hugo
"A ceux qu’on foule aux pieds".