vendredi 11 janvier 2013

LETTRE OUVERTE AUX FRANCAIS




Chers amis,

Puisque les souffrances se font cris, je voudrais ajouter le mien.
Non pour me faire plaindre, non parce que ma souffrance est invalidante
Non parce que je suis victime d’ostracisme
Mais surtout parce que j’ai mal à mon pays,  mal  à ma citoyenneté.

Je vais être claire. Un projet de loi qui jette dans la rue tant et tant de gens de toutes confessions, de toutes obédiences, de toutes sensibilités  n’est pas un bon projet, et je souhaite qu’il y en ait un nouveau qui tienne compte de ce mouvement.

La crise fragilise. Beaucoup ne savent pas ce que seront leurs lendemains.
Les entreprises ferment et jettent à la rue les travailleurs, les retraités dont les retraites sont modestes craignent de ne pouvoir boucler les fins de mois tant les charges augmentent à un rythme que jamais l’augmentation de leur retraite n’arrivera à rattraper. Les CDD sont le lot courant pour les jeunes, comment feront ils pour construire leur avenir dans une société où les banques ne prêtent qu’à ceux qui ne présentent aucun risque.

Ne nous trompons pas ce ne sont pas les bourgeois nantis, des catholiques homophobes  qui seront dans la rue. Ce seront des personnes « en mal-être », qui ne savent plus à quoi se raccrocher.

Ce seront des personnes qui mettent dans les valeurs clairement établies dans le Code Civil de la République leur confiance et leur adhésion.
Il y a quelque chose de  noble à demander que soient respectées les lois issues de la tradition républicaine de la France transcrites au fil du temps dans notre Code Civil.
N’oublions pas que celui-ci aura 200 ans le 21 Avril 2014 et a traversé bien des régimes, bien des révolutions et des guerres. Certes il a évolué au fil des transformations sociétales, mais jamais dans de les  proportions que le projet de loi propose.

Etienne Portalis,  un des rédacteurs du Code répondait à la question à quoi sert un Code Civil :
«  C’est un corps de lois destinées à diriger et fixer les relations de sociabilité, de famille et d’intérêts qu’ont entre eux des hommes qui appartiennent à la même cité ».

Je m’attarde sur «qui appartiennent à la même cité ».
Je m’y attarde car c’est à mes yeux ce qui motive les personnes du « Contre ».
Des milliers de gens considèrent comme un bien précieux cet héritage que le mariage traditionnel d'un homme et d'une femme  représente pour eux et s’y arriment en tant que  valeur fondement de la société à laquelle ils sont fiers d’appartenir. Ils cherchent dans les institutions des repères dans une cité en complète dislocation.
Je n’ai jamais aimé les croisades, les injonctions, les mots d’ordre, je m’y suis opposée et l’ai déclaré. Je suis une femme éprise de liberté qui suit sa conscience.
Mais je suis aussi une femme qui se voudrait fraternelle et si je comprend vraiment en profondeur le mal-être des homosexuels et cherche de tout mon cœur et de tout mon intelligence à faire qu’ils trouvent leur place en toute dignité, je peux aussi comprendre le mal-être des personnes qui se sentent partir à la dérive dans un monde qu’elles ne comprennent plus.

Dans cette crise nous devons établir l’unité du pays et non l’opposition d’un camps contre l’autre dans la société. Il en va à mes yeux de notre responsabilité de citoyens. C’est pourquoi je souhaite que le gouvernement revoie sa copie.

François Bayrou propose le terme « d’union reconnue » à la place de mariage ,  j’y souscris. Celle-ci pourrait bénéficier de la solennité  d’une union passée publiquement devant l’édile de la cité , poserait les principes de solidarité, de dignité et les droits y afférents, mais ne porterait pas ombrage à un mariage-traditionnel  que nous souhaitons garder dans ses formes et ses effets.

Jacqueline LACH-ANDREAE
Le 11 Janvier 2013






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