dimanche 30 décembre 2012

LAISSEZ NOUS VIVRE. LE CRI QUI VIENT DU CONGO


« C’est au nom des victimes, qui ne savent plus comment pouvoir nommer un Dieu qui semble s’être  absenté durant leur calvaire que nous osons écrire ces lignes .
C’est ainsi que débute l’une des lettres du dossier «  Laissez nous vivre » que nous a adressé le Père Bernard Ugeux, Père Blanc, profondément touché par ces souffrances.
 En effet, quelle parole adopter face à ce qui semble le mal absolu ? 

Au Kivu, une région à l’Est  de  ( RDC) martyrisée par près de 20 ans d’une guerre oubliée environ 500 000 femmes ont été violées par des groupes armés  et ont subies d’atroces  mutilations sexuelles. Les enfants nés de ces viols sont stigmatisés dans les communautés. Les familles vivent dans la peur.
Les Eglises congolaises ont dénoncé ces atrocités, elles ont créé des structures pour accueillir les victimes,  gèrent les écoles, s’occupent  des projets de développement, mais comment parler encore de Dieu à ces femmes qui ont vécu l’enfer ?

 Les communautés chrétiennes ont du mal à aborder la question.
« Il y a une lacune dans la pastorale », témoigne Bernard Ugeux  basé à Bukavu la capitale du Sud-Kivu.
Cet ancien professeur de théologie à l’Université de Toulouse décide alors de réunir l’été dernier à Bukavu, un groupe de réflexion de treize  personnes, dont des infirmières, des psychologues et des théologiens catholiques et protestants. Objectif : faire connaître la situation, mais aussi et surtout déboucher sur un document pédagogique sous formes de lettres.
Oeuvre d'un artiste Mayelé

Celui-ci est en ligne et téléchargeable.  LAISSEZ NOUS VIVRE- Cris des Femmes du Congo.
http://www.mafrome.org/Laissez_nous_vivre_GCRA_Bukavu.pdf

Nous vous invitons à l’ouvrir, il est destiné à tous.

En effet, la réflexion sur les sévices subis par ces femmes et ces enfants nous concerne tous. Elle  va beaucoup plus loin que la situation du Congo, elle nous renvoie à tous les viols collectifs perpétrés en temps de guerre.  Elle nous renvoie aussi à notre banal quotidien   où le viol est plus fréquent qu’on ne le pense.
Elle nous renvoie aujourd’hui à  l’étudiante victime d’un viol collectif mi-décembre à New Delhi. La  Fille de l’Inde ( India Daughter ) comme elle est désormais appelée,  devient ainsi la victime emblématique des violences faites aux femmes en toute impunité dans ce pays.


La question est lourde de sens. Elle touche à l’idée qu’on se fait de la Femme,  de la Justice  et de la Vie.

  • Comment redonner à ces femmes confiance et  dignité et les soutenir dans leurs efforts à  dégager  un avenir de leurs décombres ?
  • Comment les « extraire » de la gangue de honte qui les paralyse et les  fait muettes ?
  • Quel Seigneur de la vie et de la joie peuvent elles encore supplier, quelle confiance peuvent elles espérer ?
  • Quels mots, quel soin, quelle attention et quelle  possible espérance pourrons nous offrir pour qu’elles puissent à nouveau croire en une bonté d’homme, en la présence aimante du Dieu Très bas ?
  • Quelle parole tranchante comme le glaive saura déchirer un silence complice, saura dénoncer fermement ces violences barbares, ces injustices nées du pillage délibéré  d’un minerai rare considéré par l’industrie comme presque aussi précieux que l’or.

« Recouds les femmes et tais-toi » menace la soldatesque au médecin.
La violence sur ces femmes s'accompagne ainsi de menaces de mort pour ceux qui les aident. Ils les veulent seules, abandonnées, privées de parole.


Oserons nous  un geste prophétique ?  Qui saura à l’image du Père Ugeux et de son équipe leur redonner parole de dignité ?
Oserons nous tous ensemble  leur rendre témoignage ?
Oserons nous donner chair à nos difficiles  tentatives  d’accueillir  à  la lumière de la Vérité du Dieu fait homme   ces  souffrances de femmes humiliées. Souffrances muettes, vécues dans la honte et quelques fois le rejet.
Oserons en appeler à l’Eglise-Institution  et lui dire:  «  Ne sois pas comme David qui s’est tu quand sa fille Tamar a été violée par son demi-frère Amnon  » - « Expulsez cette fille de chez moi, et verrouille la porte derrière elle ! » a crié le violeur envahi par le dégout ( 2 Sam.13) de lui même, de la femme ?
Tes filles, notre Mère Eglise, sont souvent derrière la porte.
Protège les et  donne leur égale dignité de choix  afin que nul de tes fils, puissant ou misérable,  ne puisse avoir la tentation de  penser  que leur sexe leur donne un pouvoir de définition  sur ce qu’est une femme».
Ne laisse pas le frère violer la soeur. Il n'y a pas que des viols physiques et barbares, il en est de plus sophistiqués.
  



"LAISSEZ-NOUS VIVRE!" *le cri des femmes de la RD du CONGO, victimes des violences durant les conflits. Un document proposé pour l'accueil et le soutien des victimes par les communautés chrétiennes.


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