Cher Nathanaël, « Don de
Dieu » ,
celui dont on ne sait ce qu’il a fait, mais seulement qu’il
a été appelé par Jésus pour être son disciple nous dit l’évangile de Jean 1,45-51…
Qui est donc ce Nathanael au nom si beau et pourtant si discret ?
Je t ’écris,
cher ami homo, à ce nom que je te donne in petto, car pour t’avoir côtoyé durant de longues années, avoir été
ton ami, avoir travaillé avec
toi, je me réveille aujourd’hui
dans la labyrinthe d’un débat bien
sérieux sur le mariage homosexuel,
ne sachant en fait rien de Toi et peut-être si
peu de choses des raisons profondes de ceux qui s’opposent
à Toi et à ta liberté.
C’est cela le débat, on y rentre plein d’assurance, on en sort le cœur humble. Les grandes
évolutions de société sont le fruit
d’ opinions contradictoires, mais qui toutes portent en soi la responsabilité de construire la vie des hommes . Et dans
l’honnêteté de son cœur, à l’heure des choix, tout cela pèse lourd.
Alors qui es tu Nathanael ? Qui es tu cet « Autre »
par rapport à moi-même, toi qui
préfère ton semblable à l’aventure de la découverte du sexe opposé ?
Je ne sais pas. Rien en moi, dans mes gênes, dans mes
expériences sexuelles ne peut y
répondre, mais mon cœur, me crie « aime le, aime la, donne lui son
bonheur, il l’a bien mérité » J’avais presque envie d’écrire :" il le vaut
bien"….Et je n’ai jamais rien su refuser à mon cœur.
D’ailleurs la plus grande de mes attentes, n’est elle pas
d’être aimée et acceptée comme je suis ?
Tu le sais Nathanael,
je condamne l’homophobie, avec force.
Elle n’est que le fruit de l’ignorance et de
la paresse intellectuelle.
Mais quelle longue ignorance !!!!
Des siècles de rejets, de mariages arrangés pour « sauver la face » aux yeux
du monde, des siècles où cette « différence » cassait toute
possibilité d’avancement professionnel, où l’homosexualité affichée ne se pouvait être que privilège de riches, de puissants
ou artistes en marge .
Pourtant quelle profusion de richesse au service de l'humanité !
Rimbaud, Yourcenar, Gide, Cocteau, ETC…la liste est longue.
Certains ont dit : l’homosexualité est une maladie.
OUF......WOUHA!!!!!
NON, l’homosexualité n’est ni un symptôme, ni une structure pathologique.
Dès lors qu’il y a possibilité d’acceptation et d’intégration par l’entourage, la vie homosexuelle peut s’avérer structurante, opérante et donner équilibre au fonctionnement psychique ( orientation homosexuelle et vie chrétienne. P.16 ).
Toutes les recherches récentes montrent qu’il est presque impossible de changer l’orientation sexuelle, même quand une personne le demande. écrit Castaneda Marina – Comprendre l’homosexualité- Robert Laffont, 1999 , p.28.
C'est donc bien qu'il s'agit d'un état affirmé.
Un jour, il y a bien longtemps, à la révélation de plusieurs
cas d’homosexualité dans une même famille, on m’a demandé :
« Que feriez vous si votre fils était
homo ? »
Je suis restée un interloquée, je ne m’étais pas posé la
question, l’enfant avait à peine douze ans.
Mais l’évidence
s’est imposée, je l’aimerais, il est mon fils, j’assumerais sa différence, et
surtout je ne le ferais pas souffrir pour cette raison.
Car enfin, Nathanael, pourquoi faire tant de bruit pour si peu de chose ?
Font il ils du mal ces amoureux que l’on croise, vieux
couple attentif à ne pas se faire trop remarquer. On les imagine jeunes, à
l’heure du choix lorsque peut-être
s’est déjà installée la souffrance
de n’être pas acceptés comme tels par la société, tolérés certes mais pas reconnus. Comme des étrangers chez eux, exclus des tables familiales. On était dur
autrefois dans la petite bourgeoisie.
Font elles du mal ces jeunes femmes chargées d’enfants que
l’on croise sur les lignes de l’Europe du Nord ?
Alors pourquoi leur refuser la joie de pouvoir concrétiser
leur union, de proclamer leurs solidarités respectives à la
face de la société ?
Pourquoi refuser aux humbles d’accéder à la liberté de ceux à qui le pouvoir et l’argent peuvent tout donner.
Le mariage est plus qu’un contrat, Nathanael, c’est le désir
de s’engager l’un envers l’autre dans les bons jours comme dans les mauvais
jours, dans la joie et dans la peine.
Il me plait de te faire confiance, d’avoir foi en toi, de
respecter ta liberté et de te donner les moyens de montrer ton sens des responsabilités.
D’ailleurs au nom de quoi, pourrais-je te le refuser ?
Peut-être ce désir de mariage des homo rappellera-t-il à l’ensemble de la société le désir de
l’engagement profond, affiché, qui s’établit devant Monsieur ou Madame
Le Maire.
Peut-être alors de nombreux couples ne jetteront ils plus leur parole aux orties au moindre
manquement avec la désinvolture
qu’on sait être celle d’ aujourd’hui.
Comment Toi, Jacqueline la catholique, diront certains, tu balaies le caractère essentiel du
mariage qui est fondé sur la différence sexuelle et la capacité d’engendrer ?
Non, je ne balaie rien.
Nous sommes de l’ordre du vivant, et dans le genre humain,
le mâle a besoin de la femelle et la femelle a besoin du mâle pour procréer.
Pas d’enfants autrement, tout le reste n’est que de l’ordre
de la manipulation génétique ou du
commerce des ventres et du don des gamettes.
Mais l’être n’est pas seulement un organisme sexué, il est
beaucoup plus.
Par delà le sexe
il est un être doté de conscience, doté du « rouha » de Dieu,
un être de relation. Un être d’une
grande dignité.
"L'être humain, dès sa conception, n'existe que dans les relations avec les autres, et (...) le christianisme assume pleinement cette réalité, avec ses dimensions corporelles et affectives" (Monique Hebrard - prêtres enquête sur le clergé d'aujourd'hui).
Comment penser qu'une relation vécue intensément pourrait être dénaturée dans une sexualité homo ?
Qui peut dire, je suis le seul à savoir aimer ?
Alors marions les, marions les, je crois qu’ils seront heureux ensemble
…… dit la chanson.
A bientôt, cher Nathanel, je te souhaite beaucoup de bonheur.
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