mardi 23 juin 2015

Fulgurances féminines ?


Le 25 Mars 2010 Le Comité de la Jupe faisait paraître un article intitulé   "Fulgurance féminine".

 On pouvait y écouter  Élisabeth Dufourcq, docteur en sciences politiques, ancienne secrétaire d’Etat à la recherche, et auteure d’une magistrale et remarquable « Histoire des chrétiennes, l’autre moitié de l’Evangile. » (Bayard 2008) interviewée par Evelyne Montigny pour le site Croire.com . 
 Interview fulgurante de 15 minutes à consulter sans délai pour alimenter les réflexions personnelles de chacun…
Description :
  1. Pourquoi « l’autre moitié de l’Evangile »? Les femmes ont-elles une autre perception de l’Evangile que les hommes ?
  2. Est ce que le Christianisme aurait pu exister sans les femmes ?
  3. A quel moment de l’histoire, l’institution  devient-elle une affaire d’hommes ?
  4. Vous  évoquez une fulgurance féminine : comment s’exprime-t-elle à travers les siècles ? Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
  5. Est-ce que ce livre a changé quelque chose dans votre façon d’être chrétienne ?

Pourquoi ai je sorti cet article des archives du Comité de la Jupe, pour deux raisons :

1°)Lorsqu'on peut constater ça et là  un retour à certains archaïsmes par soucis d'affirmer  une identité catholique, la crainte du  fondamentalisme s'impose. Or l'histoire nous l'enseigne la femme en est toujours la première victime.

2°)On s'habitue tout doucement à ces rétrécissement d'espace accordé aux femmes dans l'Eglise , on s'y habitue car ils sont indolores et que tant et tant de problèmes interpellant l'Institution   on accepte que les choses soient remises au lendemain. 
Or, il n'en n'est rien, il n'y a pas de "lendemain qui chante" pour la femme catholique, la porte a été fermée par Jean-Paul II. Il ne lui  reste plus que la plume, la parole, et une incroyable patience doublée d'une solide détermination. 

dans ses verts pâturages il m'a fait reposer

"Mais ce que femme veut" dit le dicton, "Dieu le veut" .
Au fait, s'est on penché, un seul moment,  sur la volonté de Dieu  dans ce domaine ? 
Si on lit bien les évangiles, il est rapporté d'incroyables manifestations de familiarité de Jésus à l'égard des femmes, une familiarité totalement réprouvée par les Juifs de son temps et totalement incomprise de ses disciples hommes. D'ailleurs, ils n'ont pas attendu, dès les Actes des Apôtres, elles passent à la trappe.


Aujourd'hui on nous répond une lecture fondamentaliste du choix des 12 apôtres, en oubliant de rappeler que cette lecture d'exclusion concerne uniquement  les femmes, alors qu'elle  n'a ( fort heureusement !!!!!) ni souci de race ou d'identité culturelle. 

 Et dans ses eaux limpides, il m'a désaltérée
12 : quel chiffre magnifique d'universalité : les douze tribus d'Israël ....!!!!!
Serions-nous pauvres femmes exclues de "l'Universalité"?
 Les femmes représentent plus de la moitié des laïcs qui se dévouent dans l'Eglise....Jusqu'à quand serons nous exclues ?
Ecoutez Elisabeth , les femmes doivent se préparer à prendre une relève dans une situation de manque  de prêtres  qui se révélera de plus en plus critique.
  
Lisez :" l'Histoire des chrétiennes - l'autre moitié de l'Evangile". Elisabeth DUFOURQ
 Lisez : "Douze femmes dans la vie de Jésus" d'Anne SOUPA
Lisez :  " Le Déni" de Maud AMANDIER  et Alice CHABLIS  et la très belle préface de Joseph MOINGT 
Lisez : "Ludmila Javorovà -Histoire de la première femme prêtre"
de Suzanne YUNC - Histoire tragique. 
et beaucoup d'autres encore. Nous en reparlerons.

Prenons conscience qu'il peut y avoir une tentation de fondamentalisme dans les religions monothéistes et aussi dans l'Eglise catholique bien sûr, et qu'à chaque fois ce " sont les femmes qui en font les frais".
Eh oui, je me répête.....!!!!!!

Jacqueline Lach-Andreae






(autres renseignements biographiques concernant Elisabeth DUFOURQ ici )

lundi 22 juin 2015

la sexualite humaine : une voie à deux.

Belle contribution au Synode de la Famille  du Docteur Claudine Onfrey Gynécologue spécialisée en stérilité , membre  du bureau de la DCBF ( Diaconie de la Conférence des Baptisés Francophones ) et de Jean Garnier -Biophysicien - directeur de recherche honoraire .



La sexualité humaine : une voie à deux 

Le synode sur la famille évoque la sexualité au travers du prisme d’hommes ayant choisi la chasteté, le célibat à vie et l’absence de vie familiale. C’est donc une vue très biaisée par une méconnaissance bien compréhensible de la sexualité d’une femme et d’un couple, confortée par des millénaires d’interdits sexuels ayant pour finalité la soumission de la femme, avec la peur de la tentation que toute femme peut représenter pour leurs vœux.

Or, dans la relation entre époux, l’entente sexuelle joue un grand rôle : une bonne entente sexuelle est source de joie et de bonheur, elle est une aide précieuse dans les difficultés de la vie quotidienne du couple. Une mésentente en ce domaine est source de souffrance et de division.



Pour autant, la sexualité ne doit être ni idéalisée, ni diabolisée. C’est dans ce domaine que se fait la fracture la plus grande entre l’Institution et la vie des baptisés. On a pu remarquer en novembre dernier que les points qui ont fait le plus de divergence, c’est justement pour les divorcés-remariés et les homosexuels l’exercice de la sexualité, en fait sous son aspect génital.

Pourtant, l’exercice de la sexualité est une fonction physiologique comme le manger, le boire, le dormir, que l’être humain va décliner de mille façons. Il débutera par le plaisir ressenti de façon fortuite, puis la recherche solitaire de ce plaisir par la masturbation en l’absence de partenaire, chez l’humain comme chez les mammifères. Mais la sexualité humaine a ses propres caractéristiques biologiques. Elle est indépendante des saisons, elle ne se développe réellement que douze à quinze ans après la naissance contrairement à nos cousins les primates dont la maturité sexuelle est atteinte au bout d’environ trois ans. Dans nos générations actuelles, la période féconde de la femme ne représente guère qu’un peu moins du tiers de son espérance de vie mais la ménopause n’entraîne pas chez elle l’arrêt du désir sexuel, parfois même il se renforce. La fréquence des activités sexuelles varie beaucoup d’une personne à l’autre, de nombreux facteurs interviennent, certains d’ordre physiologique, d’autres d’ordre circonstanciel. Cela posé, comme pour les autres fonctions physiologiques, il faut souligner l’influence de la culture, dont la religion est une composante, qui peut libérer ou asservir l’individu dans sa sexualité.



La sexualité humaine ouvre également à une autre dimension, celle de notre vie relationnelle dont elle constitue le fondement. En effet, elle est source d’attirance et d’intimité entre deux personnes. Elle permet de donner du plaisir et de la tendresse à celui ou celle que l’on aime. On peut appliquer à la sexualité le précepte de prendre soin de soi et de l’autre : « C’est là la Loi et les Prophètes. » (Mt 7, 12, Lc 6, 31) Elle doit s’accompagner d’une éthique, celle de respect, de justice et de bienveillance mutuels, quelle que soit l’orientation sexuelle. Des théologiens ont réfléchi sur cet aspect relationnel de la sexualité (voir par exemple Sr. Margaret A. Farley dans « Just Love : A Framework For Christian Sexual Ethics »). Enfin si une procréation est envisagée, elle doit être responsable.



La sexualité féminine, encore trop méconnue, se distingue de celle de l’homme par ce qu’elle demande pour être épanouie plus de temps, un esprit apaisé, un corps reposé. On parle bien du devoir conjugal, du repos du guerrier. Ces deux expressions classiques en disent long sur le fantasme d’un désir, permanent chez l’un et moins évident chez l’autre. Qui évoque les douleurs du ou des premiers rapports ? La culpabilité, la mémoire de relations difficiles et la peur de la douleur entraînent plus d’une fois une frigidité. Qui évoque le pourcentage normal de femmes dont l’hymen ne se rompt que lors du premier accouchement, entraînant absence de saignement lors du premier rapport et persistance longtemps de douleurs lors de ceux-ci ?



Est-il si évident d’ailleurs que la virginité au mariage soit la bonne solution ? On peut voir comment les jeunes générations ne la respectent plus. A contrario, une première relation sans amour, un viol, un acte pédophile et aujourd’hui l’approche par internet de la sexualité chez les jeunes peuvent laisser des blessures à vie.



Le désir d’activité sexuelle est lié de façon forte au plaisir que l’on en ressent et à la mémoire de ce plaisir. Car cette notion de plaisir gratuit est omniprésente dans l’activité humaine : de la grotte de Chauvet et ses peintures jusqu’aux arts multiples développés par l’Homme depuis la nuit des temps.

Vouloir réduire la sexualité d’un couple à la sexualité génitale est un non-sens. C’est réduire les gestes d’amour conjugaux à un temps très court. La sexualité d’un couple est présente à chaque instant. Elle a mille couleurs pour s’exprimer, les caresses, les gestes, les regards, la tendresse, l’attention à l’autre, le prendre soin. Quand la sexualité génitale n’existe plus ou ne peut exister, un couple n’est pas et ne devient pas frère et sœur. Et si l’enfant est le plus souvent le souhait de la majorité des couples, il n’en est pas chez l’être humain la seule finalité comme dans le monde animal.



Le corps humain est un instrument complexe et sensible qui lui permet d’entrer en lien avec l’autre et le monde. Dans le couple qui s’aime, la découverte de l’autre est progressive. Le plaisir dans un couple est une alchimie qui doit être apprise et sans cesse renouvelée non de façon égoïste mais parce que cela construit le couple. Dans le couple chacun peut apprendre peu à peu ce qui comble l’autre mais il restera toujours une part de mystère. De plus, le chemin de la vie est long, semé d’embûches et ce qui semble être évident sera à reconquérir. L’homme, la femme ne sont pas des robots, des machines réglées selon le même rythme. Ils sont deux instruments qui doivent s’accorder au fil du temps mais ils jouent la partition de la vie, de leurs vies.

Heureux celle ou celui qui croit que l’être aimé peut combler le manque qui est en elle ou en lui. Heureux celle ou celui qui laisse un espace de liberté à l’autre.



Claudine Onfray et Jean Garnier

L’une ex-embryologiste gynécologue spécialisée en stérilité, l’autre directeur de recherche honoraire, biophysicien.

La Sexualité humaine : une voix à deux. | Contribution n°14 au Synode sur la famille.
http://baptises.fr/…/contribution-n%C2%B0-14-au-synode-sur-…