« Jusqu’où ira la
papolâtrie de mon Eglise ?» me suis je subitement interrogée, un peu
interdite par la mise en scène de la canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II .
Une grande fête ! Ils
étaient tous là « puissants
et misérables », les cardinaux
en un impeccable défilé, les hauts dignitaires de nos Etats, la foule en liesse attendrissante de foi et
de bonheur.
Les camera se
gorgeaient d’images de beauté, le Vatican n’a pas son pareil !
La qualité de ses deux personnes n’est pas en cause. Chacun
a beaucoup apporté à l’Eglise et au monde, chacun a eu le courage de secouer la
lourde « fabrique » , nous ne pouvons que les en remercier et les
montrer en exemple.
Mais pourquoi les canoniser sous leur nom de Pape, donc de
célébrer leur éminent ministère au sommet de la hiérarchie magistérielle
et non pas sous leur simple prénom,
celui reçu au baptême, le prénom choisi par leurs parents ?
J’eusse tellement mieux aimé fêter Saint Angelo Roncalli ou Karol
Wojtyla plutôt que le Pape Jean XXIII ou le Pape Jean-Paul II !
Parce qu’ils se sont illustrés
dans leur mission me répondrez
vous !
Certes, mais au
cœur du Pape Jean XXIII n’était ce pas le petit Angelo qui veillait ? Le petit paysan d’une Italie
si pauvre que le seul espoir pour un lendemain meilleur était l’émigration vers l’Amérique ?
Jean XXIII aurait il été ce qu’il a été, si le regard d’Angelo n’entretenait pas
la flamme de charité et de bienveillance du regard et la foi
têtue dans la capacité des hommes à construire le bien malgré toutes les
injustices et les malheurs dont il a été le témoin ?
Jean-Paul II aurait il été la bourrasque d’énergie qu’il a
été si le petit Karol Wojtyla venu
de sa lointaine Pologne n’avait pas apporté avec lui, la foi têtue et
résistante construite par toutes
les souffrances des pays de l’Est, martyrs du communisme ?
Nous sommes tous les enfants de notre enfance, de ces
regards innocents portés sur le monde et les adultes qui nous entouraient, de
la foi dans notre baptême, de l’incroyable présence à la grâce dont seuls les
enfants sont capables.
En fêtant Angelo ou Karol c’est aussi leur mère, leur père,
leurs frères et sœurs, toute cette fratrie si importante qu’on aurait
fêtés. C’est la pâte humaine avec
toutes ses grandeurs et ses faiblesses, ses espoirs et ses désillusions mais
surtout avec au cœur comme un noyau indestructible, la foi dans le Ressuscité
qui ouvre tout l’être à l’Autre, à l’Homme.
En fêtant Angelo et Karol ce sont nos frères dans
l’Espérance que nous aurions ajoutés à notre litanie et non des princes de l’Eglise-Institution.
Comme un rappel , ce dimanche là, chez moi à la cathédrale, on célébrait la messe
des déportés. La messe du souvenir des hommes de souffrance. L’Evêque a parlé
de partage, de pardon, de miséricorde, d’espérance.
On y a partagé le pain, ce pain qui a tant manqué dans la
jeunesse d’Angelo, on y vécu la liberté du passage de la mort à la vie , cette
liberté « dans les fers »
dans la jeunesse de Karol, on y a pratiqué la modestie On y a célébré Jésus-Christ .
NON je ne boude pas le plaisir de la fête de mon Eglise dans ces canonisations de Papes, mais , je vous l'avoue, ces enfants que je fête, sans eux, qu'auraient été ces Papes ?
NON je ne boude pas le plaisir de la fête de mon Eglise dans ces canonisations de Papes, mais , je vous l'avoue, ces enfants que je fête, sans eux, qu'auraient été ces Papes ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire