vendredi 2 mai 2014

Ils ont été canonisés ! Qui ? Angelo et Karol ? Jean vingt troisième du nom et Jean-Paul deuxième du nom ? Qui en fait ?




« Jusqu’où ira la papolâtrie de mon Eglise ?»  me suis je subitement interrogée, un peu interdite par la mise en scène de la canonisation de  Jean XXIII et Jean-Paul II .  
Une grande fête ! Ils étaient tous là  « puissants et misérables »,  les cardinaux  en un  impeccable défilé, les hauts dignitaires de nos Etats, la  foule en liesse attendrissante de foi et de bonheur.
 Les camera se gorgeaient d’images de beauté, le Vatican n’a pas son pareil !

La qualité de ses deux personnes n’est pas en cause. Chacun a beaucoup apporté à l’Eglise et au monde, chacun a eu le courage de secouer la lourde « fabrique » , nous ne pouvons que les en remercier et les montrer en exemple.
Mais pourquoi les canoniser sous leur nom de Pape, donc de célébrer leur éminent ministère   au sommet de la hiérarchie magistérielle et non pas sous leur simple prénom,  celui reçu au baptême, le prénom choisi par leurs parents ? 
J’eusse tellement mieux aimé fêter Saint Angelo Roncalli ou Karol Wojtyla plutôt que le Pape Jean XXIII ou le Pape Jean-Paul II !

Parce qu’ils se sont illustrés dans leur mission  me répondrez vous !

 Certes, mais au cœur du Pape Jean XXIII n’était ce pas le petit Angelo qui veillait ?   Le petit paysan d’une Italie si  pauvre que  le seul espoir pour un lendemain  meilleur était  l’émigration vers l’Amérique ?
Jean XXIII aurait il été ce qu’il a été,  si le regard d’Angelo n’entretenait pas la flamme de charité et de bienveillance du regard   et la foi  têtue dans la capacité des hommes à construire le bien malgré toutes les injustices et les malheurs dont il a été le témoin ?
Jean-Paul II aurait il été la bourrasque d’énergie qu’il a été  si le petit Karol Wojtyla venu de sa lointaine Pologne n’avait pas apporté avec lui, la foi têtue et résistante construite par  toutes les souffrances des pays de l’Est, martyrs du communisme ?

Nous sommes tous les enfants de notre enfance, de ces regards innocents portés sur le monde et les adultes qui nous entouraient, de la foi dans notre baptême, de l’incroyable présence à la grâce dont seuls les enfants sont capables.

En fêtant Angelo ou Karol c’est aussi leur mère, leur père, leurs frères et sœurs, toute cette fratrie si importante qu’on aurait fêtés.  C’est la pâte humaine avec toutes ses grandeurs et ses faiblesses, ses espoirs et ses désillusions mais surtout avec au cœur comme un noyau indestructible, la foi dans le Ressuscité qui ouvre tout l’être à l’Autre, à l’Homme.
En fêtant Angelo et Karol ce sont nos frères dans l’Espérance que nous aurions ajoutés à notre litanie et non des princes de l’Eglise-Institution.

Comme un rappel , ce dimanche là, chez moi  à la cathédrale, on célébrait la messe des déportés. La messe du souvenir des hommes de souffrance. L’Evêque a parlé de partage, de pardon, de miséricorde, d’espérance.
On y a partagé le pain, ce pain qui a tant manqué dans la jeunesse d’Angelo, on y vécu la liberté du passage de la mort à la vie , cette liberté « dans  les fers » dans la jeunesse de Karol, on y a pratiqué la modestie  On y a célébré Jésus-Christ .
NON je ne boude pas le plaisir de la fête de mon Eglise dans ces canonisations de Papes, mais , je vous l'avoue,  ces enfants que je fête, sans eux, qu'auraient été ces Papes ? 

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