Quand bien même mille pensées, mille interrogations
tourneraient dans ma tête, j’ai en
ce moment des difficultés à les mettre en forme, un doute subtile et
« malin » à la fois s’est insinué et murmure « à quoi bon ?
… »
Le fil s’est brutalement rompu un jour, alors qu’attablée avec une amie, à la fin de notre repas, j’ai posé la question :
« Qu’en pensent nos amis de ce que je fais, de mes
recherches théologiques, de ma Foi ? «
Le boulet est tombé sans méchanceté, a touché le but avec
une précision toute mathématique de la science de la balistique :
« Ils pensent que c’est quelque chose qui a eu son
heure de gloire et qui maintenant n’intéresse plus personne ».
Bref, je perdais mon temps, je perdais les précieuses heures
de cette vie qui me reste à vivre.
Quelque chose qui a eu son heure de gloire……
Quelque chose qui n’intéresse plus personne.
Pourquoi ne pas l’avouer, j’ai été désarçonnée.
Je vis dans un milieu croyant, pas vraiment pratiquant, mais croyant.
La foi chrétienne est la base de notre culture , foi vécue chez
les Réformés et les Catholiques de la famille , Foi partagée en
un Dieu d’Amour, doublement révélée en Jésus Christ, Foi en l’Homme sauvé et relevé dans sa dignité de baptisé.
Foi dans la vie qui prend sens, même si elle déroute et déstabilise.
La Foi chrétienne de ceux qui ont construit notre société
est bien là présente comme autant
de piliers qui sont en harmonie
avec ceux qui croient en d’autres religions ou ne croient pas du tout. Et l’ensemble est beau, je n’ai pas
honte de cette architecture.
C’est une architecture humaniste.
Je me suis alors demandée que deviendrait cette architecture
si nous disparaissions, nous les chrétiens, du paysage national ?
Serait elle le témoin d’un passé révolu, harmonie laissée
par des aïeux, comme le Parthénon, les Pyramides, ou Teotihuacan ?
Ruines solitaires, grandioses qui parlent surtout par l'appel au travail de mémoire et les interrogations suscitées.
Ruines trop chargées de mémoire pour pouvoir encore
s’imposer à celui qui n’a pas le désir du dialogue ?
Ruines dont les pierres servent à construire des habitations, d'autres mausolées ?
C’est curieux, après quelques jours de déstabilisation, je
me suis retrouvée dans un état d'esprit qui s’apparente à de la pauvreté.
J’ai alors pensé « Heureux les pauvres de cœur »…
Je "L’ai vu" sur la hauteur enseignant les foules : « Heureux
les pauvres de cœur »,
Heureux ceux qui n’imposent rien, qui ne charrient pas des
tombereaux d’évidences, qui ne jugent pas, qui vivent sur le fil du doute sans
jamais se penser abandonnés par la Vérité qui les dépasse et pourtant ne les écrase jamais, qui les maintient debout.
Oui, heureux sommes nous, peut-être, de n’être plus ces
riches qui imposent leurs modes, leur pensée, leurs diktats moraux.
Heureux sommes nous d’être plus légers, de n’être plus de
cette « chose » qui a eu "son heure de gloire".
Heureux sommes nous de reprendre le travail à la source,
dans la simplicité, avec dans la tête et le cœur des élans de créateurs.
Nous vivons une époque étrange et belle à la fois, une
époque qui nous dépouille
peut-être pour nous apprendre à sentir la peau de l’Autre, sa douceur, à
déceler son parfum.
Chteau de Montesquieu - La Brède - Gironde |
Jean le Baptiste vivait à moitié nu « proclamant un baptême de conversion en vue
du pardon des péchés « Mc 1,4
Peut-être nous faut il revenir au mitant du Jourdain, pour l’y
rencontrer pour n'avoir pas peur d'affronter ensuite le désert et ses tentations ?
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