mardi 29 novembre 2016

Humeur post "primaires de la droite"


"Européenne j'étais, européenne je suis, européenne je serai jusqu'à la fin de mon histoire. Car l'Europe EST mon histoire. 
J'ai essuyé pas mal de défaites, sablé le champagne, rêvé et tenu entre mes bras ce rêve de chair et d'espoir, ma descendance est européenne. Je lutterai jusqu'aux grandes portes de mon inéluctable fin pour ce rêve. Ce rêve est l'avenir de mes enfants et petits enfants et de ma France , coeur de mon coeur. 
Ma France est généreuse et raisonnable, car elle sait que pour être généreux, il faut raison garder, mais ma France sait accueillir et s'enrichir de la différence. J'ai aimé l'identité heureuse de Juppé, c'est un concept humaniste 
Ma France a toujours su faire des miracles quand on croyait tout perdu, a toujours su accueillir, partager et soigner les blessés avec le sourire et courage. 
Ma France n'est pas idéologue, elle est LA FRANCE capable de partager avec ses voisins et amis un destin qui hisse ses habitants aux sommets. 
Ma France ne construit pas de murs culturels et cultuels car elle sait que les phares ne sont pas enterrés mais construits près des passes les plus dangereuses pour la navigation. 
Ma France est un phare pas une citadelle." 
 MERDE
à tous les Vauban du présent et de l'avenir,
à tous ceux qui auraient la tentation de le devenir.
Pour ces primaires de la Droite, dont je suis fière, j'ai joué le jeu  loyalement  et j'en ai tiré beaucoup de joies car ces primaires ont été un réel succès d'organisation  . 

Durant les deux dimanches où j'ai tenu les bureaux de vote, j'ai tissé de beaux liens avec mes compagnons de campagne même si nos visions pour la France n'étaient pas toujours en harmonie.
Ces dimanches ont été la preuve que les français sont tout au fond de leur coeur ouverts et courageux.

Je suis centriste, et j'ai soutenu Juppé car il présentait pour moi le projet capable de rassembler les français et de faire échec à Marine Le Pen..
Je suis déçue mais pas revancharde. Une longue vie de militantisme et d'élue locale m'ont appris à savoir encaisser et  rebondir.


Ce dimanche 27 Novembre la droite a choisi une certaine idée de la justice sociale et  de la place de  la France dans l'Europe et dans le monde.
Elle a choisi l'Europe des nations sans vouloir réellement faire un choix. Car elle ne "PENSE" pas l'Europe, elle rêve le passé.
C'est un choix à l'image de son idée de la justice sociale pourtant si éloignée de l'idée que s'en faisaient les gaullistes, un choix à l'image de son refus de l'évolution  sociétale, un choix  nostalgique .
Et même si ce programme est animé par un réel souci de redressement de la nation et d'ouverture sur un futur pour nos jeunes générations privées de travail, avec l'Europe des nations, il enferme les français dans l'idée de leur seul intérêt et oublie que c'est à plusieurs que nous pourrons lutter contre les grandes puissances du moment : la Chine, les USA, la Russie et tous ceux qui font peu de bruits mais s'imposent sur la scène mondiale , le Brésil etc....
 

L'europe des nations est un ensemble sans âme et sans générosité car chacun se concentre sur son seul intérêt, mais rien ne pourra  tuer le rêve de l'Europe. Nos pères l'ont construite, nous la ferons vivre et évoluer contre vents et marées.  C'est un corps vivant, la jeunesse de France et des pays membres  en est le sang généreux. Construire avec les autres n'est oublier ni l'intérêt de ses enfants, ni ses racines, ni sa culture , s'est partager et ensemencer une plus large terre commune.

 N'oublie jamais "Ami" , un rêve brulé  n'est pas un rêve mort, il renait sans cesse de ses cendres. Il suffit de les remuer pour voir les braises et souffler pour que s'élève la flamme. 
Droits dans "nos bottes" nous serons parmi les gardiens de la flamme.




  Alors ?    à bientôt !                  
 


mardi 1 novembre 2016

Mais à quel Dieu croit un clone ?

Je viens de poser un texte sur la politique et les échanges  internationaux.
C'est très important.
Pourtant, je reviens à mes préoccupations habituelles. La condition de la femme dans l'Eglise catholique.
je sais,  certains me diront : "depuis que tu écris sur le sujet,  ne penses-tu pas écrire "en boucle "? "

Certes, mais c'est que le sujet est tellement "bouclé" à double tour dans notre église catholique romaine, qu'affronter le mastodonte de béton revient à tourner avec les trompettes de Jéricho.
Mais la force de notre action est dans  la Foi.  J'ai la Foi ! Nous avons la Foi !
Si Dieu dans l'Ancien Testament a permis que les murailles tombent, il permettra que ce bunker éclate de l'intérieur par trop de suffisance et d'injustice.

Je le crois ! Il  suffit  d'emboucher les trompettes et de tourner... tourner... tourner. Tout est dans le mouvement !.
C'est ce que fait le Comité de la Jupe. Merci à Lui.

Je propose ici, un article signé de la talentueuse Anne Soupa , il a été rédigé et édité en Octobre 2015.
Un an pile.
A l'époque on parlait du synode sur la famille et Monseigneur DUROCHER , enivré par les grands espaces libres de son Canada et l'esprit gorgé d'oxygène proposait qu'on réfléchissât à la place de la femme dans l'Eglise.
Consternant!!!! Ils ont été consternés. Pas un seul pour aider notre valereux champion. Pas un seul pour dire : OK on commence.
Lisez l'article et riez, riez, riez, cette mascarade offerte par la hiérarchie engoncée dans ses certitudes , peu habituée aux grands espaces remplis d'oxygène offre à rire ... oui riez pour ne pas pleurer.

A quelle époque dans un  futur rapproché (?), très éloigné(?), un Pape, se sentira-t-il dans l'obligation morale de faire repentance à l'égard des femmes ?

Exemple : Pour galilée, il a fallu.... comptons.....

1633 la sentance qui condamne Galilée et sa théorie.
2000 la repentance : "Il est donc juste que, le deuxième millénaire du christianisme arrivant à son terme, l'Église prenne en charge, avec une conscience plus vive, le péché de ses enfants, dans le souvenir de toutes les circonstances dans lesquelles, au cours de son histoire, ils se sont éloignés de l'esprit du Christ et de son Évangile, présentant au monde, non point le témoignage d'une vie inspirée par les valeurs de la foi, mais le spectacle de façons de penser et d'agir qui étaient de véritables formes de contre-témoignage et de scandale. »
Quand donc ces coeurs de pierre se feront -ils humanité et abandonneront ils leur mécanisme de clone ?

"

Un synode de clones
Comité de la Jupe

« Vive la différence » scandent les évêques, « elle est voulue par Dieu qui a fait l’homme et la femme. » Belle parole, brandie haut et fort comme le sésame universel. Mais au-delà des mots, comment la différence s’inscrit-elle dans la vie des évêques et dans l’exercice de leur fonction ?
Au vu de ce qui les a occupés pendant les trois dernières semaines, il est à craindre qu’ils en fassent un bien étrange usage. La différence est un excellent « concept »… pour les autres, mais pas pour eux. La preuve ? Elle est inscrite déjà dans le règlement interne de ce demi-synode : aucune femme n’a été invitée à voter les 94 propositions du rapport final. Bigre, je ne rêve pas, parlions-nous vraiment de « famille » dans cette assemblée ?
Mais surtout, à la proposition de Monseigneur Durocher, président de la conférence épiscopale du Canada, de rétablir le diaconat en vigueur dans les premières communautés, et de cesser de considérer les femmes comme des êtres subalternes, personne n’a emboité le pas.
Personne sur les 265 évêques qui ont eu le privilège de voter…
Personne, vraiment ? En fille d’Abraham, je questionne :
N’y en a-t-il pas eu au moins un pour dire à Monseigneur Durocher : « Cher ami, cela fait longtemps que je pense comme vous, je suis heureux que vous ayez fait le premier pas » ?
Pas au moins un pour chuchoter à son voisin : « J’en ai assez de faire vieux jeu, tu ne crois pas que nous avons l’âge d’être de notre temps » ?
Pas un docte pour professer : « Il y a 415000 prêtres et 693000 religieuses dans le monde, il est urgent que des responsabilités réelles soient données aux femmes » ?
Pas un pour se fâcher - oh, si peu ! - et lever le poing : « Nous sommes ici par la volonté de l’Esprit Saint et nous n’en sortirons que lorsque des femmes seront au milieu de nous » ?
Pas un seul pour frissonner devant sa découverte : « Mes bien chers frères, nous prêchons la différence, mais nous ne savons pas ce que c’est » ?
Pas un petit frère de Jésus qui se souvienne de Jésus pour qui les femmes sont des êtres humains à part entière, sans aucune considération de sexe ni de maternité ?
Pas un seul pour confesser, avec une affliction sincère : « Je ne sais même pas le nom de la sœur qui lave mon linge » ?
Pas un esprit sage et chaste pour dire : « Qu’ai-je à me soucier du corps des femmes ? Ne savent-elles pas ce qu’elles font » ?
Pas un simple, au cœur ouvert, qui dise à son voisin : « Tu ne trouves pas que cela manque de femmes » ?
Ni même un Pierre pour renchérir : « Faisons-les venir et nous dresserons trois tentes, une pour nous, une pour elles, et une pour Jésus» ?
Non, pas de Transfiguration dans ce demi-synode. Un petit paragraphe du rapport, le n° 27, reprend la sempiternelle rengaine sur la femme-bonne-à-faire-des-enfants. Triste constat.
Aucun François pour réclamer Claire, pas un Jean de la Croix pour appeler Thérèse, pas un François de Sales pour attendre Jeanne. Aucun émerveillement devant l’autre. La dérobade comme seule consigne. Pardonnez-leur, un clone n’est qu’un clone. Non, vraiment, il n’y avait personne pour ouvrir grand les portes de l’Église aux femmes, sauf Monseigneur Durocher, tout seul avec son plaidoyer chiffonné... 


Et pour ce petit crime d’ignorance envers la moitié de l’humanité, Dieu ne tonnerait pas ? Sodome a été rasée pour moins que cela… Mais à quel Dieu croit un clone ?

Anne Soupa

"Bien sûr que vous mourrez, ( le + tard possible ) mais après avoir lu ça vous mourrez moins bête.....





Le citoyen est souvent interpellé par des décisions ou des projets qui le dépassent. Je l'avoue, c'est mon cas. 
J'ai donc emprunté à Michel Cailouët ami de Facebook cet article déposé hier. 
Je pense qu'il représente un base d'information et de réflexion utiles . 

Pour ceux qui sont intéressés à la problématique des tribunaux internationaux : bon dossier sur les pour et contre.
« Au cœur du CETA », les tribunaux d’arbitrage menacent-ils la démocratie ?
Les tribunaux d’arbitrage, associés au traité CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) après son prédécesseur, le Tafta, sont devenus ces dernières années le symbole des mouvements de contestation du libre-échange. Leur principe général est le suivant : si un Etat vote une loi qui réduit les profits d’une entreprise de façon discriminante, celle-ci peut le poursuivre en justice devant un tribunal arbitral
Ce mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et Etats – Investor-State Dispute Settlement, ou ISDS – était utile dans le passé, pour des investissements réalisés dans des Etats en développement aux systèmes judiciaires imprévisibles. Les tribunaux étaient ad hoc, composés d’arbitres privés – le plus souvent des avocats – et secrets.
Mais au cours des dernières années, certains de ces tribunaux ont condamné des gouvernements à des pénalités financières, les dissuadant de se lancer dans de nouvelles politiques publiques ambitieuses. Dans un célèbre cas en 2012, la société suédoise d’énergie Vattenfall a recouru à un tribunal ISDS pour réclamer 4,7 milliards de dollars au gouvernement allemand, en compensation de la fermeture de ses deux centrales nucléaires, consécutive à la décision d’Angela Merkel d’abandonner l’énergie nucléaire, après l’accident de Fukushima.
en place de tels tribunaux, parallèles aux cours nationales de France, d’Allemagne et du Canada, a été vivement critiquée. Les principaux arguments contre eux étant qu’ils favorisent les intérêts des grands lobbies industriels, et que les instaurer entre l’Union européenne (UE) et le Canada serait un cheval de Troie pour les entreprises américaines.
La contestation populaire a forcé la Commission européenne à changer ses plans pour introduire, en février, de nouveaux garde-fous à ces tribunaux. Le nouvel ISDS, rebaptisé « Système de cour des investissements » (Investment Court System, ICS), ressemble davantage à un tribunal classique. Les négociations de dernière minute entre la Wallonie, l’Union européenne et le Canada ont permis d’aboutir à des améliorations supplémentaires. Mais le texte conserve un grand nombre d’incertitudes.
A. Arbitres privés ou juges publics ?
B. Des entreprises américaines pourront-elles attaquer les Etats européens ?
C. Le CETA permettra-t-il aux grandes entreprises de contester des politiques publiques ?
D. Pourrait-il y avoir un CETA sans arbitrage ?
A. Arbitres privés ou juges publics ?
LE PROBLÈME
Les ISDS, actuellement en vigueur dans plus de 3 000 traités d’investissement internationaux, sont critiqués pour permettre aux parties (Etat ou entreprise) de choisir leurs propres arbitres pour régler leurs litiges, sans exigence d’indépendance et de compétences. Ces arbitres, généralement choisis dans le même petit groupe de juristes internationaux, sont soupçonnés d’occuper successivement, selon les affaires, la fonction d’arbitre et d’avocat devant ces tribunaux privés.
DES AVANCÉES INDÉNIABLES
Des juges quasi permanents
Pour répondre à ce problème, la Commission européenne a convaincu le gouvernement canadien de mettre sur pied à la place de l’ISDS une juridiction « moderne », « transparente » et « permanente », qui pourrait « rendre des jugements justes et objectifs ».
Le CETA substitue aux arbitres ad hoc un panel de quinze juges « permanents » nommés pour des mandats de cinq à dix ans, issus à parts égales du Canada, de l’Union européenne et de pays tiers. Leur nomination reviendra à un « conseil » composés de représentants canadiens et européens, qui pourront choisir soit d’anciens juges nationaux, soit des « juristes de compétence reconnue », à condition qu’ils disposent d’expérience en matière d’investissement et de commerce internationaux.
Pour garantir que les habituels arbitres privés choisis dans la plupart des affaires d’ISDS ne soient désignés, l’UE s’est engagée à ne proposer que des candidatures soumises par ses Etats membres et remplissant les mêmes critères que ceux requis pour les nominations à la Cour de justice de l’Union européenne.
Pendant tout leur mandat, les juges auront l’interdiction d’agir comme avocat dans tout autre cas d’ISDS, pour prévenir les conflits d’intérêts. Mais ils pourront toujours continuer d’exercer comme avocats privés en dehors des traités d’investissement internationaux. L’engagement pris par Bruxelles que « le système évolue vers des juges employés à plein-temps » reste pour l’instant une promesse vague. En outre, les juges seront autorisés à faire des allers-retours vers des activités d’avocat d’ISDS avant et après leur mandat de juge.
Toutefois, deux dispositions sont censées garantir leur indépendance :
Les trois juges qui statueront sur chaque affaire seront tirés au sort au sein du panel des quinze juges, pour limiter le risque de collusion avec les parties.
En cas de conflit d’intérêts avéré, une procédure autorisera les parties à révoquer un juge partial.
Au cours des négociations des derniers jours avec Bruxelles et Ottawa, la Wallonie a obtenu qu’un nouveau « code de conduite » soit écrit pour les juges avant la création du tribunal. Il devra introduire un système de sanctions pour les juges qui ne respectent pas les règles, mais aussi les forcer à dévoiler leurs activités passées et actuelles avant leur nomination, et introduira l’interdiction de « professions et charges spécifiques pendant un certain laps de temps après la fin de leur mandat ».
Une dépendance financière
Les juges du CETA recevront une rémunération fixe de la part du tribunal pour le simple fait d’être disponible – environ 2 000 € par mois, selon Bruxelles. Mais le gros de leur rémunération viendra en fait de leurs honoraires journaliers (3 000 dollars par jour passé sur le cas), qui seront à la charge de la partie perdante (Etat ou entreprise).
Cette rémunération au cas par cas maintiendra l’incitation financière pour les juges d’accepter le plus d’affaires possible et de les faire durer le plus longtemps possible. Elle reste une barrière importante à une réelle indépendance financière du tribunal. Bruxelles et Ottawa se sont bien gardé la possibilité d’instaurer un salaire fixe pour les juges, mais ce n’est, à ce stade, qu’une possibilité optionnelle.
Un tribunal d’appel
L’un des problèmes de l’ISDS était que différents arbitres pouvaient interpréter les traités différemment, générant une grande incertitude légale pour les gouvernements au moment de prendre des décisions. Pour régler ce problème, le CETA introduit pour la première fois un mécanisme d’appel. « Les décisions en appel seront des jurisprudences contraignantes pour les juges et amélioreront la cohérence de l’interprétation du traité », commente une source familière des mécanismes d’arbitrage.
Cette avancée souffre toutefois deux limites :
L’intervention du tribunal d’appel sera limitée à l’interprétation de la loi, mais il ne pourra aller chercher de nouvelles preuves ou auditionner de nouveaux témoins ou experts.
La jurisprudence ne sera contraignante que pour les cas liés au CETA, mais pourra toujours être contredite par les centaines de tribunaux ISDS issus des autres traités d’investissement liant les Etats européens.
La transparence des procédures
La procédure et les documents de chaque affaire seront quasiment toujours publics – sauf en ce qui concerne des affaires « confidentielles ou protégées ».
MAIS TOUJOURS PAS UNE COUR PUBLIQUE
Malgré des progrès indéniables, le Système de cour d’investissement du CETA manque encore d’un certain nombre d’éléments pour être vraiment considéré comme une cour publique, plutôt que comme « une cour permanente d’arbitrage », comme le qualifie l’association des magistrats allemands.
La cour n’aura pas sa propre structure avec son personnel et son secrétariat, mais utilisera les services du Cirdi, un organisme d’arbitrage établi à Washington.
La création d’une véritable cour multilatérale est proclamée comme un objectif par l’UE et le Canada, mais ils ne se fixent pas de calendrier précis. « Il n’y aura pas assez de cas chaque année entre le Canada et l’UE pour justifier la création d’une cour permanente », estime une source familière de l’arbitrage international. Il est donc probable qu’une telle cour ne soit pas créée dans les prochaines années, ou du moins avant que l’UE ne conclue d’autres accords commerciaux avec ce nouveau système ICS.
L’ICS est toujours une juridiction à sens unique, où seules les entreprises peuvent attaquer les Etats, et pas le contraire.
L’ICS reste très coûteux (plusieurs millions d’euros par affaire) et sera probablement surtout utilisé par des grandes entreprises. Bruxelles s’est toutefois engagée à prendre rapidement des mesures de « (co)financement » pour réduire la charge financière des procédures afin de les rendre accessibles aux PME.
B. Des entreprises américaines pourront-elles attaquer les Etats européens ?
LE PROBLÈME
Dans un rapport récent, l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory, hostile au CETA, a estimé que l’accord « étendrait significativement la portée de l’arbitrage d’investissement » dans les relations Europe-Canada. C’est fort probable, parce que le CETA ouvrira la possibilité d’arbitrage dans vingt et un des vingt-huit pays européens qui n’ont actuellement aucun mécanisme d’arbitrage avec le Canada (c’est le cas de la France et de l’Allemagne). Les entreprises canadiennes avec les ressources financières suffisantes pour attaquer les gouvernements européens sont déjà nombreuses.
Mais certains craignent que le chapitre d’arbitrage du CETA soit aussi un cheval de Troie qui permettra à de nombreuses entreprises américaines d’attaquer les Etats européens – compensant l’éventuel échec des négociations du Tafta entre l’Europe et les Etats-Unis.
C’EST VRAI
Il est bien connu que les multinationales se livrent souvent à la pratique du « chalandage des traités », consistant à déposer plainte avec leur filiale bénéficiant du traité d’investissement le plus favorable. Le cigarettier Philip Morris avait même restructuré son organisation pour être en mesure d’attaquer la politique de paquet neutre de l’Australie de Hongkong, liés par un accord d’investissement.
Pour éviter cela, le CETA exige qu’une entreprise lançant une procédure d’arbitrage contre un Etat européen ait des « activités commerciales substantielles » au Canada, ou soit la filiale d’une entreprise canadienne. Cela devrait éviter aux multinationales d’acheter une simple boîte aux lettres ou de monter une société écran au Canada dans le simple but d’attaquer un gouvernement européen. La plainte contre l’Australie de Philip Morris, débouté récemment, avait de toute façon confirmé que les arbitres n’étaient pas dupes de telles manœuvres opportunistes.
Mais beaucoup de filiales canadiennes de grandes sociétés américaines (comme McDonald’s, Cargill ou Monsanto) pourront bien utiliser le système d’arbitrage du CETA, parce qu’elles disposent d’activités réelles sur place. Ironiquement, certaines entreprises européennes pourront même se retourner contre leur propre pays en passant par leur filiale canadienne, plutôt qu’en utilisant leur justice nationale.
C. Le CETA permettra-t-il aux grandes entreprises de contester des politiques publiques ?
LE PROBLÈME
Contester des politiques antitabac, la sortie du nucléaire ou l’interdiction de l’exploration du gaz de schiste… Beaucoup de récentes affaires controversées d’ISDS étaient fondées sur une interprétation très large par les tribunaux d’arbitrage des protections des investisseurs incluses dans les traités. Bruxelles affirme qu’elle a clarifié les concepts les plus problématiques pour éviter que de tels cas ne se reproduisent.
C’EST DIFFICILE À DIRE
Le CETA prévoit que les entreprises devront bénéficier d’un « traitement juste et équitable » et qu’elles seront protégées contre toute discrimination fondée sur leur nationalité et contre toute expropriation de la part d’un Etat. Le problème réside dans le contenu de ces clauses : une législation imposant aux cigarettiers l’utilisation d’un paquet neutre est-elle une « expropriation indirecte » de leurs droits de propriété intellectuelle sur leur logo, ou un « traitement » non « juste et équitable » ?
Le CETA précise que les gouvernements ne devront pas « frustrer » les « attentes légitimes » des entreprises en leur faisant des « déclarations spécifiques » pour les inciter à investir, avant de les décevoir. Problème : par le passé, cela a été interprété par les arbitres d’ISDS comme un « droit à un cadre réglementaire stable – contraignant les gouvernements à ne pas altérer leurs lois, régulations et autres mesures, même à la lumière de nouvelles connaissances ou de choix démocratiques », explique l’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory.
Pour éviter cela, l’Europe et le Canada ont introduit des clauses pour garantir « leur droit de réglementer […] en vue de réaliser des objectifs légitimes en matière de politique, tels que la protection de la santé publique, de la sécurité, de l’environnement ou de la moralité publique, la protection sociale ou des consommateurs, ou la promotion et la protection de la diversité culturelle ». Le CETA précise aussi que de telles mesures « ne constituent pas une expropriation indirecte » sauf « dans de rares circonstances où l’impact d’une mesure ou d’une série de mesures est si grave au regard de leur but qu’elles semblent manifestement excessives ».
Le problème est que les entreprises pourraient contester ces définitions. Par exemple, dans un cas récent, TransCanada a fait valoir que la décision de Barack Obama de rejeter la construction du pipeline Keystone XL ne pouvait être justifiée par des menaces environnementales rationnelles. Mais selon une source familière de ce type d’arbitrage, « les tribunaux d’arbitrage s’engagent rarement dans le débat sur la “légitimité” et l’intérêt public d’une mesure, sauf si elle est discriminatoire à l’encontre d’un investisseur particulier ou disproportionnée ».
L’incertitude pourrait être réglée par les « interprétations contraignantes » que le CETA permet à l’Europe et au Canada de prendre si un problème d’interprétation apparaît… sauf que ce genre de déclarations conjointes est très rare, parce que les deux parties prenantes au traité ont rarement les mêmes intérêts dans une affaire d’arbitrage.
Le seul secteur clairement exclu du champ de l’ICS est la stabilité financière : les Etats auront la possibilité de prendre des « mesures raisonnables » pour garantir « l’intégrité et la stabilité de [leur] système financier » ou pour des « raisons prudentielles » – une protection contre les demandes des investisseurs dans l’éventualité d’une restructuration de dette (comme cela s’est produit en Grèce) ou de contrôle des capitaux (Chypre).
Au-delà de ces détails, le simple fait qu’il existe tant d’incertitudes sur l’interprétation du CETA pourrait créer un « effet paralysant » sur les gouvernements, qui s’abstiendraient de prendre des décisions de bien public pour limiter le risque d’être poursuivis en arbitrage. Un tel phénomène a été documenté dans les cas du Canada et de la Nouvelle-Zélande, qui ont tous deux ajourné leurs politiques antitabac pour éviter des procès en ISDS. Une investigation de Buzzfeed a aussi montré que les menaces d’ISDS étaient utilisées par certaines sociétés et certains hommes d’affaires pour échapper à des poursuites criminelles.
D. Pourrait-il y avoir un CETA sans arbitrage ?
Est-il possible de prétendre, comme l’association des magistrats allemands, que les juridictions nationales sont suffisantes pour assurer la protection des investissements, et qu’aucune cour spéciale n’est nécessaire, même si l’on accepte le principe du CETA ?
C’EST POSSIBLE
La première solution consisterait à écarter tout simplement tout le chapitre de protection des investissements de l’accord – ce qui éliminerait le besoin de créer une juridiction pour en assurer l’application. Cela signifierait que le Canada et l’Europe font confiance à leur législation nationale pour protéger suffisamment leurs entreprises. C’était d’ailleurs le cas dans l’accord commercial conclu en 2010 entre l’UE et la Corée du Sud, un modèle régulièrement mis en avant par la Commission européenne… qui ne contenait pas de chapitre sur les investissements, car Bruxelles n’en avait, à l’époque, pas la compétence.
La deuxième option sera de conserver le chapitre de protection des investissements, mais de le faire exécuter par les juridictions nationales, plutôt que par une cour spéciale d’investissement. Selon plusieurs sources familières de l’arbitrage international contactées, cela ne s’est jamais fait dans l’histoire. « Mais cela créerait un précédent pour l’Union européenne : après ça, il serait difficile pour nous de demander des mécanismes d’arbitrage dans nos négociations avec des pays moins développés, puisque nous les refusons dans le contexte européo-canadien », met en garde d’une d’elles.
Marta Orosz (correctiv.org)
Justus von Daniels (correctiv.org)
Journaliste au Monde.fr
@LeMonde