mardi 4 mars 2014

Le 8 Mars « Journée Internationale de la Femme ».



 
Faut il se réjouir de cette journée spéciale ou ressentir comme une gêne de voir la Femme fêtée,  à part,  alors qu’en France, elle œuvre à égalité (  ou presque )  tout au long de l’année avec son « compagnon »  dans les grandes et petites responsabilités de la vie ?

C’est une bonne question que les avancées de la condition féminine en occident nous invitent à poser.  Mais c’est aussi une question qui nous invite à nous pencher sur le passé de la condition féminine et le silence qui y était attaché.
L’Histoire est une bonne « maîtresse de vie ». 
Michelle PERROT *  dans son ouvrage «  Mon histoire des femmes » raconte ainsi  son parcours d’historienne de la femme.  « Une histoire « sans les femmes » semble impossible. Pourtant, elle n’a pas toujours existé. Du moins au sens collectif du terme : pas seulement des biographies, des vies de femmes, mais les femmes dans leur ensemble, et dans la longue durée.  Elle est relativement récente,  en gros, elle a trente ans. Pourquoi cela ?
Pourquoi ce silence ? Et comment s’est-il dissipé ? (…)


A l’aide d’une histoire personnelle et vraiment banale je vous invite à refaire ce parcours. Cette histoire d’une évolution vertigineuse c’est la mienne, celle de la petite fille de la photo datée de 1946.
La France se reconstruisait, ses ruines écrivaient l'espérance et gardaient dans le silence du coeur la dure leçon de la guerre.
J'avais cinq ans, des petites chaussettes tricotées à la maison et mon petit chien,   au poil raide et de grande bâtardise, faisait ma joie.


Ma mère, « femme au foyer » se battait pour offrir un quotidien agréable, elle venait tout juste de pouvoir voter. Son éducation, le poids des jours sombres de la guerre ne lui avaient guère donné le désir  de  réclamer ce droit, pourtant pour elle ce fut comme un avènement, celui de devenir une vraie  personne. Aux conseils de mon père sur le choix de vote, elle répondait avec un sourire que c’était « son affaire ».

Bien sûr le Code Civil en faisait, alors,  toujours une mineure incapable, sous la responsabilité du mari, ne pouvant disposer librement des biens de la communauté,  mais lui reconnaissait depuis 1907 de pouvoir disposer de son  salaire et en 1938 de contracter ou agir en justice  sans  autorisation maritale.

Cette année ma mère aurait eu 100 ans.  Entre ses 32 ans où avec une indicible fierté elle a voté pour   la première fois et aujourd’hui se sont  produits en France  la plus formidable émancipation des femmes et les plus grands bouleversements du droit de la famille que l’histoire ait enregistrés. 
Si on y regarde bien ce sont aussi de  très grands combats réussis dans la lutte contre les discriminations sexistes et sexuelles.

De l’évolution du droit de la famille,  à  la révision constitutionnelle du  8 Juillet 1999 qui ajoute à l’article 3 de la Constitution de 1958 la disposition suivante « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives » et prévoit que les partis doivent « contribuer à la mise en œuvre de ce principe », c’est tout un train de lois qui transforme le paysage politique et social du pays :
·      la loi (6 juin 2000)  sur la parité en politique qui module l’aide publique aux partis politiques en fonction de leur respect de l’application de la parité pour la présentation des candidats aux élections et
·      : la loi Génisson (9 mai 2001)   sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes qui se poursuit dans une direction amorcée par la loi Roudy du 13 juillet 1983.

C’est aussi un autre  visage de la femme qui se révèle. Elle n’est plus dans le silence et sous le voile  de l’Histoire comme le dit Michelle PERROT, elle en est pleinement « acteur ».

Si je devais écrire une lettre ouverte à  ma petite fille, je lui rappellerais ce cheminement. Tout lui paraît aujourd’hui facile, évident. Et portant, toute évolution peut connaître des mouvements de balancier. Demain peut se révéler moins généreux à l’égard des femmes que ne le furent hier et comme l'est aujourd’hui si nous ne nous en sentons pas responsables.

Fêtons cette journée spéciale pour les femmes, pour se souvenir, pour prendre conscience, prendre position et s’engager,  pas seulement  pour soi, mais pour tous ceux et toutes celles qui n’ont pas encore le bonheur de vivre notre  liberté.