Faut il se réjouir de cette
journée spéciale ou ressentir comme une gêne de voir la Femme fêtée, à part, alors qu’en France, elle œuvre à égalité ( ou presque ) tout au long de l’année avec son
« compagnon » dans les grandes et petites responsabilités de la
vie ?
C’est une bonne question
que les avancées de la condition féminine en occident nous invitent à
poser. Mais c’est aussi une
question qui nous invite à nous pencher sur le passé de la condition féminine
et le silence qui y était attaché.
L’Histoire est une bonne
« maîtresse de vie ».
Michelle PERROT * dans son ouvrage « Mon histoire
des femmes » raconte ainsi son parcours d’historienne de la
femme. « Une histoire « sans les femmes » semble impossible. Pourtant,
elle n’a pas toujours existé. Du moins au sens collectif du terme : pas
seulement des biographies, des vies de femmes, mais les femmes dans leur
ensemble, et dans la longue durée. Elle est relativement récente,
en gros, elle a trente ans. Pourquoi cela ?
Pourquoi ce silence ? Et comment s’est-il
dissipé ? (…)

La France se reconstruisait, ses ruines écrivaient l'espérance et gardaient dans le silence du coeur la dure leçon de la guerre.
J'avais cinq ans, des petites chaussettes tricotées à la maison et mon petit chien, au poil raide et de grande bâtardise, faisait ma joie.
Bien sûr le Code Civil en faisait, alors, toujours une mineure incapable, sous la
responsabilité du mari, ne pouvant disposer librement des biens de la
communauté, mais lui reconnaissait
depuis 1907 de pouvoir disposer de son salaire et en 1938 de contracter ou agir en justice sans autorisation maritale.
Cette année ma mère aurait eu 100 ans. Entre ses 32 ans où avec une indicible
fierté elle a voté pour la
première fois et aujourd’hui se sont
produits en France la plus
formidable émancipation des femmes et les plus grands bouleversements du droit
de la famille que l’histoire ait enregistrés.
Si on y regarde bien ce sont aussi de très grands combats réussis dans la
lutte contre les discriminations sexistes et sexuelles.
De
l’évolution du droit de la famille,
à la révision
constitutionnelle du 8 Juillet
1999 qui ajoute à l’article 3 de la Constitution de 1958 la disposition
suivante « la loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux
mandats électoraux et aux fonctions électives » et prévoit que les partis
doivent « contribuer à la mise en œuvre de ce principe », c’est tout
un train de lois qui transforme le paysage politique et social du pays :
·
la loi (6 juin 2000)
sur la parité en politique qui module l’aide publique aux partis politiques en
fonction de leur respect de l’application de la parité pour la présentation des
candidats aux élections et
·
: la loi Génisson (9 mai 2001) sur l’égalité professionnelle
entre les femmes et les hommes qui se poursuit dans une direction amorcée par
la loi Roudy du 13 juillet 1983.
C’est aussi un autre visage de la femme qui se révèle. Elle
n’est plus dans le silence et sous le voile de l’Histoire comme le dit Michelle PERROT, elle en est
pleinement « acteur ».
Si je devais écrire une lettre ouverte
à ma petite fille, je lui
rappellerais ce cheminement. Tout lui paraît aujourd’hui facile, évident. Et
portant, toute évolution peut connaître des mouvements de balancier. Demain
peut se révéler moins généreux à l’égard des femmes que ne le furent hier et
comme l'est aujourd’hui si nous ne nous en sentons pas responsables.
Fêtons cette journée spéciale pour les
femmes, pour se souvenir, pour prendre conscience, prendre position et
s’engager, pas seulement pour soi, mais pour tous ceux et toutes
celles qui n’ont pas encore le bonheur de vivre notre liberté.